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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Concert : le pianiste Jean-Philippe Collard en récital à la Salle Gaveau

 Jean Philippe Collard

Le pianiste Jean-Philippe Collard invite le public de la Salle Gaveau à un voyage passionnant au cœur du répertoire pianistique symbolisant avec éclat l’Âme russe.

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La Doumka op.59 de Tchaïkovski qui débutait ce concert du pianiste Jean-Philippe Collard nous rappelle utilement que bien que très grand orchestrateur (ses ballets et surtout ses six symphonies sont là pour le rappeler), il laisse également dans le domaine du piano seul une œuvre non négligeable tant par la qualité que par le nombre. Car non seulement Tchaïkovski nous lègue une Grande Sonate op.37a, mais également toujours pour piano seul, Les Saisons op.37 b, ainsi qu’une Sonate No1 en ut dièse mineur et de nombreuses pièces pour piano (Scherzos, Album pour enfants etc…). Pour en revenir à cette Doumka op.59 qui ouvrait le récital de Jean-Philippe Collard, sa composition daterait de 1885, ce qui indiquerait qu’elle est contemporaine d’une œuvre symphonique sulfureuse, grandiose : Manfred. Tout comme dans sa Quatrième Symphonie en fa mineur, dans cette Doumka, Tchaïkovski mêle deux éléments contradictoires qui sont presque une constante dans son œuvre : la nostalgie la plus poignante et une joie délirante, presque explosive. Rachmaninov et plus précisément les Moments musicaux op.16 figuraient ensuite dans ce récital de piano reflétant l’Âme russe dans toute sa complexité et sa richesse. Vraisemblablement composées vers 1900, ces Variations op.16 précéderaient la Suite No1 pour piano op.17 datant, elle, de 1901. Bien que subissant encore une certaine influence du romantisme germanique, en particulier celui de Schumann et aussi celui de Liszt, on reste avant tout frappé par la hardiesse harmonique mise en jeu par un compositeur encore fort jeune, proche peut-être de celle d’un Scriabine. La deuxième partie du récital de Jean-Philippe Collard était entièrement consacrée à une pièce maîtresse, quasiment fondatrice du répertoire russe pour piano : les Tableaux d’une exposition de Mousssorgski. Cette œuvre fut en fait composée par Moussorgski en hommage à la disparition brutale d’un de ses amis, l’architecte Victor Hartmann et traduisait en musique l’exposition que Vladimir Stassov avait organisée en l’honneur des dessins, aquarelles et dessins architecturaux de cet ami après sa soudaine disparition. Dans cette œuvre impressionnante par sa durée (plus d’une demi-heure !), Moussorgski s’inspire non seulement de scènes à la fois rustiques (Bydlo) ou enjouées et légères (Ballet des poussins dans leurs coques, Le marché de Limoges). Mais un autre élément figure aussi en bonne place dans cette œuvre pour piano : le fantastique représenté ici par La Cabane sur des pattes de poule qui évoque un grand pourvoyeur d’histoires fantastiques russes : Nicolas Gogol, auteur d’un terrifiant conte fantastique intitulé Vyi, paru en 1835. Ces Tableaux d’une exposition se terminent d’une façon grandiose par la Grande Porte de Kiev évoquée par une apothéose de cloches sonnant à toute volée.

L’interprétation de ces trois grands compositeurs russes par Jean-Philippe Collard stupéfie par sa sensibilité, se mettant aussi bien au diapason de la fragilité romantique de Tchaïkovski que de l’étonnante modernité décelée chez Rachmaninov et exaltant sans emphase la splendeur des Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Généreux, après les nombreux rappels du public, Jean-Philippe Collard offre deux superbes bis : un extrait des Saisons de Tchaïkovski et un Nocturne de Scriabine.

Une immersion réussie au cœur de la création pianistique de trois grands noms de la musique russe : Tchaïkovski, Rachmaninov et Moussorgski.

Texte de Michel Jakubowicz

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Salle Gaveau

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