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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : "Alceste" de Lully par Christophe Rousset et Les Talents Lyriques

cd alceste lully

Jean-Baptiste Lully : Alceste ou Le triomphe d'Alcide, tragédie en musique en un prologue et cinq actes. Livret de Philippe Quinault.
Judith Van Wanroij (Alceste, La Gloire), Edwin Crossley-Mercer (Alcide), Emiliano Gonzalez Toro (Admète, 2ème Triton), Ambroisine Bré (Céphise, Nymphe, Proserpine), Douglas Williams (Lycomède, Charon), Étienne Bazola (Cléante, Straton, Pluton,
Éole), Bénédicte Tauran (Nymphe, Thétis, Diane), Lucia Martin-Cartón (Femme affligée, Une Ombre), Enguerrand de Hys (Lychas, Phérès, Alecton, Apollon, 1er Triton, Suivant de Pluton).
Chœur de Chambre de Namur. Les Talens Lyriques, dir. Christophe Rousset.
2CD Aparté : AP164 (Distribution : PIAS)
Durée des CD : 80'+70'59
Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

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Christophe Rousset poursuit sa méthodique exploration des opéras de Lully avec Alceste. Deuxième tragédie en musique de son auteur et fruit de la collaboration avec Philippe Quinault, elle voit le jour à l'occasion des fêtes des Divertissements de Versailles en 1674. Ce qui fait la force du présent enregistrement, c'est l'engagement d'une équipe soudée autour d'un chef qui connait intimement cette musique et sait en communiquer toutes les secrètes beautés. Il a été conçu autour d'une exécution de concert donnée en juillet 2017 au Festival de Beaune.

Alceste emprunte à la tragédie grecque, celle de l'œuvre éponyme d'Euripide. A la différence de ce qu'en fera plus tard Gluck, la trame des amours contrariés d'Alceste est abordée ici autour de quatre personnages : Alceste est convoitée par Alcide - qui n'est autre qu'Hercule -, alors qu'elle est promise à Admète, et que Lycomède se verrait bien aimé d'elle. Blessé, Admète ne pourra être sauvé que si quelqu'un se sacrifie à sa place. Alceste s'offre. Alcide promet de la soustraire aux Enfers si Admète lui cède la place. Mais ému par les adieux déchirants des deux amants, il décide de renoncer à la belle princesse et la laisse épouser Admète. Au final, le ''triomphe d'Alcide'' est un triomphe sur lui-même. Une magnanimité qui veut, bien sûr, louer celle du Prince régnant, Louis XIV. Une intrigue secondaire, autour des amours de Céphise, confidente d'Alceste, assortit cette trame tragique d'une note plus légère, et une pléiade d'autres personnages épisodiques pimentent l'histoire. La qualité littéraire du livret est au soutien d'une musique qui si elle n'a pas toujours le mordant de Rameau, possède bien des ramages. A commencer par un indéniable impact dramatique et une réelle aptitude aux rebondissements. Le récitatif tire sa force de ce qu'il est calqué sur les impulsions de la déclamation. Plusieurs scènes spectaculaires émaillent le récit (la tempête marine du I, le siège de l'île de Scyros au II, la fête infernale des Enfers au IV), prétextes à une musique descriptive, haute en couleurs, qui fera flores dans les tragédies lyriques ultérieures de Lully, comme Atys.         

L'interprétation que propose Rousset et ses forces des Talens Lyriques, qui fêtent, entre autres, avec cette prestation, 25 ans de collaboration, est en tous points une réussite. Rousset possède cette musique dont il s'est fait une spécialité au fil des albums successifs. On admire le raffinement sonore, les nuances infinitésimales qu'il obtient de ses musiciens et un art consommé pour différencier les climats. Ainsi au IV ème acte, de l'étonnante impression tragi-comique marquant l'introduction de la scène des Enfers, et plus loin, les divers ''Airs'' enlevés, paradoxaux dans ce contexte sévère. Cela respire la vie même et ses divers états souvent contradictoires. Le continuo est expressif, favorisant une belle et noble déclamation. Celle-ci, le formidable Chœur de Chambre de Namur se l'approprie, non seulement par son habituel sens de la précision, mais encore par une extrême articulation et une véritable élasticité dans le discours. Réunion de talents confirmés et de voix nouvelles, les solistes habitent avec maestria une extrême variété d'affects. Edwin Crossley-Mercer pare le rôle d'Alcide/Hercule d'une vraie noblesse de ton, outre la beauté intrinsèque de son timbre de baryton. Emiliano Gonzalez Toro offre en Admète les prestiges d'un ténor expressif, et la soprano Judith Van Wanroij une émotion vraie jusqu'à l'affliction pour camper la figure d'Alceste. On saluera une constellation de jeunes pousses assimilant à la perfection le style lullyste et se pliant avec aisance à la diversité des rôles qui leur sont attribués : Ambroisine Bré, soprano radieux, Douglas Williams, basse bien sonore, le baryton Étienne Bazola, le ténor Enguerrand de Hys, ou encore les sopranos Bénédicte Tauran et Lucia Martin Cartón. Des noms à retenir, qui achèvent de faire de cette exécution une somme remarquable. 

L'enregistrement, effectué Salle Gaveau, en condition de studio, offre une image parfaitement naturelle, d'une grande immédiateté. On remarque aussi une mise en espace adroite.

Texte de Jean-Pierre Robert

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