CD : "Pièces de clavecin du Troisième Livre" de Couperin par Blandine Verlet
François Couperin : Pièces de clavecin du Troisième Livre, 13 ème et 18 ème Ordre
Blandine Verlet, clavecin
1CD Aparté : AP 170 (Distribution : PIAS)
Durée du CD : 56'25
Note technique : 
(5/5)
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La grande Blandine Verlet se fait rare au disque. Si elle y revient c'est pour honorer un compositeur cher à son cœur : François Couperin dont elle joue des pièces du Troisième Livre. Une magistrale suite à son précédent CD chez le même éditeur, paru en 2012. Une égale réussite.
François Couperin (1668-1733), organiste à l'église Saint-Gervais de Paris puis à la Chapelle Royale, tient sa célébrité de son œuvre pour le clavecin. On lui doit un nombre significatif de pièces réparties en quatre Livres, eux-mêmes subdivisés en Ordres, et composés entre 1713 et 1730. Le Troisième Livre, de 1722, comprend ainsi 7 Ordres (de 13 à 19) et est encore plus abouti que les deux précédents, par une écriture novatrice et un ton plus gai et plus imagé. Blandine Verlet a choisi de jouer les pièces du 13 ème et du 18 ème Ordre. Le 13 ème Ordre contient plusieurs pièces isolées comme « Les Lys naissants » ou « l'Âme-en-peine », qui sont des peintures de caractère, la première devant être jouée ''Modérément et uniment'', la seconde ''Languissamment'' où fleure l'émotion contenue de quelque état douloureux. Il comprend surtout « Les Folies françaises, ou les Dominos », sorte de divertissement pittoresque décliné en douze très courts morceaux appelés ''couplets'', frappés aux couleurs des dominos, c'est à dire de masques. Sont suggérés des états, et l'allégorie est alors reine. Ainsi, par exemple, « La Pudeur sous le domino couleur de rose », « L'Ardeur sous le Domino incarnat », « La Langueur sous le Domino violet », ou « La Jalousie taciturne sous le Domino gris de maure ». On y trouve aussi et là encore, des traits de caractère tel que « Les Vieux Galants et les Trésorières surannées sous les Dominos pourpres et feuilles mortes », amusante moquerie de pédants, figurés par le jeu dans le grave de l'instrument, ou « Les Coucous bénévoles sous des Dominos jaunes », énigmatique singerie à la rythmique très marquée. Le 18 ème Ordre regroupe des pièces aux noms évocateurs comme « Le Turbulent », « L'Attendrissante », dont le contenu se traduit par l'indication de jeu, ''Très vite'' dans le premier cas, ''Douloureusement'' dans le second. On y trouve aussi une allemande grave ou encore des pièces imagées comme « Le Tic-toc-choc ou les Maillotins », de forme imitative, dite ''pièce croisée'' par l'accouplement des claviers, sonnant comme une mécanique presque enivrante. De même en est-il du « Gaillard boiteux », à jouer ''dans le goût burlesque''. Sa rythmique déhanchée bien martelée est également imitative. En guise de bis, Blandine Verlet joue « La Favorite », extraite du Troisième Ordre du Livre I : une chaconne profonde et mélancolique, de facture presque orchestrale, où est particulièrement mis en valeur le registre grave du clavecin.
La grande dame du clavecin français donne une leçon de beau style et ne cherche pas la virtuosité de pièces qui elles-même ne passent pas par l'effet. Les tempos rapides se font mesurés et on savoure une manière souple et allégée, un discours sans affèterie où poésie et maitrise ne font qu'un pour illustrer toute la palette de Couperin. Elle joue une copie (1985) d'un clavecin de Andreas Ruckers de 1636.
Pour ce qui est de la qualité d'enregistrement, dans une acoustique ouverte, l'instrument est restitué fidèlement dans tous ses registres dont des graves somptueux.
Texte de Jean-Pierre Robert
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