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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Les Sonates pour violoncelle et basse continue de Vivaldi

Vivaldi Sonates pour violoncelle

  • Antonio Vivaldi : Six Sonates pour violoncelle et basse continue : N°1, RV 47, N°2, RV 41, N°3, RV 43, N° 4, RV45, N° 5, RV 40 & N°6, RV 46
  • Jean-Guihen Queyras, violoncelle
  • Michael Behringer, clavecin, orgue
  • Lee Santana, luth
  • Christoph Dangel, violoncelle
  • 1 CD Harmonia Mundi : HMM 902278 : (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 71 min 11 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

Ces œuvres de Vivaldi ont connu une histoire digne d'un roman d'espionnage. Le manuscrit des Sonates pour violoncelle et basse continue se voit publier à Paris en 1740. Il se trouve qu'il s'agit d'une copie, effectuée par un certain « Scribe 9 », de pièces composées à Venise entre 1725 et 1726... Elles ont été écrites de manière autonome, et non conçues comme un tout, ce que peut laisser à penser leur présentation sur le présent disque. Qu'importe ! Car voilà bien une succession de morceaux d'un haut intérêt que Jean-Guihen Queyras éclaire par sa pénétrante interprétation.

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Les six pièces sont construites selon une coupe en quatre mouvements, lent-vif-lent-vif. Et sur le modèle de la sonate d'église telle qu'initiée par Corelli. L'écriture pour le violoncelle est différente de celle des concertos de cello (que Queyras a déjà enregistrés chez Harmonia Mundi : HMM 902095), la plupart du temps minimaliste, ce qui n'exclut pas l'exubérance. Et témoigne de la science manifeste de Vivaldi pour travailler sur cet instrument, moins habituel chez lui que le violon. C'est un peu aussi un espace de recherche chez le compositeur et on doit, comme Queyras, reconnaître la « force évocatrice de cette musique », qui selon lui, conduit parfois à une expérience presque sensorielle. Les mouvements sont généralement basés sur des motifs de danse. Ainsi de la Sonate N°1, RV 47, toute d'élégance chorégraphique, dont le continuo comporte ici l'orgue positif. Les séquences lentes sont sages et intimes, bien chantantes. La Sonate N° 2 RV 41 se signale par son second mouvement tragi-comique, selon Queyras, telle une charge. Ceux conçus sur le mode lent distillent une belle réflexion empreinte de mélancolie. Le finale emprunte à une danse quelque peu ''secouée''. La plus développée de la série, la Sonate N°3 RV 43, avec accompagnement de clavecin dans la basse continue, montre une sorte de furie. Il y a en effet quelque chose de déclamé dans le geste du cello au largo initial, qui contraste avec l'extrême rythmique de l'allegro suivant, vigoureusement scandé sous les doigts de Jean-Guihen Queyras. Le 2ème largo développe une cantilène quasi opératique.

La Quatrième Sonate RV 45, avec orgue positif, est très différentiée dans ses sections lentes et rapides, ces dernières pleines d'esprit, en particulier au finale, tandis que les deux largos sont de nouveau fort chantants. À la Sonate N° 5 RV 40, dont les premières notes sont « immédiates et irrésistibles », selon Queyras, le contraste est de nouveau manifeste, même si le lyrisme domine. Enfin, la Sonate N° 6 RV 46 montre une facette plus cocasse. Le cello joue souvent à l'unisson avec le continuo dont l'orgue, au largo initial dans une superbe mélodie. Le discours se fait plus agile avec des traits ''tourbillonnants'' à l'allegro suivant. Le 2ème largo renchérit en caractère élégiaque. L'allegro final conclut avec un zest certain mettant en valeur toute la verve du celliste.

Outre le choix pertinent du continuo (clavecin ou orgue, théorbe et violoncelle), Jean-Guihen Queyras fait montre d'une empathie évidente pour ces pièces. Dans lesquelles il voit de la mélancolie et du clair-obscur. Les chaudes couleurs de son instrument, un violoncelle anonyme milanais de 1690, autorise une sonorité généreuse. On est loin de la pure virtuosité vivaldienne à laquelle bien des interprétations nous ont habitué : un discours mesuré et profond. Capté par un enregistrement d'une grande immédiateté, soulignant le relief du violoncelle et la limpidité du continuo.

Texte de Jean-Pierre Robert

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