Concert du vendredi 7 octobre 2016 à l'Auditorium de Radio France
Hector Berlioz, Roméo et Juliette, Orchestre Philharmonique de Radio France, Chœur de Radio France ; Jukka-Pekka Saraste, direction et Nicolas Fink, Chef de Chœur.
Avec Géraldine Chauvet, Mezzo-soprano, Yann Beuron, Ténor et Henk Neven, Baryton
Vendredi 7 octobre 2016 à 20h à la Maison de la Radio-Auditorium
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Depuis fort longtemps, Hector Berlioz subit la fascination de l’œuvre théâtrale de William Shakespeare qu’il a pu découvrir dès 1827 au Théâtre de l’Odéon.
C’est ainsi qu’il compose non seulement une Ouverture pour Le Roi Lear mais surtout son unique opéra-comique : Béatrice et Bénédict. Pour Roméo et Juliette, Berlioz opte pour une forme tournant délibérément le dos à l’opéra puisqu’il décide que cette œuvre sera intitulée Symphonie dramatique. Terminée le 8 septembre 1839, l’œuvre sera finalement créée le 24 novembre 1839 au Conservatoire de Paris. C’est avec l’orchestre seul que Berlioz débute sa Symphonie dramatique Roméo et Juliette avec une Introduction pleine de fureur et d’inquiétude symbolisant l’atmosphère tendue existant entre les deux familles qui depuis toujours se livrent un combat sans merci : Capulets et Montaigus. L’orchestre dépeint avec violence et démesure les combats opposant ces deux familles qu’une haine ancestrale semble séparer à jamais. Après une intervention chantée de la Contralto solo, du Ténor solo et du petit Chœur se place un Scherzetto qui nous permet de faire connaissance avec un personnage issu directement du monde des rêves puisqu’il s’agit de La Reine Mab dont le Ténor solo et le Chœur nous dressent un portrait fantasque relevant de la plus haute fantaisie. L’orchestre seul avec un sens aigu de l’expressivité nous dépeint Roméo seul, livré à la tristesse puisque séparé de sa bien-aimée, Juliette. Une tristesse vite dissipée puisque bientôt une musique issue d’un bal fait soudain irruption, ainsi que l’écho d’une fête donnée chez Capulet. Une partie capitale de cette Symphonie dramatique introduit la Scène d’amour confiée uniquement à l’orchestre qui permet à Berlioz de déployer toute sa passion, exaltant la pureté des sentiments ressentis réciproquement par Roméo et Juliette. A nouveau un personnage inouï, produit d’un rêve hors du temps fait sa réapparition : La Reine Mab, ou la fée des songes : Scherzo. Berlioz réalise cet épisode féérique avec une orchestration prodigieuse de légèreté et de grâce. Mais les choses vont rapidement s’orienter vers le tragique lorsque Juliette sera transportée dans son tombeau avec toutes les apparences de la mort. Trompé par son apparence, Roméo désespéré, se donne la mort alors que Juliette vient juste de sortir d’un sommeil profond obtenu par une drogue fournie par le Père Laurent. Bref délire des deux amants qui enfin se retrouvent mais bientôt Roméo expire, ne laissant à Juliette qu’une issue : le suivre dans le trépas. Berlioz pour ces scènes terribles fait à nouveau appel au seul orchestre, traduisant ainsi magistralement les dernières affres subies par les deux amants. Dans la dernière scène de cette Symphonie dramatique de Berlioz se place l’épisode final où le Père Laurent explique le subterfuge qu’il a du mettre en pratique afin de soustraire Roméo et Juliette à la fureur de leurs deux familles. Il soumet Capulets et Montaigus à une rude épreuve en leur montrant le résultat désolant de leurs déchirements qui ont abouti à la mort des deux jeunes gens qu’il avait secrètement mariés. L’œuvre s’achève dans un serment de réconciliation obtenu par le Père Laurent, tout cela traduit dans une apothéose grandiose unissant le Chœur et l’orchestre. Jukka-Pekka Saraste se révèle un étonnant chef berliozien insufflant à l’Orchestre Philharmonique, au Chœur de Radio France et aux solistes vocaux, une vision passionnée d’un chef-d’œuvre de Berlioz trop rarement exécuté au concert.
Michel Jakubowicz
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