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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : ''Come Sorrow'', un florilège de musique élisabéthaine

Robert Jones Come Sorrow

  • Robert Jones : The Second Booke of Songs or Ayres (extraits)
  • John Dowland : The Second Booke of Songs or Ayres (extraits). The Frog Gaillard
  • Tobias Hume : The First Part of Ayres (extraits)
  • Alfonso Ferrabosco II : Lessons for 1, 2 and 3 viols
  • Ensemble Près de votre oreille : Anaïs Bertrand (mezzo soprane), Nicolas Brooymans (basse), Thibaut Roussel (Luth renaissance), Robin Pharo (viole de gambe et direction)
  • 1 CD Paraty : PARATY 138245 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 79 min 35 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5) 

Ce disque concrétise un intéressant projet à la gloire de la musique élisabéthaine anglaise, organisé autour de Robert Jones et de ses pièces composées pour deux voix et deux parties instrumentales. Elles sont entourées de compositions écrites par plusieurs de ses contemporains plus célèbres, Dowland ou Hume. L'interprétation en est confiée à un jeune ensemble de talent, dont le seul nom est gage d'une écoute attentive.

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La musique anglaise du XVIème est riche d'œuvres écrites pour le luth, mais aussi pour la viole de gambe, un instrument qui allait tenter de supplanter la suprématie de celui-ci. Le gambiste Robin Pharo a eu l'idée de rechercher des pièces qui puissent être jouées sur son instrument. Car la gambe peut se révéler « très adroite pour présenter plusieurs voix en même temps », explique-t-il, et peut-être être utilisée comme un instrument polyphonique, ne se limitant plus à son rôle monodique de renforcement de la partie de basse. Ainsi des pièces de Tobias Hume (c.1569/79-1645) comme ''A Souldiers Galliard'' ou ''A Pavin'', magistralement évocatrices de ces nouvelles possibilités techniques et expressives. John Dowland a aussi écrit pour l'ancêtre de la gambe, la lyra-viol, qu'il associe au luth dans une pièce comme ''The Frog Galliard''. Dans l'air ''Dowland's adew from Master Oliver Cromwell'', tiré de The Second Booke of Songs and Ayres (1600), les deux voix s'unissent pour un hymne mélancolique à l'aune de l'hommage rendu au grand homme politique. Un autre musicien a largement contribué à populariser le jeu sur la lyra-viol : Alfonso Ferrabosco II (c. 1575-1628), célèbre violiste italien, en utilisant des systèmes d'accords différents, appelés scordatura. Ainsi dans ses Lessons for 1, 2 and 3 viols qu'il publie à Londres en 1609. Trois de celles-ci sont jouées ici : ''Almain III'', allemande expressive, ''Galliard II'', et ''Coranto IV'', courante engagée. 

Le cœur du disque est constitué de pièces vocales de Robert Jones (c.1577-1617), luthiste qui a laissé des pages d'une grande richesse, souvent sur le versant mélancolique. Ce sont des morceaux à quatre parties, 2 vocales, 2 instrumentales, faites de plusieurs strophes différentes dans le tempo et l'intensité. Ainsi des pièces choisies par Robin Pharo, extraites du Second Booke of Songs and Ayres (1600), comme ''Come Sorrow'' ou ''Love wing'd my hopes'', sortes de méditations, ou de morceaux d'un ton plus lyrique tels '' Fie Fie'' ou ''Now what is love'', joli spécimen d'amour courtois. Les chants peuvent s'avérer plus humoristiques, comme ''Love's God is a boy'' et son envoi enjoué sur les mots ''Little boy, pretty knave'' (petit garçon, joli fripon). Ce schéma à quatre parties est encore illustré par Hume dans l'air ''Alas poor man'', où se développe un chant désabusé, déploration de la soprano sur un accompagnement discret, presque raréfié du luth, au long de plusieurs strophes où les phrases sont répétées à l'identique. Le refrain les ponctue, empreint d'une grande résignation. Puis tout cela est relayé par la basse. On trouve aussi des chants mettant en lice uniquement deux parties : soprano et gambe dans ''What greater grief'' ou basse et gambe (''The Souldiers Song''). La basse se voit encore attribuer l'air ''Tobacco'' ou les louanges d'un produit miracle car ''le tabac, c'est comme l'amour, Il faut l'aimer''. C'est une pièce de Dowland qui conclut le récital, ''Flow my teares'', un lamento presque glorieux dans ses harmonies claires des deux voix chantées. 

Elles sont parfaitement à l'aise dans cet idiome britannique. La soprano Anaïs Bertrand est d'une belle pureté d'élocution et la basse de Nicolas Brooymans possède un grain légèrement rocailleux, idoine ici. Les deux instrumentistes sont à l'unisson de leurs collègues : le luth éloquent de Thibaut Roussel et la viole de gambe expressive de Robin Pharo, initiateur et coordinateur du projet. Leurs instruments ont spécialement été recréés pour l'occasion par deux facteurs français.

La prise de son, dans le théâtre élisabéthain du Château d'Hardelot, en Pas de Calais, offre une image très présente, confidente dirait-on utilisant une formule ''franglaise'', car la structure tout en bois et son acoustique chaude mettent les quatre musiciens bien en valeur. 

Texte de Jean-Pierre Robert

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Disponible sur Amazon en CD et MP3



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