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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD: Tanguy de Williencourt joue les transcriptions de Wagner par Liszt

CD Tanguy de Wiellencourt

Transcriptions des œuvres de Richard Wagner par Franz Liszt : « La mort d'Isolde » (Tristan und Isolde). « Walhalla » (Der Ring des Nibelungen). « Fantaisie sur des thèmes de Rienzi ». « Chœur des fileuses », « Ballade de Senta » (Der Fliegende Holländer). « Am stillen Herd » (Die Meistersinger von Nürnberg). « La Marche solennelle vers le Saint Graal » (Parsifal). Ouverture de Tannhäuser. « L'entrée des invités à la Wartburg », « Récitatif et Romance à l'étoile », « Chœur des pèlerins » (Tannhäuser). « Le rêve d'Elsa »,  « Procession d'Elsa vers la cathédrale », « Fête et chant nuptial », « L'admonition de Lohengrin envers Elsa » (Lohengrin).
Prélude de Tristan et Isolde (transcription de Thierry de Williencourt)
Franz Liszt : « Am Graben Richard Wagner »
Richard Wagner : Élégie
Tanguy de Williencourt, piano
2CDs Mirare : MIR 382
Durée des CD : 60'+66'
Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange(5/5)

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Fière idée de présenter l'ensemble des transcriptions que Liszt fit des œuvres de Wagner. Preuve d'une amitié doublée d'une mutuelle admiration entre deux génies du XIX ème siècle. « Quel défi que de transposer l'édifice multidimensionnel wagnérien à l'unilatéralité du piano, gageure dont Liszt déjoue les pièges et franchit les obstacles en les sublimant », souligne Tanguy de Williencourt, artisan de cette magistrale entreprise.

Comme il le fit pour bien des opéras de son époque, Franz Liszt a transcrit au piano plusieurs pages de ceux de son ami Richard Wagner. Entre 1848 et 1883, ce seront 15 transcriptions de thèmes de Rienzi à Parsifal. On sait le pianiste-compositeur à l'aise dans ce genre qui ne se résume pas à la simple paraphrase, mais vise une traduction aussi fidèle que possible de l'esprit de l'œuvre originale. Non pas littéralité donc, mais une certaine marge de liberté qui peut aller jusqu'à la re création avec la fabuleuse virtuosité qu'on lui connait. En tout cas, la « qualité à conserver l'essence du foisonnant univers wagnérien, tout en y insufflant sa propre magie compositionnelle et pianistique », relève le présent interprète. Si Liszt a choisi parmi les pages les plus inspirantes, les deux drames wagnériens qui l'ont particulièrement inspiré sont Lohengrin et Tannhäuser. C'est avec l'Ouverture de Tannhäuser que Liszt débute en 1848 ces transcriptions. Tout y est magistralement restitué par des procédés aussi variés qu'ingénieux. Au point que Wagner se demandera si la pièce ne préexistait pas pour piano seul ! L'évocation de l'univers enivré du Venusberg y est particulièrement réussie comme la reprise du premier thème de marche avec ses gammes enjolivées à la main droite. Viendront aussi « Récitatif et romance à l'étoile », tiré du III ème acte, « Entrée des invités à la Wartburg », du II éme acte, et la « Marche de pèlerins » au suivant, qui retrouvent la patte originale, justement variée dans la technique pianistique. De Lohengrin, Liszt a commis quatre transcriptions : le « Rêve d'Elsa », à l'atmosphère séraphique et d'une extrême douceur, la « Procession d'Elsa vers la cathédrale », au II ème acte, où Liszt, en fin de morceau, accole le thème de la fin du prélude de l'opéra, en en préfigurant le dénouement, puis « Fête et chant nuptial » débutant le III ème acte, et enfin « L'admonition de Lohengrin envers Elsa », page irradiant de bonheur qu'interrompt le surgissement de la question  interdite. Du Vaisseau fantôme, ce sont successivement le « Chœur des fileuses », où par une fine guirlande de notes est restitué le son des rouets en action, et la « Ballade de Senta » contrastant la ligne de chant immaculée de l'héroïne et la matière plus grave, comme en fusion, d'un orchestre tourmenté.

La « Fantaisie sur des thèmes de Rienzi » présente un pot pourri autour de l'air du personnage titre, dit ''Prière de Rienzi'', grande page un peu pompeuse, que suit un déferlement d'arpèges figurant les chœurs. « Am stillen Herd », tiré du Ier acte des Maîtres Chanteurs de Nuremberg, l'air où Walther décrit la beauté de la nature, et qui malgré sa gaucherie, mais pas sa naïveté, séduit Hans Sachs, est prétexte chez Liszt  à une sorte de libération du chant, enjolivé ici d'une sorte de sentiment d'improvisation par des effets pianistiques pratiquement inédits. « La mort d'Isolde », sans doute la transcription la plus jouée en concert, offre une rare fusion entre ce qui ressort de la voix et de l'orchestre, du frémissement de la parole d'Isolde aux grands climax de la fin de l'œuvre. Du Ring, Liszt ne transcrira qu'un morceau. « Walhalla », nous transporte à la fin de L'Or du Rhin, à partir de la merveilleuse transition qui voit l'atmosphère s'éclaircir peu à peu pour amorcer  la monter vers le Burg, jusqu'à une conclusion grandiose. « La Marche solennelle vers le Saint Graal », tirée du Ier acte de Parsifal, ultime transcription écrite en 1883, est épurée, renonçant à toute virtuosité, dans la dernière manière de Liszt : ouvert par l'appel des cloches de Montsalvat, dans un effet de lointain, que suit l'entrée cadencée du chœur des Chevaliers, elle est dominée par le motif du Graal. La pièce « se concentre sur l'essentiel, ouvrant un espace de spiritualité », souligne le pianiste.

Tanguy de Williencourt fait montre d'une réelle empathie pour ces musiques qu'il défend avec panache. On admire la maitrise des exigences de virtuosité parfois diabolique, en particulier la manière dont sont sculptés les divers thèmes, souvent enchevêtrés, et comme sont amenés les grands climax. Et surtout l'intuition pour trouver la juste atmosphère de chaque morceau et ses variations d'intensité. Qu'on peut encore apprécier dans sa propre transcription du « Prélude de Tristan et Isolde ». Sans parler de ses dons musicologiques quant aux fines analyses figurant dans la notice accompagnant les disques.

L'enregistrement effectué au CNSMP est d'une brelle présence.

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Jean-Pierre Robert

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