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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Quelques Lieder de Schubert orchestrés et une ''Inachevée''... achevée

Florian Boesch Schubert

  • Franz Schubert : Symphonie N° 7 D 759 ''Inachevée'', complétée d'un scherzo et d'un finale
  • Lieder orchestrés par Johannes Brahms et Anton Webern
  • Florian Boesch, baryton basse
  • Concentus Musicus Wien, dir. Stefan Gottfried
  • 1 CD Alpha : Alpha 189 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 66 min 24 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise (4/5) 

Ce disque présente une poignée de Lieder de Schubert dans les orchestrations de Brahms et de Webern. Et une reconstruction de la symphonie ''Inachevée'', dont les deux mouvements sont complétés d'un scherzo reconstitué d'après les esquisses du musicien, et d'un finale, emprunté à la musique de scène de Rosamunde.

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L'attrait des Lieder de Schubert orchestrés continue de s'exercer. Après les interprétations du baryton Thomas Quasthoff/Abbado et plus récemment du ténor Stanislas de Barbeyrac/Equilbey, voici une nouvelle lecture due au baryton Florian Boesch. Il a choisi une sélection de pièces dans des orchestrations de Brahms et de Webern. C'est, certes, une expérience auditive renouvelée que d'entendre ces Lieder enveloppés d'une gangue orchestrale. Encore que la manière de chacun des deux compositeurs diffère. Là où Brahms écrit pour un chanteur précis, un de ses amis, et donc pour être joué en concert, Webern ne vise pas l'expérience publique, mais retient une démarche exclusivement artistique : des pièces de jeunesse, qui pourtant apportent à la partie de piano une richesse certaine dans des combinaisons de timbres particulièrement raffinées. Ainsi en est-il du Lied ''Du bit die Ruh'' D 776 (Tu es le repos), sur un poème de Rückert. Les autres morceaux donnés ici sont ''Tränenregen'' (Pluie de larmes), extrait de La Belle Meunière, ''Der Wegweise'' (Le poteau indicateur), tiré du Voyage d'hiver, l'un et l'autre sur des textes de Müller, et ''Ihr Bild'' (Son image), emprunté au Chant du cygne. Orchestrés par Brahms, ce sont : ''Memnon'' D 541, sur le poème de Mayhofer, ''Geheimes'' (Secret) D 719, de Goethe, et ''Guppe aus dem Tartarus'' (Le groupe surgi du Tartare) D 583, de Schiller. Florian Boesch les chante avec une belle voix de baryton claire et bien timbrée, qui n'évite pas quelque pression dans l'aigu.

Achever l''Inachevée'', voilà un chalenge assurément. La présente interprétation présente donc un 3ème mouvement, Scherzo allegro, dû à la plume de Nicola Samale et de Benjamin-Gunnar Cohrs, d'après les esquisses laissées par Schubert. Passé l'effet de surprise en termes de rythme et de changement de climat, auquel on ne s'attendait pas, voilà une ''suite'' qui ne manque pas d'originalité et de mordant dans une manière dansée. On remarque les jolis traits de la petite harmonie dont le hautbois. Le trio, également mené par le hautbois, tranche parfaitement dans une autre rythmique, mais complémentaire. On n'en dira pas autant du finale Allegro moderato. Il est emprunté à la musique de scène pour Rosamunde D 797, et singulièrement à l'entr'acte N° 1. On justifie ce choix par la simultanéité de dates de composition, et le fait que le morceau peut s'apparenter à la tonalité de la symphonie. Très dramatique, il en convient, certes, à l'esprit. Même s'il développe un discours en soi, et non destiné à s'insérer dans autre chose. Alors qu'il est traversé d'une succession de figures répétitives pas toujours d'un intérêt soutenu, la saccade d'accords solennels et une scansion très marquée ne parviennent pas à convaincre de la pertinence de cette conclusion, non plus que de l'exécution qui en est donnée. 

Le reste, savoir les deux ''vrais'' mouvements, ne le font pas davantage. Du fait de la direction erratique de Stefan Gottfried. L'Allegro moderato est pris très allant avec même une pointe de brusquerie et des accents curieusement placés, notamment les grands accords dramatisés, assénés, et des ralentissements quelque peu ''calculés''. Le 2ème sujet conduit à pareil questionnement. La coda vient mieux. L'Andante con moto suit un tempo juste, le 2ème thème s'enchaînant normalement. Le 3ème enluminé par la clarinette, que relaie le hautbois, est rêveur et d'un fin lyrisme. Le ''forte'' qui suit apporte cependant un dramatisme appuyé, telle une marche, d'une puissance démesurée. La coda termine mieux. Comme il en était du Ier mouvement. Manque de fluidité et impression de lourdeur, malgré un orchestre irréprochable, caractérisent finalement une interprétation déconcertante. Et une reconstruction problématique. 

La prise de son, dans la Grande salle dorée du Musikverein de Vienne, joue à fond de son acoustique ouverte et favorise une image sonore très ample : plus large que vraie de la formation peu nombreuse qu'est le Concentus Musicus Wien.

Texte de Jean-Pierre Robert

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