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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Les concerts royaux de Couperin par Les Talens Lyriques

Couperin Concerts Royaux

  • François Couperin : Concert royaux
  • Le Talens Lyriques : Stéphanie-Marie Degand (violon), Georges Barthel (flûte), Patrick Beaugiraud (hautbois), Atsushi Sakaï (viole de gambe)
  • Christophe Rousset, clavecin et direction
  • 1 CD Aparté : AP196 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 62 min 12 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

Premier des quelques cycles de musique de chambre laissés par François Couperin, les Concerts royaux se voient offrir une interprétation superbement réalisée et jouée par Christophe Rousset et quelques-uns des musiciens de ses Talens Lyriques. Une exécution où la fantaisie et la verve habitent des pièces pourtant faites de retenue et d'élégance française. Qu'un esprit cartésien a tant de plaisir à écouter. 

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Les Concerts royaux sont un ensemble de quatre suites de clavecin avec basse continue chiffrée, outre quelques ornementations accordées au violon, à la flûte traversière, à la viole ou au hautbois. De ces pièces, publiées en 1722, Couperin dira dans sa préface : « Je les avois faites pour les petits Concerts de chambre où Loüis quatorze me faisoit venir presque tous les dimanches de l'année ». Pour ce monarque très éclairé de la chose musicale, il enrichira en effet la partie de clavecin d'une instrumentation dont il laisse en fait aux interprètes le choix du dispositif. Christophe Rousset fait appel à un quatuor composé du violon, de la viole de gambe, de la flûte et du hautbois. Pour une manière qui se refusant à la brillance virtuose, entend respecter l'esprit de retenue inhérent à cette musique, qui frôle bien souvent la mélancolie. Chacun des quatre concerts présente ses particularités, même si le schéma est bien sûr celui de la suite française en sept parties. Le ''Premier concert'', qui n'en comprend que six, la Courante étant omise, offre un aspect un peu convenu. On y remarque la cantilène du hautbois dans la Sarabande, un instrument qui sera tout aussi important dans la Gigue, et le duo violon et flûte dans la Gavotte. Il se conclut par un délicat Menuet en trio. Le ''Deuxième concert'', passé le Prélude, ''Gracieusement'', d'une beauté rayonnante dans le dialogue flûte-violon, adopte un ton badin que ce soit dans les parties rapide (Allemande fuguée) ou lente (Air tendre et son quasi solo de flûte), laquelle orne encore l'Air contrefugué. La dernière partie, ''Échos, Tendrement'', parachève une pièce raffinée.

Le ''Troisième concert'' introduit une écriture plus généreuse, plus ornementée aussi, en même temps lumineuse. Ce qui est apparaît dans le Prélude et l'Allemande avec son solo de flûte, ou encore la Courante, où domine le hautbois. La pièce atteint son apogée avec la Sarabande, Grave, d'une grande noblesse de ton, notamment du violon, relayé par la gambe. Les deux instrumentistes jouent avec un vibrato accentué, tremblant, renforçant le sentiment de mélancolie. Gavotte, Musette et Chaconne poursuivent sur un ton plus sobre. On note de beaux alliages instrumentaux dans la présente exécution : hautbois puis flûte et gambe, dans la Musette, à l'appui d'une rythmique légèrement appuyée. La Chaconne est ravissante dans son emballement. Le ''Quatrième concert'' est peut-être le plus séduisant dans l'équilibre des voix et le pouvoir suggestif : un Prélude languissant, une Allemande exquise dans sa simple manière exposée au hautbois, les deux Courantes, l'une ''à la française'', ''Galamment'', foisonnant d'ornements, façon typique de l'époque, l'autre ''à l'italienne'', contrastant, car plus limpide et colorée. La Sarabande est d'une mélancolie assumée, en même temps non pesante. Le fier Rigaudon, danse d'origine provençale, offre un rythme léger et joliment marqué. Enfin la Forlane en rondeau, ''Gaiement'', est d'une vraie grâce, signant toute l'inventivité de Couperin.

Cette inventivité, on la retrouve dans la réalisation instrumentale de Christophe Rousset qui utilise toutes les ressources de ce qui est ici un quintette, en particulier des deux vents. La sobriété du trait rejoint la recherche de la couleur, une manière d'alchimie sonore souvent irrésistible dans les diverses combinaisons instrumentales. Ce travail rigoureux de recréation, les éminentes qualités de jeu de musiciens de haut vol le transfigurent : Stéphanie-Marie Degand (violon), Atsushi Sakaï (gambe), Georges Barthel (flûte) et Patrick Beaugiraud (hautbois). Et bien sûr Rousset à son cher clavecin. Les sonorités sont chatoyantes et on écoute ces pages ''Amoureusement''.

L'enregistrement, dans une église à Paris, en 2015, offre une image très immédiate : une acoustique feutrée, comme dans un salon de musique. Le clavecin est discret comparé à ses partenaires des vents. 

Texte de Jean-Pierre Robert

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