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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD: Les sonates pour violon et piano de Grieg

Grieg Violin Sonata

Edvard Grieg : Sonates pour violon et piano N°1 op. 8, N° 2 op. 13 & N° 3, op. 45
Vineta Sareika, violon, Amandine Savary, piano
1CD Muso : MU-024 (Distribution : PIAS)
Durée du CD : 65'17
Note technique :etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

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Au sein de la production d'Edvard Grieg, les trois sonates pour violon occupent une place particulière. Écrites entre 1865 et 1887, elles constituent une sorte de portrait vivant du musicien qui voyait en elles « différentes périodes de mon développement - la première naïve et riche d'idées, la deuxième nationaliste, et la troisième ouvrant de nouveaux horizons ». Un corpus cohérent donc. Les réunir en un même CD est dans l'ordre des choses, surtout lorsque jouées avec le talent que lui prêtent les présentes interprètes.

La Première sonate pour violon et piano op. 8, admirée par Liszt, se signale par sa fraîcheur d'inspiration. A l'aune du ''con brio'' qui l'ouvre : après deux accords mystérieux, la mélodie jaillit on ne peut plus spontanément. Une belle vitalité imprègne tout le mouvement, le thème revenant en boucle. Caractéristique aussi, le travail en canon, notamment dans le développement. L'allegretto, qui n'est autre qu'un scherzo, poursuit ce chant lyrique, épousant déjà la veine folklorique norvégienne. Une courte section en trio surenchérit dans cette voie. Le finale allegro molto vivace déborde d'énergie et l'inspiration se libère. Quelque peu schumannienne, en particulier dans l'antagonisme entre force et lyrisme. Le violon se voit réserver des lignes tendues. La Deuxième sonate op. 13, de 1867, respire le bonheur d'une récente union avec la chanteuse Nina Hagerup et s'inscrit aussi dans cette belle tradition norvégienne qui sera celle de tant d'œuvres de Grieg. Une brève introduction « doloroso » fait place à la fête joyeuse, presque véhémente. Les deux instruments sont traités sur un pied d'égalité pour traduire l'ample lyrisme qui baigne ces pages presque amoureuses. L'allegretto tranquillo offre une pointe de mélancolie et en même temps une profondeur certaine, comme dans ses pages ultimes. L'animato est on ne peut plus dansant, dans un rythme sautillant au piano. Une généreuse inspiration populaire qui va s'amplifiant dans un lyrisme solaire, mène ce finale à l'incandescence. On admire dans cette œuvre la brillance de l'écriture violonistique.

Grieg attendra vingt ans pour se pencher de nouveau sur cette forme, alors que le genre de la sonate de violon venait de s'enrichir de celles de Franck et de l'op. 100 de Brahms. Sa Troisième Sonate op. 45, ouvre en effet de nouvelles voies. Elle reste la plus jouée et est aussi la plus exigeante techniquement pour les deux partenaires. Si elle est encore présente, l'inspiration folklorique est désormais asservie à une recherche poussée d'expressivité et à un geste plus large avec déploiement de puissance inédit chez le compositeur. Témoin l'allegro molto ed appassionato qui l'entame, empli de souffle et de drame, dont le lyrisme n'est cependant pas absent. De grandes vagues déferlent à l'aune du thème vibrionnant qui parcourt le mouvement et la coda. L'allegretto espressivo ''alla Romanza'', entamé par la cantilène du piano, ouvre la voie au chant du violon qui se déploie généreusement. Si l'inspiration populaire et son lyrisme séduisant ne sont désormais plus que sous-jacents, l'intensité profonde fait de cette page de romantisme finissant un moment plein de charme. Un ''Animato'' conclut en apothéose avec des recherches harmoniques nouvelles chez Grieg, unissant manière élégiaque et verve, jusqu'à une coda irrésistible dans son crescendo étourdissant.

Vineta Sareika, par ailleurs premier violon du Quatuor Artemis, et Amandine Savary, pianiste et chambriste renommée, livrent de ces trois pièces des exécutions magistrales. Depuis la version de Maria João Pires et d'Augustin Dumay (DG, 1993), on n'avait pas entendu pareille complicité. La symbiose est parfaite entre deux musiciennes qui n'en sont pas à leur première collaboration. Au violon habité et solaire de Sareika répond le pianisme expressif et structuré de Savary.

La prise de son ménage un équilibre satisfaisant entre les deux voix comme une image sonore cohérente et très présente.

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Jean-Pierre Robert            

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