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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : ''Mysterien-Kantaten'' par l'ensemble Les Surprises

Les Surprises Mysterien Kantaten

  • Cantates sacrées de Dietrich Buxtehude, Nicolas Bruhns, Christoph Bernhard
  • Pièces instrumentales de Johann Pachelbel, Heinrich Scheidemannn, Johann Adam Reincken
  • Maïlys de Villoutreys, soprano, Étienne Bazola, baryton. Ensemble Les Surprises, dir. Louis-Noël Bestion de Camboulas
  • 1 CD Ambronay Éditions : AMY051 (Distribution : Harmonia Mundi)
  • Durée du CD : 58 min 22 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Sous le titre masqué de «Mysterien-Kantaten», ce CD puise dans le fonds des cantates sacrées allemandes du XVIIème siècle, de Buxtehude, Bruhns et Bernhard, qu'il assortit de pièces purement instrumentales. Il offre une succession de courtes œuvres d'un bel intérêt musicologique, au surplus interprétées avec la foi que l'on connaît à l'ensemble Les Surprises qui depuis quelques années s'est taillé, sous la houlette de son mentor Louis-Noël Bestion de Camboulas, un succès qui ne se dément pas. Et qui leur vaut depuis 2017 d'être ''ensemble associé'' au label Ambronay Éditions.

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Les musiciens de cette haute époque germanique se sont tournés vers la cantate pour exprimer les passions et tourments de l'âme humaine, à l'image des temps agités que connaissait alors l'Allemagne. Au premier chef Dietrich Buxtehude (1637-1707) qui dans l'aria «La mort peut-elle séparer ce que rien ne peut séparer», sur un texte écrit par lui-même, traduit une poignante élégie, où l'espace de sept strophes, la voix est soutenue par un petit consort instrumental abondant en harmonies tendues voire dissonantes. La soprano Maïlys de Villoutreys y excelle par son timbre d'une pureté céleste. De même que dans la chaconne «Seigneur, si je n'ai que toi», sur le texte du Psaume 73, où l'ostinato sert à exprimer l'effusion intime et la ferveur, notamment dans un ''Alleluia'' triomphant. Nicolas Bruhns (1665-1697), disciple de Buxtehude, évoque une nostalgie de la mort dans la stance «De profundis clamavi», dont les paroles sont tirées du Psaume 130. Larges vocalises, modulations étranges, changement de rythmes sont là pour décrire l'imploration ou la méditation douloureuse. Un ''Amen'' final jubilatoire fait écho à un enflammé ''De profundis'' introductif. Christoph Bernhard (1628-1692), lui aussi proche de Buxtehude et disciple de Heinrich Schütz, offre dans une petite cantate en duo un bel exemple de composition savante. Elle débute in media res par un duo vif sur les mots «Heureux celui qui craint le Seigneur et marche sur ses voies». Suivent des arias solo de la soprano et de la basse, avant un duo final joyeux. 

Les pièces instrumentales ne sont pas moins intéressantes, sur le schéma de la variation. Ainsi de la Chaconne en fa mineur de Pachelbel, ou de la Passacaille en ré mineur de Buxtehude qui tire son originalité de sa forme composée de 28 variations regroupées en quatre parties. Elle est ici exécutée dans un arrangement pour deux violons, viole de gambe et continuo dû à Louis-Noël Bestion de Camboulas, d'après la version originale pour orgue. Assurément avec tact. Le Praeludium de Heinrich Scheidemann (1595-1663), organiste de son état mais aussi compositeur et enseignant, offre beaucoup de charme, surtout joué sur un claviorganum, mêlant les sonorités de l'orgue et du clavecin. La Sonata Prima en la mineur de Johann Adam Reincken (1643?-1722) est tirée de son recueil de Six sonates en trio et basse continue intitulé «Hortus Musicus». Un morceau tripartite, dit ''Sonata'', précède la traditionnelle suite faite ici d'une Allemande grave, d'une Courante joliment mélancolique, d'une Sarabande où perce la rêverie poétique, et d'une Gigue alerte et entraînante. Tous ces morceaux bénéficient de l'expertise de l'ensemble Les Surprises, quatre musiciens d'une vraie verve communicative, emmenés par leur chef Louis-Noël Bestion de Camboulas. Avec ses deux talentueux chanteurs, dont le baryton Étienne Bazola, ils transcendent l'austérité de ces musiques avec un brio qui ne laisse pas indifférent.

Effectué dans l'église d'Asquins près de Vézelay, l'enregistrement est justement réverbéré, ce qui n'enlève rien au relief de la restitution de ces morceaux choisis. 

Texte de Jean-Pierre Robert  

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