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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : « I Got Rhythm » David Lively joue les américains

I got rythm david lively

« I Got Rhythm ». Pièces pour piano de Scott Joplin, Louis Moreau Gottschalk, Charles Ives, George Gershwin, Aaron Copland, Samuel Barber, William Albright, Eliott Carter et William Bolcom
David Lively, piano
1CD La Musica : LMU011 (Distribution : Harmonia Mundi)
Durée du CD : 73'10
Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

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David Lively, le plus américain des pianistes français, a imaginé une plongée dans la musique de ses racines. « L'expatrié apprend qu'il n'y a de retour que dans son cœur », confie-t-il. « I Got Rhythm » est le titre d'un morceau culte de Gershwin. Fil conducteur du programme, ce ragtime est aussi le sésame pour revivre le rêve américain, décliné ici par une poignée de compositeurs qui ont puisé leur inspiration aussi bien dans le jazz et la musique populaire que dans la musique dite savante telle que pratiquée en Europe. Dans un domaine finalement peu représenté au disque, ce récital est plus que bienvenu : il s'impose.

A tout seigneur, George Gershwin n'a pas seulement confié ses fameuses inspirations rythmiques au répertoire symphonique ou à la comédie musicale. Ses compositions pour le clavier méritent le détour. Le Songbook qu'il a écrit entre 1919 et 1930, renferme des arrangements pour piano seul de plusieurs de ses chansons. S'y mêlent le jazz mais aussi de lointaines influences de Chopin comme des musiciens français. Au centre, bien sûr, le ragtime. Si « I Got Rhythm » en est la signature, il n'est pas le seul à nous emporter dans son irrésistible diablerie : « Fascinating Rhythm » ou « Swanee » en sont d'autres bons exemples. On trouve encore des tunes proches de l'élégiaque (« The Man I Love »). Autre nom connu, Aaron Copland, qui s'est formé en France, intègre dans ses Four Piano Blues aussi bien des influences européennes que le jazz. Mais il n'y a pas qu'eux au panthéon des maîtres nord américains du clavier. Bien d'autres musiciens s'étaient déjà inscrits dans ce genre. Ainsi de Louis Moreau Gottschalk (1829-1869), pianiste virtuose, qui dans ses pièces pour son instrument puise dans la veine populaire et annonce le ragtime. Mais aussi de Scott Joplin, en particulier dans son «  Maple Leaf Rag » qui établit définitivement la mode du rag. Puis de Charles Ives dont le morceau «  Some Southpaw Pitching » croise en un pèle mêle digne de Satie, influences de Chopin et des maîtres américains.

Avec Samuel Barber et ses Excursions op. 20 on touche au folklore : « Des Excursions en petites formes classiques à travers les idiomes régionaux américains », selon l'auteur. Plus près de nous, William Albright (1944-1998) remet au goût du jour le ragtime : la pièce « Hoedown » l'introduit dans un chant paysan des Appalaches, curieusement accolé à un tempo de habanera, le tout traversé d'accords percussifs, et empreint d'une fluidité presque debussyste. Un vrai déluge sonore. William Bolcom (*1938) le cultive tout autant dans The Garden of Eden de 1969, dont Lively joue «  The Serpent's Kiss » : ce ''Rag Fantasy'' est un feu d'artifice. Eliott Carter (1908-2012) est un compositeur cher au cœur de l'interprète : Two Thoughts about the Piano, composé en 2005/2006, cultive un pianisme ésotérique et audacieux : « quintessence stylistique de la dernière manière du compositeur », selon Lively, pour ce qui est de la première pièce « Intermittences », et « pur défi pianistique » s'agissant de la seconde « Caténaires » avec ses répétitions incessantes et son effet de martèlement entêtant.

Dire que les interprétations de David Lively sont idiomatiques semble relever de l'évidence tant cela sonne avec panache. Il se fait - et nous fait - plaisir dans ce voyage au bout du rêve américain : stupéfiante maitrise des intrications rythmiques souvent déconcertantes parce qu'inattendues, tellement séduisantes, différentiation de la dynamique faramineuse, grâce à un jeu très pédalé, esprit et humour malicieux dans les fins de phrases. Par dessus tout, art de suggérer l'ambiance de chacune de ces courtes pièces qui ne demandent pas autre chose que pareil traitement ! Au final, un hommage enthousiasmant au patrimoine nord américain.

Pour ce qui est de la prise de son, le Steinway est saisi dans une acoustique flatteuse. L'instrument sonne avec un rare éclat dans toutes ses harmoniques et ses formidables possibilités percussives.

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Texte de Jean-Pierre Robert    

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David lively

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