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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Lamentos, Dialogue et Cantate de Johann Christoph Bach

 Johann Christoph Bach Lamentos Dialogue Cantate

  • Johann Christoph Bach : Cantates « Meine Freundin, du bist schön », « Herr, wende dich ». Lamentos : « Ach, dass ich Wassers g'nug hätte », « Wie bist du denn, o Gott »
  • Pièces instrumentales : Aria Eberliniana pro dormente Camillo. Praeludium & Fuga
  • Juliette Perret (soprano), Paulin Bündgen (contre-ténor), Johannes Weiss (ténor), Geoffroy Buffière (basse)
  • Akadêmia, dir. Françoise Lasserre
  • 1 CD Eloquentia : EL 1856 (Distribution : Socadisc)
  • Durée du CD : 67 min 05 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

Voici l'occasion de découvrir Johann Christoph Bach qui n'est pas un des fils du Cantor mais un de ses prédécesseurs. Cet organiste et claveciniste réputé (1642-1703), fils aîné de Heinrich Bach, grand-oncle de JS Bach, est donc un cousin de celui-ci. À ne pas confondre avec l'un des six autres Jean-Christophe de la prolixe dynastie Bach, dont le 9ème fils du Cantor, Johann Christoph Friedrich... Parfait représentant du foisonnement de la vie musicale de cette époque, notre musicien se signale par la profondeur de son style, très admiré par le Cantor, voire ses audaces. Ce disque donne un aperçu exhaustif de sa production vocale et instrumentale, finalement peu fournie. Il est joué par l'ensemble Akadêmia, spécialiste de ces découvertes. 

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Le programme présente deux des trois cantates composées par Johann Christoph Bach. La plus célèbre, « Meine Freundin, du bis schön » (Mon amie, tu es belle), écrite en 1679 et inspirée de textes du Cantique des cantiques et du Livre de l'Ecclésiaste, est pourtant une pièce profane pour un mariage (le sien propre, pense-t-on), aux sous-entendus joliment érotiques : un dialogue nuptial dans un langage très imagé. Elle s'ouvre ainsi par un duo puis alterne des passages pour une ou deux voix, de basse, soprano, alto (contre-ténor) et ténor. Dans le deuxième morceau, qui est une Chaconne chantée par la soprano, la phrase « Mon ami est mien et je suis sienne » revient au long de quelques 66 brèves variations, enluminées par les arabesques du violon. Les dialogues variés (soprano-basse, alto-ténor) montrent le cantabile dans lequel le musicien excelle et cette influence italienne, dont la tradition a été instaurée en Allemagne par Heinrich Schütz. Le finale est une action de grâce sur le bien vivre, dans une joie non dissimulée. La cantate « Herr, wende dich » (Seigneur, penche toi) pour soprano, alto, ténor et basse reprend également plusieurs citations bibliques sur le thème de l'homme accablé par le poids de ses fautes. Précédée d'une courte ''symphonia'', la pièce décrit au fil de solos et de tutti le dialogue de celui-ci s'adressant à Dieu. L'accompagnement au violon est de nouveau remarquable. Johann Christoph Bach s'est aussi illustré dans le genre du lamento, très pratiqué à l'époque prébaroque. Des deux ici présentés, on admire l'intensité expressive de « Ach, dass ich Wassers g'nug hätte » (Ah, puissé-je avoir assez de larmes) pour voix d'alto, violon, trois violes de gambe et basse continue : une douce et poignante déploration s'exprimant dans une aria et son da capo. Dans le lamento « Wie bist du denn, o Gott » (Pourquoi t'es-tu, Seigneur, enflammé contre moi), pour voix de basse, Job questionne Dieu sur le poids de la colère divine tournée contre lui. Aux implorations succèdent les invocations dans une grande variété d'intonations très libres, de nouveau en dialogue avec une partie de violon très ouvragée. 

Des quelques œuvres instrumentales laissées par le musicien, on entend deux pièces pour clavecin. L'Aria Eberliniana pro dormente Camillo est un morceau écrit pour l'orgue ou le clavecin, en 1690 : une aria suivie de 15 variations tricotant le thème qui reste toujours reconnaissable. Le Praeludium & Fuga est une toccata dans la manière de Froberger comportant une fugue à quatre voix. 

Akadêmia joue toutes ces pièces avec une particulière sagacité. Formé en 1986, cet ensemble à géométrie variable se donne pour but d'exhumer des pièces rares. On admire les parties de violon solo d'une extrême virtuosité dans lesquelles excellent, selon les pièces, Flavio Losco et Stéphanie Pfister. Comme le clavecin de Jean-Marc Aymes. Les parties vocales, certes moins exigeantes, sont défendues avec flamme par un brelan de jeunes chanteurs talentueux. Tous épousent un style dépouillé rendant bien la tonalité italienne de ces morceaux, grâce à la direction attentive de Françoise Lasserre qui a déjà conduit l'ensemble vers les succès discographiques dans Palestrina, Monteverdi, Landi, Schütz et JS Bach. 

L'enregistrement à l'Église protestante de Bon Secours à Paris, offre une image présente et non réverbérée, en accord avec le ton général de ferveur de ces pièces.

Texte de Jean-Pierre Robert 

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