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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Les 3 sonates pour piano et violon de Schubert

Schubert Violin Sonatas

  • Franz Schubert : Sonates pour piano et violon D. 384, en ré majeur, D. 385, en la mineur, & D. 408, en si mineur
  • Variations sur un thème de Hüttenbrenner en la mineur, D. 576
  • Stéphanie Paulet, violon, Daniel Isoir, piano
  • 1 CD Muso : MU-029 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 68 min 15 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Dans la production de musique de chambre de Schubert, le genre de la sonate pour piano et violon fait presque figure d'exception. À part deux pièces tardives, il n'aura été honoré, en 1816, que de trois sonates. Elles sont interprétées dans ce CD bienvenu par deux musiciens qui ont fait leurs preuves de chambristes émérites.

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Les trois ''sonates pour le pianoforte avec accompagnement de piano'', écrites par un jeune musicien de 19 ans, et qui ne seront publiées que posthume, en 1836 par l'éditeur Diabelli, forment un tout. Si elles se situent dans le sillage de Mozart, elles portent bien la patte de leur auteur, et n'ont rien de facile comme peut le laisser penser l'appellation de sonatines qui leur a été accolée. La référence à Mozart n'est nullement de l'ordre du décalque, mais ressortit à une inspiration. On a dit que Schubert ''romantise'' la sonate mozartienne. Le dialogue entre les deux voix est simple, moins élaboré que chez Beethoven. L'écriture pour le violon est intéressante et ne se limite pas à un rôle de dépendance par rapport au piano. La Sonate D. 384, en ré majeur, en trois mouvements, s'ouvre par un allegro molto d'une belle concision, car à une brève introduction répond un développement pas moins court, les deux voix étant souvent traitées à l'unisson. À l'andante, les deux instruments se voient offrir une ébauche de dialogue, mais un peu à l'ancienne, non de manière antagonique comme dans les sonates contemporaines de Beethoven. Le rondo final Vivace est brillant et clair, bien dans l'esprit de l'auteur de Rosamunde. La Sonate D. 385, en la mineur, est déjà plus élaborée. Au fil de ses quatre mouvements, elle affirme mieux la partie de violon. L'allegro moderato, d'une belle ampleur, introduit une tension dès les premières mesures confiées au seul piano, qui se poursuit avec l'entrée du violon et tout au long d'un mouvement à l'écriture différentiée : emportements, sauts d'intervalles, mais aussi un intéressant continuum que produit le chant du violon sur les répétitions de notes du clavier, procédé que Schubert utilisera souvent. L'andante s'épanche par un beau thème apaisé, comme un Lied. Le Menuetto, décidé, fait une jolie transition avec le finale où le violon mène les opérations dans un tempo, mêlant un premier thème mélodique et un second plus tranché rythmiquement, qui semble prendre le pas.

La Sonate D. 408, en sol mineur, offre un équilibre plus affirmé entre violon et piano. Elle marque la dette du musicien envers l'adoré Mozart et cette tonalité qui lui est si chère. Son caractère passionné éclate dès l'Allegro giusto : après une batterie d'accords décidés, le thème apparaît, bien chantant, au piano puis au violon, où l'on décèle comme quelque réécriture d'un Lied. Il sera travaillé avec éclat dans un rythme assuré. L'andante affiche une belle simplicité dans sa cantilène d'esprit si schubertien : expressive et lyrique. Le développement a la grâce des premières œuvres du compositeur. Le Menuetto fait office de scherzo, mené énergiquement par le violon. Le deuxième thème forme le trio, d'une allure plus coulante, toujours confié au violon. Un allegro moderato conclut dans la veine populaire, de nouveau sur un rythme soutenu. Une belle fusion unit les deux instruments jusqu'à une coda glorieuse. On a ajouté à ces trois pièces un set de variations pour piano : les 13 Variations sur un thème d'Anselme Hüttenbrenner, musicien ami de Schubert pour lequel il les écrit en 1817. Le thème est emprunté à l'andante du quatuor à cordes op. 3 d'Hüttenbrenner. Si on est loin de la maestria de sonates pour piano, il y a là un travail intéressant, exploitant bien des procédés schubertiens, comme l'exploration des divers registres du piano, l'écriture en canon, le recours aux notes répétées. Les variations sont brèves, ne s'éloignant pas beaucoup du thème. Loin d'un pur exercice de style, ces morceaux renouvellent le genre. 

Fin musicien, Daniel Isoir les joue avec le souci de leur fluidité, leur prodiguant sa belle vélocité, à la main droite en particulier. Il les détache bien les unes des autres. Dans les trois sonates il fait équipe avec Stéphanie Paulet, premier violon d'Insula Orchestra, l'orchestre que dirige Laurence Equilbey. On admire la fusion entre les deux partenaires, fins chambristes l'un et l'autre. L'intérêt de ce CD est aussi d'offrir une exécution sur instruments anciens : un piano de Schott, de 1835, un violon de David Tecchler de 1737. Passé l'effet de surprise à nos oreilles trop habituées au Steinway et autre Bösendorfer, ou à des sonorités violonistiques hyper brillantes, on est happé par le son rond et chaud, même si un peu sec, du piano joué par Daniel Isoir, et celui du violon délicat de Stéphanie Paulet, lui aussi naturel et d'un joli mat. Ils s'unissent en tout cas avec un rare bonheur de jouer.

Car ils sont excellemment enregistrés, dans l'auditorium de la Cité de la Musique et de la Danse de Soissons, de manière à la fois immédiate et aérée, la captation assurant une quasi idéale fusion.

Texte de Jean-Pierre Robert

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