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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Reliquien de Jacques Lenot

 Reliquien Lenot

  • Jacques Lenot : Reliquien
  • Raphaël Duchateau, trompette, Julien Blanc, piano
  • 1 CD L'Oiseau prophète : 004 (www.jacqueslenot.net)
  • Durée du CD : 49 min 40 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)
    www.jacqueslenot.net

Voici un nouvel exemple de la virtuosité instrumentale au cœur du parcours artistique du compositeur atypique Jacques Lenot : l'alliance de la trompette et du piano, cette fois, dans une partition singulière qui mérite une écoute attentive.

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Reliquien de Jacques Lenot (*1945) est un recueil de 48 déclinaisons, regroupées en trois parties enchaînées de seize chacune. Il le décrit comme "un arrêt sur image", né de la stupeur produite par la vision d'une installation vidéo, au Musée du Chiado de Lisbonne, sur le camp de Terezin, "où seules quelques brindilles d'herbe tremblotent sous un léger vent au milieu de ce qu'il reste du camp". L'œuvre est conçue en écho à la citation du poète cubain José Lezama Lima "on dirait que nous caressons un souvenir qui s'évanouit et revient sous forme d'une pierre qui cèle ce souvenir même". Elle a aussi pour origine la volonté d'écrire de nouveau pour le trompettiste Raphaël Duchateau.

La trompette occupe en effet une place récurrente dans l'œuvre de Lenot. Elle a déjà été mise en avant notamment dans "D'autres murmures" pour trompette et grand orchestre, écrit pour le festival genevois, en octobre 2013, destiné à commémorer le 250ème anniversaire de la naissance de Richard Wagner. Puis dans " Et il regardait le vent ", où l'instrument se joint au quatuor à cordes (2015). Cette fois, la trompette est confrontée au seul piano pour un dialogue d'une rare concision. Une succession de très courtes séquences enchaînées sur des modes différents : des notes éparses de la trompette pianissimo qui vont s'amplifiant, ou lancées forte, des murmures tremblants du piano sur des tenues de la trompette, une ébauche de thème de celle-ci sur un grondement du clavier dans le grave, des soliloques étranges, des bribes de discours parfois par une répétition obsessionnelle de quelques notes. Tout cela produit une impression de quelque chose d'étouffant. C'est une conception singulière de la musique de chambre que pratique Lenot, réduite à la quintessence, exigeant perspicacité, sinon patience, de la part de l'auditeur mis aux prises avec un cheminement ésotérique pour qui n'est pas habitué à son langage très original. Mais Lenot n'a jamais cherché à satisfaire le goût de la facilité dans sa musique. Encore plus intéressante que la rencontre avec l'aigu percutant de la trompette, se révèle celle de sa sonorité plus feutrée lorsqu’utilisée bouchée, presque proche de la voix humaine, à la limite du chuchotement, en tout cas dans le registre intime et recueilli de la tristesse née de l'évocation de souvenirs douloureux.

Dire que Raphaël Duchateau, le dédicataire de l'œuvre, est l'homme de la situation est peu. Car l'adhésion au dire du compositeur est manifeste pour rendre justice à son écriture complexe et extrêmement pointilleuse dans la recherche de la nuance infinitésimale, la précision chirurgicale de l'attaque, le respect méticuleux du rythme. Mais n'est-il pas familier de ce langage. La partie de piano est également assumée avec brio par Julien Blanc qui fut de la classe de Michel Beroff au CNSMP. 

L'enregistrement, au Studio Sequenza de Montreuil, est immédiat et intimiste, dans l'état d'esprit de ces pièces. 

Texte de Jean-Pierre Robert

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