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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Intégrale des quatuors à cordes de Gounod par le Quatuor Cambini-Paris

Quatuor Cambini Paris Gounod

  • Charles Gounod : Quatuors à cordes en sol mineur, CG. 565, en fa majeur, CG. 563, en la mineur, CG. 564, en ut majeur, « Petit Quatuor », CG. 561, en la majeur, CG. 562
  • Quatuor Cambini-Paris
  • 2 CDs Aparté : AP 177 (Distribution : PIAS)
  • Durée des CD : 62 min 58 s + 43 min 25 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5) 

La carrière de l'auteur de Faust et de Mireille ne s'est pas cantonnée à l'opéra. Outre deux symphonies et des partitions de musique religieuse, on lui doit encore cinq quatuors à cordes. La plupart de ces pièces demeureront longtemps dans l'oubli jusqu'à ce qu'à la faveur d'une vente publique en 1993, soit révélée l'existence de trois de ces quatuors. Aussi cette première intégrale due au Quatuor Cambini-Paris est-elle un événement. Alors surtout que jouée sur instruments d'époque, ce qui lui confère un indiscutable parfum d'authenticité. Autant de raisons d'investiguer ce pan encore méconnu de l'œuvre de Gounod.

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La chronologie de ces cinq pièces reste hypothétique, comme les dates de leur composition. Elles viennent en tout cas tard dans la production de Charles Gounod. Le premier à avoir bénéficié d'une exécution publique, en 1885, est le Quatuor en ut majeur, «Petit Quatuor». La composition en remonterait cependant au milieu des années 1870. Avec ce premier essai, on découvre ce qui caractérise la manière de la musique instrumentale de Gounod : une écriture aisée, dont son fidèle Henri Büsser dira qu'elle l'est «au courant de la plume», proche de l'expérimentation et de l'épure plus que destinée à séduire l'auditeur. Dans cette première pièce, l'apparente gravité du début du mouvement initial cède vite la place à un thème bien chantant. De même en est-il du caractère polyphonique dense de l'andante suivant ou de la légèreté quasi mendelsshonienne du scherzo et de ses deux trios. Quant au finale, sur un rythme de tarentelle, il est fort séduisant dans son cheminement contrapuntique très élaboré, pour se conclure sur une fin apaisée légèrement mélancolique. Le Deuxième Quatuor en la majeur, qui aurait été créé en 1887, montre aussi cette abondance mélodique si chère à Gounod, qui en établit d'emblée le charme, même si pas aussi immédiat que l'est un air d'opéra du maître. Le deuxième mouvement allegretto se complait dans le grave des instruments joués en sourdine et une allure de procession presque angoissante. Mais le Minuetto apporte aussitôt le contraste, car enjoué, avec un trio fort expressif. Tandis que le finale joue une sorte de comédie menée par le premier violon.

Le Quatuor N° 3 en fa majeur, de 1889 et composé de cinq mouvements, se signale par la tension émanant des deux premiers qu'adoucit un andante introverti dans son chant serein. Le second scherzo affirme comme un lointain écho de quelque valse de la kermesse de Faust, et l'allegretto final se veut encore plus enjoué, dénotant une vraie maîtrise d'écriture pour les quatre voix. Le Quatrième Quatuor en la mineur, de 1890, est le plus abouti de la série. Il s'ouvre par un allegro résolu avec une intéressante opposition entre traits déclamatoires et pages plus calmes. Suit un allegretto joué en sourdine, doucement triste, sur des pizzicatos du violoncelle, le thème central revenant en boucle tel un refrain : de fugaces éclaircies de bonheur dans un univers tourmenté. Le scherzo est une sorte de valse d'esprit méphistophélique entrecoupée d'un trio rustique. Et le finale est avenant. Enfin, le Quatuor en sol mineur, des années 1891/1892, paraît s'approcher de l'abstraction, désormais éloigné de la veine mélodique d'antan. Comme dans l' « allegro ma non trompo ma energico » qui la relègue aux oubliettes au profit d'une démarche volontariste. L'adagio sera austère, le scherzo décidé et le finale plus allègre.      

La parution des présents CD, soutenue par le Palazzetto Bru Zane, s'inscrit dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Gounod. Le Quatuor Cambini-Paris – Julien Chauvin, Karine Crocquenoy (violons), Pierre-Éric Nimylowycz (alto) et Atsushi Sakaï (violoncelle) – qui a déjà à son actif la redécouverte d'œuvres de Félicien David, Hyacinthe Jadin ou Théodore Gouvy, donne de ces pièces des exécutions d'une remarquable tenue et d'une grande rigueur technique. La sonorité des instruments d'époque apporte un indéniable plus. Les musiciens jouent en effet quatre instruments historiques italiens du XIXème siècle, donc contemporains de l'écriture des quatuors de Gounod, qui leur ont été prêtés dans le cadre du projet «Adopt a Musician».

L'enregistrement, effectué dans la Grande galerie de la Banque de France à Paris, est bien aéré et offre une image large dans le positionnement des quatre voix.

Texte de Jean-Pierre Robert

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