CD : Carl Philipp Emanuel Bach, concertos pour flûte par Emmanuel Pahud
Carl Philipp Emanuel Bach, Concertos pour flûte par Emmanuel Pahud
Kammerakademie Potsdam, Warner Classics
Notation : 
(5/5)
Mozart et Haydn saluaient en Carl Philipp Emanuel Bach, un maître qu’ils vénéraient et à qui ils devaient tant. Les Trois Concertos pour flûte et orchestre présents sur ce CD ont été conçus par Carl Philipp Emanuel Bach dans différentes versions.
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Par exemple, le Concerto en La mineur, certainement un des plus célèbres de ce CD a été prévu dans trois versions : Clavecin, flûte et violoncelle. Le second Concerto en Sol majeur par contre, semble avoir été conçu pour l’orgue ou le clavecin, ainsi que la flûte. Quant au dernier Concerto de ce CD, composé dans la tonalité de Ré mineur, Carl Philipp Emanuel Bach l’a prévu en deux versions : flûte et clavecin. Le premier mouvement du Concerto pour flûte en la mineur, Wq 166, H 430 débute par un Allegro assai d’une grande nervosité où percent l’inquiétude et une sorte d’angoisse que l’apparition de la flûte apaise temporairement mais bien vite, l’agitation tourmentée reprend le dessus et le mouvement s’achève dans une tension extrême. L’Andante suivant installe une quiétude relative et permet à la flûte de dialoguer avec les cordes. Quant à l’Allegro assai conclusif, moins tendu et angoissé que le premier mouvement, il oppose dans un combat sans merci la flûte et les instruments à cordes. Le Concerto en Sol pour flûte Wq 169, H 445 débute par un Allegro di molto très développé d’une nature presque sereine, s’opposant fortement à l’atmosphère angoissée qui prévalait dans le premier mouvement du Concerto en la mineur. Le Largo qui suit cet Allegro di molto est empreint d’une douceur inattendue, laissant place à un Presto presque joyeux, dynamique, offrant à la flûte de vastes espaces de liberté.
Le Concerto en ré mineur pour flûte Wq 22, H 425 s’ouvre par un Allegro où à nouveau semble réapparaître une sorte d’anxiété nerveuse que l’apparition de la flûte tempère quelque peu. Le deuxième mouvement, un poco andante est par contre empreint d’un sentiment proche de la sérénité. La folie et la violence font irruption dans le mouvement final un Allegro di molto qui semble vouloir tout emporter sur son passage telle une vague déferlante. Ces trois Concertos pour flûte et orchestre de Carl Philipp Emanuel Bach sont d’une nature souvent inquiète, reflétant l’engagement marqué du compositeur dans le mouvement pré -romantique « Sturm und Drang ». Un mouvement révolutionnaire et pré -romantique qui laissera des traces également chez Mozart et Haydn dans certaines de leurs Symphonies. La virtuosité requise pour exécuter cet Allegro di molto final réclame de la part du flûtiste des moyens phénoménaux. Emmanuel Pahud, dont la formation a été assurée par Michel Debost et Christian Lardé ainsi que par Aurèle Nicolet, est le flûtiste rêvé de ces Trois Concertos pour flûte et orchestre de Carl Phillip Emanuel Bach. En effet, par sa musicalité et sa virtuosité Emmanuel Pahud, possède largement les qualités nécessaires à l’exécution de ces Concertos, superbement soutenu par l’excellent Trevor Pinnock dirigeant avec fermeté les musiciens du Kammerakademie Potsdam.
Michel Jakubowicz