François-Frédéric Guy et l'Orchestre de chambre de Paris au Théâtre des Champs-Elysées
- Mozart : Concerto pour piano No23 en la majeur
- Brahms : Concerto pour piano No2 en si bémol majeur
- Orchestre de chambre de Paris
- François-Frédéric Guy, direction et piano
- Théâtre des Champs-Elysées
jeudi 4 octobre 2018, 20 h
www.orchestredechambredeparis.com
Presque un siècle sépare ces deux Concertos pour piano et orchestre qui représentent pour chacun de ces compositeurs un sommet de leur production dans ce domaine.
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Ce jeudi soir au Théâtre des Champs-Elysées, François-Frédéric Guy qui assurait aussi bien la partie soliste que la direction de l’Orchestre de chambre de Paris mettait à son programme deux célèbres Concertos pour piano : le No23 de Mozart ainsi que le No2 de Brahms. Datant de 1786, ce Concerto No23 de Mozart est conçu dans une période d’intense créativité du compositeur si l’on songe que le Trio pour clarinette K.498, le Quatuor avec piano No2 K.493 et le Quatuor à cordes No20 K.499 sont pratiquement contemporains de ce Concerto. Son premier mouvement, un Allegro, bien que débutant dans une sorte d’allégresse, va pourtant rapidement laisser apparaître une vague angoisse que Mozart tente vainement de dissimuler. Le doute n’est plus permis avec l’Adagio qui suit cet Allegro. Mozart nous plonge dans une tonalité plutôt sinistre (fa dièse mineur). Il a beau réserver un rôle important à la petite harmonie où la clarinette impose souvent sa présence, rien n’y fait. La tristesse s’installe et seul le finale (Allegro assai) permet à Mozart de réduire à néant toute la tristesse qui s’était accumulée dans les deux mouvements précédents. Quant au deuxième Concerto pour piano, op.83, après la tempête déclenchée par son premier Concerto pour piano et orchestre, Brahms revient à une conception plus sereine, débutant son premier mouvement (un Allegro non troppo) par un très romantique et presque weberien appel de cor. Un début qui pourtant va peu à peu laisser un climat assez violent s’installer, tempéré par un dialogue subtil s’opérant entre le soliste et l’orchestre. C’est par le deuxième mouvement (un Scherzo) qu’une ambiance faite d’impétuosité, proche du fantastique, fait irruption dans ce Concerto pour piano No2. Contraste total avec le troisième mouvement, un Andante rêveur, qui, par la présence d’un violoncelle solo prend parfois un aspect chambriste. Le dernier mouvement, un Allegretto grazioso, est volubile, aérien et Brahms semble se souvenir ici, d’un folklore hongrois imaginaire.
François-Frédéric Guy, dirigeant l’Orchestre de chambre de Paris et assurant en même temps la partie soliste, domine avec une belle vigueur ces deux disciplines. Il cisèle aussi bien l’orchestration du 23ème Concerto de Mozart que l’impressionnant appareil orchestral imaginé par Brahms pour son Deuxième Concerto pour piano.
Un triomphe bien mérité pour François-Frédéric Guy, donnant des deux œuvres de Mozart et de Brahms une image sonore novatrice et sans concession.
Texte de Michel Jakubowicz