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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

Concert : Une fratrie en trio joue Mendelssohn aux Invalides

Trio Metral Mendelssohn
© Dimitri Scapolan

  • Felix Mendelssohn : Trios pour piano, violon et violoncelle N° 1 op. 49 & N° 2 op. 66
  • Trio Metral : Joseph Metral, violon, Justine Metral, violoncelle, Victor Metral, piano
  • Hôtel national des Invalides, Salle Turenne, mardi 16 octobre à 20 h
  • Organisé dans le cadre des « concerts CIC-Musée de l'Armée », en partenariat avec le CIC et Radio Classique 

Sympathique concert de musique de chambre aux Invalides ! Par le lieu d'abord, la salle Turenne, récemment rénovée, sorte de galerie des batailles livrées par le roi fondateur Louis XIV, utilisée comme réfectoire des pensionnaires de l'institution. Par les interprètes surtout, trois jeunes talentueux musiciens, frères et sœur, à l'aube d'une carrière prometteuse, qui jouaient Mendelssohn et ses deux Trios, sommets de lyrisme romantique.

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Pianiste prodige, Felix Mendelssohn n'a pas confiné son instrument au seul clavier solo. Il l'a associé aux cordes, en particulier en formation de trio y joignant le violon et le violoncelle. Il en a écrit deux, le premier à l'époque de ses trente ans, le second six ans après, en 1845. Ils sont conçus sur le même modèle : quatre mouvements faisant se succéder allegro brillant, andante lyrique, scherzo fantasque et final appassionato, un schéma bien dans le goût du romantisme le plus ardent. Le Premier Trio pour piano et cordes op. 49 se ressent de la passion de son auteur pour le pianoforte qui y domine largement au long de ses quatre séquences. L'allegro moto agitato s'ouvre par un premier thème fiévreux où celui-ci lance les opérations qui vont comme s'emballer sur le contrepoint, pour ne pas dire l'accompagnement, des deux cordes. Dont une jolie mélodie fugace du violoncelle. C'est aussi le piano qui ouvre l'andante et lancera encore le 2ème thème. Avec le Scherzo, marqué ''leggiero e vivace'', on entre en féérie, pour une jolie danse elfique, un peu sur le mode du perpetuum mobile. Cela préfigure le climat nocturne du Songe d'une nuit d'été. Le finale, ''Allegro assai appassionato'', ravit par son thème sautillant. Le lyrisme l'emporte cependant jusqu'à une péroraison exaltée. La belle exécution des Metral signale en particulier la haute tenue du jeu du pianiste Victor qui n'a pas de mal à s'imposer dans une pièce vraiment taillée pour le clavier. 

Le Deuxième Trio op. 66 affirme une écriture plus maîtrisée chez Mendelsshon et un meilleur équilibre entre les trois voix. Si le piano est encore prééminent, il doit désormais partager avec ses deux partenaires, le violoncelle singulièrement. On sent les présents interprètes d'emblée mieux en phase avec cette manière plus élaborée. Le premier mouvement ''energico e con fuoco'' débute pourtant dans la discrétion d'un thème un brin dramatique qui sera travaillé dans un souffle certain. Ce que les Metral traduisent avec brio, pressant au besoin le tempo pour un maximum d'expressivité, laquelle sera également en exergue dans les passages plus lyriques. La coda s'avère presque déchaînée. Un beau lyrisme domine l'Andante bien chantant. L'œuvre connaît son sommet à l'heure du Scherzo ''quasi presto'', prestissime sous les doigts des frères et sœur Metral, avec ses notes répétées staccato si originales. Cela rappelle l'Octuor à cordes et surtout les moments nocturnes du Songe d'une nuit d'été, dont la Suite d'orchestre ou Musique de scène venait de voir le jour deux ans plus tôt, en 1843. Un monde fantastique et d'intense lyrisme où le déroulement du discours évoque aussi cette façon de dévider quelque écheveau, comme dans le morceau de piano intitulé « La fileuse ». Le trio médian tresse un joli thème populaire. Les trois musiciens nous entraînent dans un tourbillon enivrant. Comme au finale ''appassionato'', récapitulation là encore extrêmement ouvragée. Dans cette complexité, ils trouvent leur voie, au fil des divers thèmes, successivement élancé, hymnique et en forme de choral, participant là de la grande manière romantique. Belle conclusion d'une interprétation qui a aura montré la musicalité de nos trois mousquetaires, dont encore le pianiste et la violoncelliste.

En bis, ils donnent le finale d'un des Trios de Haydn, plein de verve et d'humour, comme souvent chez ce compositeur. Hommage sans doute à celui qui de son ombre tutélaire a présidé aux trois prix remportés par eux au Concours international Joseph Haydn de Vienne. Et auquel ils aiment revenir souvent, en particulier dans leurs résidences à la Chapelle musicale Reine Elisabeth et à ProQuartet.

Texte de Jean-Pierre Robert 

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