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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

Concert : un trio de choc pour Beethoven, au Grand Salon de l'Hôtel des Invalides

Dumay Dalberto Demarquette

  • Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano N° 12 op. 26. Sonate N° 7 pour violon et piano op. 30 N° 2. Sonate N° 3 op. 69 pour violoncelle et piano. Trio N° 5 op. 70 N° 1
  • Michel Dalberto, piano, Augustin Dumay, violon, Henri Demarquette, violoncelle
  • Grand Salon de l'Hôtel national des Invalides, le 15 juin
    www.napoleon.org

Avant dernier concert du cycle «Musique et paroles d'Empereur», en écho à l'exposition du Musée de l'Armée «Napoléon stratège», l'institution avait convié trois musiciens de renom, le pianiste Michel Dalberto, le violoniste Augustin Dumay et le celliste Henri Demarquette. Qui du piano solo, puis en formation de sonates pour chacune des deux cordes, et enfin de trio, ont célébré Beethoven. Un musicien que Napoléon admirait peut-être, bien que la réciproque ne fut pas vraie. En écho aux rumeurs et fracas des batailles, répond une musique d'une force peu résistible à travers le choix des œuvres opéré pour ce programme. Que nos trois mousquetaires et amis se sont plu à défendre avec panache devant un public conquis, en un lieu si chargé de symbole.

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La Sonate pour piano N°12 , achevée en 1801 et publiée l'année suivante, est sous- titrée «Marche funèbre pour la mort d'un héros». Il y a sans doute un rapprochement à faire avec celle de la Symphonie Héroïque op.55, quoique le sens des deux morceaux soit bien différent. La sonate débute de manière originale par un Andante con variazoni, première manifestation de cette forme de la variation dans laquelle excellera Beethoven, avec sa rythmique différenciée et sa géniale inventivité. Suit un vif scherzo, dont Dalberto ne cherche pas à minimiser l'élan, on ne peut plus volontariste. Avec la Marche funèbre, jouée forte dans ses grands accords comme assénés, l'intensité croît, prenant une sonorité presque orchestrale. Mais à la différence du deuxième mouvement de la Troisième Symphonie, plus qu'un peuple, c'est un individu qui est ici honoré, l'auteur lui-même semble-t-il. Le finale Allegro ne diminue pas la vitalité de cette exécution. La Sonate pour violon et piano N° 7 op 30, N° 2, dédiée à l'empereur Alexandre Ier de Russie, date de la même année. Elle est en plein accord avec la thématique du concert par son caractère passionné. L'Allegro con brio qui l'ouvre offre quelque chose de conquérant, et la brève marche militaire qui apparaît en son milieu, ajoute au caractère tempétueux du morceau ; ce que Dumay et Dalberto traduisent avec brio. L'Adagio cantabile introduit un répit. Mais les hostilités reprennent avec le scherzo, bien enlevé et surtout le finale, pris ici à tombeau ouvert, ce qui confère à ce morceau une allure cataclysmique. 

La Sonate pour violoncelle et piano N°3, op. 69 date de 1808 et est contemporaine des Cinquième et Sixième Symphonies. Elle compte parmi les plus belles inspirations du musicien. Ainsi de l'Allegro ma non tanto initial dont le premier thème très engageant est introduit par le cello. Au long de cet ample mouvement, les deux instruments dialoguent d'égal à égal. Le scherzo est fort rythmé. Un court Adagio chantant précède ''attaca'' le finale Vivace. L'interprétation de Demarquette et de Dalberto est puissante et parée d'une intensité qui ne faiblit pas, le celliste imposant à son partenaire un jeu sans nul doute moins rugueux que dans la sonate pour violon précédente. La sonorité de son strad ''Le Vaslin'' s'épanche généreusement. Les trois amis se retrouvent enfin au complet pour jouer le Trio N° 5 op.70 n° 1, dit «des esprits» ou encore «des fantômes». Cette indication, qui se réfère au mouvement médian Largo, trouve son origine dans une esquisse pour une scène des sorcières d'un «Macbeth» que Beethoven projetait alors d'écrire. Cette œuvre figure là encore au nombre des grandes pages chambristes du maître de Bonn. E.T.A. Hoffmann aura ce mot : «C'est en un langage sublime l'expression d'une joie sereine venue d'un monde inconnu». Avec cette pièce, Beethoven atteint l'équilibre parfait entre les trois voix, et une symbiose entre la conversation intime et la tension dramatique. Le con brio qui l'entame est plus qu'enlevé sous les doigts des présents interprètes, à la sonorité quasi orchestrale dans l'acoustique excessivement présente du Grand Salon des Invalides. Le «Largo assai ed espressivo» est plus chantant que lugubre. Et tout se conclut par un finale presto brillant, pris à un tempo vertigineux.   

Texte de Jean-Pierre Robert



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