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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Wonderful Town de Bernstein

Wonderful Town Bernstein

  • Leonard Bernstein : Wonderful Town. Musical en deux actes. Lyrics de Betty Comden & Adolph Green, d'après la pièce « My Sister Eileen » de Joseph Fields & Jerome Chodorov et « The Short Stories » de Ruth McKenney
  • Danielle de Niese, Alysha Umphress, Nathan Gunn, Duncan Rock, David Butt Philip, Ashley Riches, Kevin Brewis, Stephen John Davis, Flora Dawson, Soophia Fourighi, Andrew Keelan, Jane Quinn, Michael Baxter
  • London Symphony Chorus,
  • London Symphony Orchestra, dir. Sir Simon Rattle
  • 1 CD LSOLive : LSO0813
  • Durée du CD : 70 min 19 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)

Dix ans après le concert événement de novembre 1943 où, remplaçant au pied levé Bruno Walter à la tête du New York Philharmonic Orchestra, il devait être propulsé en pleine lumière, Leonard Bernstein compose Wonderful Town. Suivra en 1957 West Side Story. C'est déjà un vibrant hommage à New York. Ce musical trépidant est interprété ici avec un zest irrésistible par les forces du LSO dirigées par leur directeur musical Sir Simon Rattle. Autre réussite à porter au crédit des festivités marquant le centième anniversaire de la naissance de Lenny. 

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''À nous trois, New York !'' Ainsi peut-on résumer le ''plot'' de cette comédie. Deux sœurs, Hélène et Ruth, fraîchement débarquées de leur province rurale de l'Ohio, partent à la conquête de Big Apple, résolues à s'y faire une place au soleil. Avec des fortunes diverses, à l'aune de leurs caractères dissemblables. Un même homme succombera à leurs aventures amoureuses. Après moult péripéties dans le bohème Greenwich Village, tout finit pour le mieux dans un lieto fine hilarant et un bonheur indiscuté. Bernstein écrit là-dessus une musique colorée, rythmes déchaînés y croisant bouffées de lyrisme immodéré. L'instrumentation est extrêmement vivante, se nourrissant à diverses influences, du blues, des danses typiques comme le rag time. Cuivres en nombre dont toutes sortes de saxos, font bon ménage avec un joli brelan de percussions. Et toujours ce ton si typique chez lui pour concocter des lyrics qui font mouche, airs et duos, des deux sœurs en particulier. Ou des morceaux purement orchestraux, créés pour la danse, tel « Conquering New York ». Et quel sens du théâtre ! Le numéro « Conversation Piece » en est un exemple typique : lors d'un dîner auquel les deux sœurs réunissent d'improbables convives, on s'immisce dans les apartés guindés de chacun, les réactions embarrassées, alternance de paroles chuchotées et de bribes de musique saccadée, jusqu'aux acrobaties suraiguës d'Hélène pour détendre l'atmosphère. Toutes les bonnes recettes sont là, du coup de théâtre, des renversements de situations, des ruptures du débit musical. Comme dans l'Ouverture aux multiples entrées, rapide jusqu'à l'effréné, lente voire alanguie. Ou à la péroraison de l'histoire, un numéro entraînant mêlant rag time et foxtrot, l'endiablé et le presque langoureux. Bien sûr, c'est dans l'art de la mélodie que Lenny est à son meilleur, instillant au besoin cette pointe de nostalgie sans quoi le show ne serait pas. Des tunes comme « What a waste » frôlent le facile, mais sans sombrer dans le sentimental.

Tout cela est servi par une exécution progressant sur les chapeaux de roue. Rattle entraîne le LSO dans un panache d'énergie où tout un chacun prend un évident plaisir. Qui sait comment monter la mayonnaise d'un étourdissant crescendo et passer en un tournemain d'une mélodie à l'autre pour signer l'exubérance de cette musique diablement mobile, « hilarous, touching », clame-t-il. L'Orchestre montre s'il en était besoin ses qualités d'adaptation à tous types de musique. Mais après tout, Londres n'a-t-elle pas toujours été une des capitales du musical ! L'excitation de la représentation, pourtant en concert, est palpable. Le cast est un sans faute. Alysha Umphress, Ruth, a abattage requis, la ''pêche'' indiscutable et l'immanquable ''New York accent'', en particulier dans « Swing », morceau d'anthologie de gouaille locale. Danielle de Niese, Hélène, de son soprano ensoleillé, prouve son habileté à se mouvoir dans un répertoire où on ne l'attendait peut-être pas. Tous les autres protagonistes sont de la même eau. Et les chœurs du LSO font montre eux aussi d'un bel investissement.

L'enregistrement, en concert au Barbican hall de Londres, est aéré et d'un beau relief : vents et percussions sont avantagés mais les cordes conservent une vraie place comme dans un orchestre symphonique habituel. Même si les voix sont prépondérantes, comme il se doit dans tout musical, la balance orchestre-soliste est finement jugée.

Texte de Jean-Pierre Robert  

Disponible sur Amazon en CD et MP3

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