Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Victor Julien-Laferrière live at the Queen Elisabeth Competition 2017

CD Laferriere

Joseph Haydn : Concerto pour violoncelle N° 2 Hob. VIIb:2. Johannes Brahms :  Sonate N° 2 pour violoncelle et piano Op. 99. Dmitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle et orchestre N°1 Op. 107
Victor Julien-Laferrière, violoncelle
Avec Théo Fouchenneret, piano (Brahms). Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, dir. Frank Braley (Haydn). Orchestre Philharmonique de Bruxelles, dir. : Stéphane Denève (Chostakovitch)
1CD BNP Paribas Fortis : BNPPF2017-2 (Distribution : PIAS)
Durée du CD : 80'38
Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile grise (4/5)

LA SUITE APRÈS LA PUB

Le celliste Victor Julien-Laferrière (*1990) n'est pas un inconnu. Formé auprès de Roland Pidoux au CNSMP, puis d'Henrich Schiff à Vienne et de Clemens Hagen au Mozarteum de Salzburg, il s'est déjà vu décerner plusieurs prix et a même participé à la fondation, en 2009, du Trio Les Esprits, aux côtés d'Adam Laloum. Mais un élément nouveau ajoute à sa notoriété puisqu'il a remporté au printemps 2017 le premier prix du prestigieux Concours Reine Elisabeth à Bruxelles. Ce CD est la captation live des demi finales et de la finale. Où est mis en évidence le talent d'un musicien hors pair.

Le CD en décline les trois facettes. D'abord, le musicien classique accompli avec le Concerto N°2 pour violoncelle de Joseph Haydn. On est d'emblée frappé par  une technique assurée qui fuit l'ostentatoire, et le sens du juste tempo. La délicatesse du phrasé enlumine l'allegro moderato, comme la longueur du son et la belle tenue instrumentale dans la cadence. Une effusion retenue vient à l'heure de l'adagio, d'un classicisme souverain et on ne peut plus séduisant. Enfin, la fluidité est remarquable dans l'entraînant finale et ses habiles cascades. Nul doute que la pratique assidue de la musique de chambre apporte ce supplément d'écoute des musiciens partenaires, dirigés ici par Frank Braley, lui-même ancien lauréat du concours bruxellois dans la catégorie piano. Cette appétence pour le répertoire chambriste, on le mesure ensuite à l'audition de la Sonate N°2 pour violoncelle et piano op. 99 de Brahms, un morceau phare du répertoire. Le chambriste émérite qu'est Victor Julien-Laferrière empoigne avec brio l'allegro vivace. Vigueur et énergie s'y déploient à loisir sans dureté, jouxtant l'expressive mélodie. La sonorité charnue mais tout autant translucide est au soutien d'un geste ample qui ne cherche pas à cultiver une inutile brillance. Comme il en va encore à l'adagio affetuoso, ce Lied si brahmsien qui contraste tant avec le dynamisme du mouvement précédent. On y admire la profondeur du propos. Comme l'esprit qui baigne l'allegro passionato qui suit, pris ici très soutenu, pour ne pas dire vite. L'accompagnement de son collègue Théo Fouchenneret, de trois ans son cadet, est du meilleur goût. L'art de la nuance caractérise le finale qui s'accorde avec  le pianisme plein de fougue de ce dernier.

Autre facette du talent de Victor Julien-Laferrière : la haute virtuosité, illustrée par le Concerto pour violoncelle et orchestre N° 1 op. 107 de Dmitri Chostakovitch. On sait cette œuvre formidablement difficile, composée à l'intention de l'ami Slava Rostropovitch et de ses dons exceptionnels. Celui-ci serait fier de son jeune successeur. Car il s'y mesure avec aplomb dès l'allegretto initial, marche rapide qui sollicite d'emblée le soliste sur une rythmique animée propulsée jusque dans l'extrême aigu du registre. La technique accomplie du jeune français lui permet de ne faire qu'une bouchée de ces traits hyper virtuoses. Et l'accompagnement prodigué par Stéphane Denève est à la hauteur de cette pièce inclassable. La longue cantilène méditative du Moderato, Julien-Laferrière l'aborde et la développe avec une rare profondeur, rendant justice au talent de mélodiste de l'auteur mais aussi aux trouvailles qui émaillent cette séquence, en particulier lors du dialogue entre le cello et le célesta. Le geste est ample et habité. Qualités qu'on retrouve dans la ''Cadenza'', géniale plainte séparant la partie lente du concerto et le finale. On admire comme sont traités les divers modes nerveux que Chostakovitch a ici accumulés, sans parler du poids des silences. Le dernier mouvement et ses pirouettes spectaculaires où l'instrument est plus que malmené, frôlant le grotesque, le celliste les survole avec une aisance confondante. Réellement l'étoffe d'un grand prix ! Encore un fleuron parmi les tenants de la brillante École française de violoncelle ! Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, notre lauréat vient aussi d'être couronné aux Victoires de la Musique 2018 dans la catégorie Soliste instrumental.

Les captations sont fort satisfaisantes eu égard aux conditions de prise de son live.

Jean-Pierre Robert 

LA SUITE APRÈS LA PUB

Offre Amazon :



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


La ferriere

PUBLICITÉ