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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Quintettes à vents de Ligeti, Nielsen et Dvořák par l'Ensemble Ouranos

 Ensemble Ouranos Quintettes a vent

  • György Ligeti : Six Bagatelles
  • Carl Nielsen : Kvintet op. 43
  • Anton Dvořák : Quatuor à cordes N° 12 op. 96 « Américain », transcription pour quintette à vents de David Walter
  • Ensemble Ouranos
  • 1 CD NoMadMusic : NMM056 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 61 min 55 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5) 

Voilà bien un cas à part : la formation de quintette à vents (flûte, hautbois, clarinette, basson et cor). Si elle n'a pas engendré beaucoup de compositions spécifiques, les deux présentées ici, de Ligeti et de Nielsen, sont représentatives de ce répertoire. Tout comme la transcription du Quatuor à cordes ''Américain'' de Dvořák. Un fil conducteur les relie : la notion de folklore ou l'exaltation du sentiment national. Les jeunes de l'Ensemble Ouranos en livrent des exécutions pleines de vie et de couleurs. Un bien joli disque, pour se changer un peu les oreilles.

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Les Six Bagatelles sont une adaptation par Gyorgy Ligeti pour ensemble à vents de plusieurs mouvements de sa Musica Ricertata, écrite à l'origine pour le piano. Datant de 1953, l'œuvre laisse percevoir l'influence aussi bien de Bartók que de Stravinsky. Les six morceaux offrent une écriture sur les timbres et sur le rythme, à chaque fois différents. Ligeti y développe un jeu de combinaisons entre les timbres des cinq instruments d'une étonnante variété. L''Allegro con spirito'' débute la série comme une sorte de plaisanterie musicale, pleine de verve motorique. Le ''Lamentoso'', la section la plus développée, montre combien est savant le travail sur les timbres. L''Allegro grazioso'' se signale par la cantilène de la flûte sur un tissu de gammes cocasses des quatre autres instruments. Le ''Presto ruvido'' où domine le cor, est stravinskien dans sa détermination. La flûte est mise en avant à l''adagio Mesto'', morceau d'une profondeur abyssale. Et tout se résume dans un ''Capriccioso'', de nouveau sous la bannière de Stravinsky avec une belle dose d'humour. La précision diabolique et l'énergie de tous les instants n'ôtent pas la simplicité et « le bouillonnement quasi organique qui traverse l'œuvre de part en part ». Autre pièce écrite pour cette formation, le Quintette op.43 de Carl Nielsen (1865-1931) manifeste l'amour du compositeur danois pour les vents, combien mis en valeur dans ses symphonies. Créée en 1922, l'œuvre est un hymne à la nature et aux êtres qui la composent, les animaux en particulier. De facture classique en trois mouvements, elle offre une richesse mélodique et une belle vitalité dans ses harmonies. La palette des 5 instruments est utilisée avec originalité exploitant les extrêmes aigus et graves de chacun, comme à l'allegro initial, où l'on entend des bruits de caquetages au hautbois, à la flûte et au basson. La fluidité du récit en traduit aussi l'humour tendre. Le Menuet médian poursuit sur un sentiment d'équanimité au fil de combinaisons instrumentales se renouvelant constamment. Le finale est constitué d'abord d'un ''Praeludium'' dispensant des instants de gravité dont se détache le chant de la flûte puis de la clarinette. Le ''Tema con variazioni'' qui suit tricote un joli thème : les variations rapides sont amusantes, et dans les plus lentes, on trouve des passages cocasses dont une clarinette s'échappant dans de stratosphériques aigus, et plus loin un solo de cor.

Le disque propose aussi une transcription pour quintette à vents, réalisée par David Walter, du Quatuor n°12 op.96 de Dvořák, dit ''Américain''. Une partition phare qui composée en 1893 aux USA, livre à la fois la nostalgie des terres de Bohème et une certaine euphorie des grands espaces américains. L'arrangement pour vents, a priori téméraire, fonctionne pourtant bien, grâce à l'habileté dans la distribution des rôles entre les cinq instruments. Le mélodisme slave souverain de Dvořák, loin d'être dénaturé, prolifère, s'amplifie presque. La pièce en acquiert une sonorité presque orchestrale qui ne messied pas. Comme à l'allegro introductif, dont les effluves de lyrisme appareillées en instruments soufflés viennent comme des bouffées d'air pur. Ainsi du beau premier thème, initié ici par la clarinette, relayée par la flûte et le hautbois. Au lento, le thème mené par le hautbois prend une saveur lyrique décuplée, les dessus (flûte, hautbois, clarinette) assurant la mélodie qu'accompagne le basson, avant que ce dernier la reprenne à son compte. Le scherzo vivace et la cavalcade du finale mènent bon train en pareil équipage.

Dans le Dvořák comme pour les deux autres œuvres, les Ouranos, Mathilde Calderini (flûte), Philibert Perrrine (hautbois), Amaury Viduvier (clarinette), Rafael Angster (basson) et Nicolas Ramez (cor), issus du CSMP, réunis depuis 2014, font montre d'une maîtrise technique accomplie. Mais surtout d'un élan et d'une palette de couleurs alliée à un grand raffinement de jeu.

L'enregistrement au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg, offre une belle image avec de l'air autour sans trop de réverbération, et une bonne définition des cinq voix. 

Texte de Jean-Pierre Robert   

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