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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

CD : Intégrale des Sonates pour piano de Serge Prokofiev, par Natalia Trull

PROKOFIEV Natalia Trull

Notation : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge

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Pianiste aux moyens phénoménaux, Serge Prokofiev se montre novateur dans le domaine de la Sonate pour piano tout en assumant une certaine continuité avec les grands compositeurs russes du passé. Ses premières Sonates s’échelonnent de 1909 (Sonate No1) à la Sonate N°5 composée en 1923, Sonate que Prokofiev remaniera en 1953.

Les Sonates N°7 et N°8 occupent une place à part dans l’œuvre pour piano du compositeur puisqu’elles sont composées durant la seconde guerre mondiale, épisode crucial pour la Russie qui doit faire face à une force bestiale et féroce : l’envahisseur nazi. Dans le domaine symphonique Prokofiev apporte également une contribution essentielle à la lutte contre l’envahisseur nazi avec ce qu’il faut bien aussi qualifier de Symphonies de guerre : les Symphonies N°5 et N°6. Dimitri Chostakovitch, à l’instar de Prokofiev, apportera lui aussi une formidable contribution à la lutte mortelle livrée par la Russie contre un ennemi impitoyable, avec deux Symphonies composées en 1941 et 1943 : N°7 « Léningrad » et N°8 « Stalingrad ».

 La première Sonate de Prokofiev ne comporte qu’un seul mouvement, un Allegro, où il est possible de déceler quelques réminiscences d’œuvres pour piano de Rachmaninov. La Sonate N°2 qui date de 1912, débute par un Allegro ma non troppo limpide qui sera suivi d’un énergique Scherzo et se termine par un Vivace étourdissant où la griffe de Prokofiev s’impose très nettement. La Sonate N°3, composée entre 1907 et 1917 est, elle aussi, composée d’un seul mouvement, un Allegro Tempestoso d’une grande vélocité. La Sonate N°4 composée entre 1908 et 1917, débute par un Allegro Molto sostenuto assez fantasque et espiègle qui sera suivi d’un Andante Assai mystérieux, évoquant d’étranges paysages nocturnes. Prokofiev termine cette Sonate N°4 par un Allegro con brio ma non leggiere d’allure joyeuse, presque virevoltante. La Sonate N°5 datant de 1923, débute par un Allegro Tranquillo exempt de nervosité et va se conclure par Un poco alegretto teinté d’une ironie légère. La Sonate N°6 est composée entre 1939 et 1940, alors que les menaces sur l’Europe par l’Allemagne nazie se précisent. Cette Sonate comporte quatre mouvements et débute par un Allegro Moderato presque inquiétant, impression qui ne se confirme pas dans l’Allegretto suivant très rythmé, d’un caractère presque facétieux. Le Vivace qui met fin à cette Sonate N°6 possède une belle énergie bondissante typique de l’auteur de Guerre et Paix et de Roméo et Juliette.

La Sonate N°7 composée entre 1939 et 1942 débute par un Allegro inquieto fracassant, d’allure presque martiale et se termine par un Precipitato syncopé presque convulsif. La Sonate N°8 de grandes dimensions, composée durant les heures les plus noires du conflit débute par un Andante dolce dénué de toute agressivité, baigné d’une faible luminosité. Un Vivace étincelant, excentrique et changeant termine cette Sonate. La Sonate N°9 de Prokofiev constitue son dernier témoignage dans cette discipline. Presque aussi développée que la Sonate No8 elle est composée en 1947 alors que les armes se sont tues et que l’Allemagne a capitulé depuis deux années. Elle débute par un Allegretto se déroulant dans une atmosphère presque heureuse, suivi d’un Allegretto strepitoso d’humeur changeante. A nouveau des rythmes déroutants et fantasques font irruption dans l’Allegro con brio qui termine cette Sonate N°9 de Prokofiev.

Elève de professeurs réputés tels que Y.Zak, M.Voskresensky et T.Kravchenko, la pianiste Natalia Trull accomplit ici un parcours sans faute dans ces neuf monumentales Sonates de Prokofiev. Par son jeu dynamique mais jamais brutal, elle révèle l’architecture complexe de ces Sonates, en soulignant également la richesse mélodique inépuisable du grand compositeur russe. Une intégrale des Sonates pour piano de Prokofiev à ne pas manquer.

Texte de Michel Jakubowicz

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