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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : « Échos, à travers Espace et Temps », récital de Lieder

strauss richard echoes through space time label odradek ean 0855317003387 genre classique

Lieder de Richard Strauss, et de Hugo Wolf, Alban Berg, Johannes Brahms, Alexander von Zemlinsky et Erich Wolfgang Korngold
Claudia Moulin, soprano, Grégory Moulin, piano
1CD Odradek : ODRCD 338 (Distribution : UVM)
Durée du CD : 56'23
Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise (4/5)

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Pour leur premier récital, la soprano luxembourgeoise Claudia Moulin et son partenaire à la scène comme à la ville Grégory Moulin proposent de mettre en regard un bouquet de Lieder de Richard Strauss avec ceux de musiciens contemporains, de Brahms à Berg, de Zemlinsky à Korngold. Et ainsi de focaliser sur des liens et correspondances, voire des clins d'œil aussi bien textuels que musicaux. Démarche aussi originale qu'enrichissante.

L'idée du programme est née de la passion de la chanteuse pour l'univers du Lied de Richard Strauss : un coup de foudre, pour la perfection de ligne vocale, mais aussi devant une partie de piano qui dépasse le simple accompagnement. De fait, Strauss a composé des Lieder durant toute sa vie créatrice, même si la production s'est raréfiée durant les années consacrées aux grands opéras, pour réapparaitre tout à la fin avec les magnifiques Vier Letzte Lieder. Cette volonté de s'exprimer par le truchement de la mélodie répondait à un besoin intérieur chez le compositeur, fasciné par la voix, de femme en particulier. Son épouse, la chanteuse Pauline de Ahna, dédicataire de bien des pièces, n'y sera pas pour rien ! Le fil conducteur du présent programme est donc là. Mais pas uniquement. Car comme l'expose le pianiste lors du concert de lancement du disque à l'Institut Goethe de Paris, devant un parterre bien fourni, le but est aussi une mise en abime, à travers des groupes de quatre mélodies, de la poétique de Strauss et d'autres musiciens. Une entreprise simplement artistique, précise-t-il, et non musicologique. L'auditeur doit déceler des échos entre des pièces reliées par une parenté plus ou moins apparente, voire même réunies dans un schéma dramaturgique. Comme il en est du groupe associant Zemlinsky et Strauss : du premier, « Sonntag » (Dimanche), à la poétique radieuse, et « Meeraugen » (Les yeux de la mer), comme martelé par le mugissement des vagues, on passe au second avec « Ruhe, meine Seele! » (calme-toi, mon âme) – tiré de l'op. 27, cadeau de mariage à Pauline de Ahna - où la voix se fait énigmatique sur un accompagnement d'accords, puis « Freundliche Vision » (Vision amicale), comme des états d'âme en répons. On admire aussi bien les rapprochements entre Hugo Wolf et l'auteur du Chevalier à la rose, dans le premier groupe de Lieder proposé, que la savante alchimie le reliant à Brahms, « Die Mainacht » (La nuit de Mai) de ce dernier trouvant son écho dans « Die Nacht » (La nuit) de Strauss. Comme avec Alban Berg, confrontation toute aussi singulière, avec en miroir « Die Nachtigal » (Le Rossignol) de celui-ci et « Blauer Sommer » (L'Été bleu) de Strauss, où les influences sont patentes. Rapprocher Korngold et Strauss relève tout autant d'une fine perception des deux langages. 

Claudia et Grégory Moulin se sont rencontrés en 2007 à l'Atelier lyrique de l'Opéra National de Paris. Depuis ses premiers pas parisiens sur scène (''petits'' rôles dans Rigoletto, Die lustige Witwe, La Cenerentola, ...), elle mène également une carrière de soliste. Elle a fait partie en 2011 du Young Singer Project du Festival de Salzbourg. Les présentes interprétations se signalent par leur sincérité et une réelle empathie pour ces musiques. Le timbre de soprano large et chaud se prête à l'extrême flexibilité requise pour épouser les mélismes de Strauss comme des autre musiciens abordés. Son partenaire offre un pianisme habile, savamment contrasté. Un duo à suivre.

La prise de son chambriste favorise la voix, ce qui n'exclut pas une certaine dureté par endroits – impression gommée lors du concert - et la sonorité du piano est enveloppante quoique pas assez centrée. Un regret : eu égard au propos, il est dommage que la plaquette du disque ne comprenne pas le texte des Lieder et une traduction.

Texte de Jean-Pierre Robert   

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