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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Debussy, Ravel et Szymanowski par le duo Robilliard & Kouider

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Claude Debussy : Sonate pour violon et piano. Karol Szymanowski : Mythes op. 30. Reynaldo Hahn : Nocturne en mi bémol majeur. Maurice Ravel : Sonate pour violon et piano N° 2.
Fanny Robilliard, violon, Paloma Kouider, piano
1CD Evidence : EVCD039 (Distribution : PIAS)
Durée du CD : 55'58
Note technique : 5/5

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Deux des membres du Trio Karénine, Fanny Robilliard et Paloma Kouider, se réunissent pour dialoguer dans des sonates pour violon et piano du début du XX ème siècle, et associer Debussy, Ravel, Hahn et Szymanowski. Un programme hors des sentiers battus. Qui se révèle un vrai bijou d'intelligence musicale. 

On n'éprouve que du bonheur devant l'équilibre subtil insufflé par les deux musiciennes à la Sonate pour violon et piano de Debussy, grâce à la clarté gallique du jeu et une complicité innée dans l'échange. La douce luminosité du violon fait d'emblée jeu égal avec la limpidité du piano. A l'« Intermède », le fantasque se fait aussi espiègle. Elles prennent le finale « très animé » d'abord confortable avant de le mouvoir généreusement, la parenthèse orientaliste contrastant adroitement avant l'ultime crescendo. Une vision qui ne pâlit pas devant celle de la paire Capuçon-Chamayou, récemment recensée ! La Sonate pour violon et piano N° 2 de Ravel est abordée avec la sobriété exigée par l'auteur. On admire l'épure du discours dans l'allegretto initial où l'entrelacs entre violon et piano parait frôler l'idéal, et la fusion parfaite des deux voix que le maître jugeait pourtant comme « essentiellement incompatibles »... Avec « Blues », on pense à l'épisode de la « tasse chinoâse » de L'Enfant et les Sortilèges, avec ses déhanchements caractéristiques. L'irrésistible crescendo quasi orchestral fait penser à la fin du Concerto en sol. Le « Perpetuum mobile » est justement inexorable, comme l'envoûtant Boléro, et l'on perçoit, fugace, quelque manière à la Gershwin. Quelle rythmique, violon et piano parfaitement déjantés ! Là encore une interprétation de haut vol. Elles ajoutent le peu joué Nocturne en mi bémol majeur de Reynaldo Hahn, « une pièce qui a la légèreté et le drame passager de la musique de salon, d'une profondeur éphémère mais qui finit par trotter dans la tête comme ''la petite musique'' de la sonate de Vinteuil », remarque Paloma Kouider.

Elles juxtaposent surtout à ces chefs-d'œuvre un autre authentique joyau : Mythes de Karol Szymanowski. Ce triptyque, écrit en 1915, introduit « une nouvelle forme d'expression dans le jeu du violon », selon le musicien polonais. De par ses audaces harmoniques la pièce est au confluent de l'impressionnisme et du modernisme, et finalement proche dans l'esprit du dernier Debussy et de l'exotisme ravélien. Ce qui explique nul doute combien les deux interprètes se l'approprient. Qui se mesurent, cette fois, à l'interprétation renommée de Krystian Zimerman et de Kaja Danczowska (DG). Là encore avec brio. Que ce soit dans la partie ardue de violon caracolant dans le registre suraigu, comme il en est de la grande courbure à l'entame de « La fontaine d'Arethuse », ou pour ce qui est du jeu presque symphonique du piano dans « Narcisse », un moment d'intense lyrisme. « Dryades et Pan » compose un finale plein de rebondissements aux figures étranges, presque hypnotiques dans la partie de violon au fil d'une section contemplative, elle-même interrompue par quelques pirouettes, les ultimes pages associant mystère et facétie. Du grand art !

L'enregistrement, parfaitement chambriste, propose une belle fusion des deux voix.

Texte de Jean-Pierre Robert 

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