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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Yuri Bashmet joue les sonates pour alto de Brahms

CD Bashmet Front

Johannes Brahms : Sonates pour alto et piano N° 1 op. 120/1 & N° 2 op. 120/2.
Deux Rhapsodies pour piano op. 79
Yuri Bashmet, alto, Ksenia Bashmet, piano
1CD Fondamenta : FON-1802030 (Distribution : Sony Music)
Durée du CD : 67'52
Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

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Pour son retour au disque après un silence de plusieurs années, l'altiste Yuri Bashmet, a choisi d'interpréter les deux sonates de Brahms en compagnie de sa fille Ksenia. Ces deux partitions, les dernières confiées par le musicien au répertoire chambriste, ont été conçues pour la clarinette, que Brahms avait ''découverte'' grâce au virtuose Richard Mühlfeld. Sur les conseils de son éditeur Simrock, semble-t-il, il en a prévu aussi une version alternative pour alto. La sonorité par nature mélancolique de cet instrument, sa vocalité par essence expressive conviennent parfaitement à ces pièces toutes d'intériorité et d'intimité.

Les deux sonates de l'Opus 120 ne sauraient être dissociées tant les rapprochent leur caractère méditatif et un lyrisme secret. Brahms n'y cherche pas la virtuosité mais l'intimisme, comme s'il s'agissait d'un journal intime. Elles différent cependant sur quelques points, comme par exemple le nombre des mouvements qui de quatre dans le premier cas, passent à trois dans le second. La Sonate op 120 N° 1, en fa mineur, s'ouvre tempétueuse par un allegro appassionato qui distille plusieurs thèmes savamment agencés au cours du développement et de la réexposition. La rêverie de l'andante bénéficie beaucoup du timbre voilé de l'alto et du legato qu'il permet, pour traduire son caractère charmeur. Dans l'allegretto grazioso, en forme de scherzo, le dialogue entre les deux partenaires alterne échange joyeux et tendre badinage. Très libre dans sa construction, le finale ''Vivace'' signale une belle complicité entre les deux voix jusqu'à une conclusion brillante. La Sonate op. 120 N° 2 en mi bémol majeur offre un climat plus serein. La lumineuse tendresse de l'allegro amabile est magnifiée par le chant de l'alto. Ce qui est discours presque amoureux y gagne sans doute par rapport à la version pour clarinette. L'allegro appassionato s'avère non moins ardent, plus impétueux, et la section médiane sostenuto apporte une bienfaisante respiration. L'andante final, bâti sur le schéma thème et variations, est là encore joliment métamorphosé par la tonalité grave de l'alto qui apporte une chaleur expressive essentielle à cette musique de l'âme.

Le dialogue délicat et sensible au cœur de ces sonates trouve en Yuri et Ksenia Bashmet des interprètes très inspirés partageant une vraie complicité et chez qui la technique est asservie au souci de l'expressivité. C'est une joie de retrouver la sonorité longue et ronde de l'alto de Yuri Bashmet, tour à tour sombre et fantasque, fougueuse et mélancolique. Le piano de Ksenia Bashmet n'est pas en reste : formée à la grande école russe, elle déploie un son souverain, architecturé et plein de couleurs. En témoigne encore l'exécution des Deux Rhapsodies pour piano op. 79. Composées en 1879, ces pièces sont proches de la ballade et surtout du scherzo. La première, « Agitato », est d'écriture presque symphonique, deux épisodes épiques encadrant une section plus idyllique. La seconde, « Molto passionato », de caractère fantastique, contraste héroïsme dans ses deux séquences extrêmes et mystère à la partie médiane. L'interprétation de Ksenia Bashmet en livre les arcanes par un pianisme d'une singulière maîtrise.

L'enregistrement, effectué Salle Colonne à Paris, offre une image claire, très présente et une exemplaire fidélité dans la restitution des deux timbres.

Jean-Pierre Robert

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