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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

CD : Sonates pour violon et piano de Benjamin Godard

BENJAMIN GODARD Sonates CD

Benjamin Godard (1849-1895), Sonates pour piano et violon
Nicolas Dautricourt, violon ; Dana Ciocarlie, piano
Aparté (Harmonia Mundi)
CD I : 44’ ; CD II : 44’
Notation : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

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On peut affirmer sans crainte que Benjamin Godard avec ces quatre Sonates pour violon et piano ouvrait la voie à d’autres compositeurs tels que Saint-Saëns, Franck, Castillon, ou encore Fauré…

Ce goût pour la musique de chambre, plutôt étonnant chez un jeune compositeur français - sa première Sonate est composée alors qu’il n’a que dix-sept ans -, lui vient peut-être de son professeur Richard Hammer (1828- 1907), installé en France depuis 1850, qui fit beaucoup pour faire connaître au public français les œuvres de Schumann et Brahms. Il faut aussi associer à la formation musicale de Benjamin Godard le fait qu’il devint l’élève, alors qu’il n’était âgé que de quatorze- ans, du grand virtuose belge du violon Henri  Vieuxtemps, dont les Concertos pour violon sont encore largement ignorés de nos jours. La Sonate pour violon et piano No1 op.1 débute par un Andante-Allegro assez agité et fiévreux qui, bien sûr, rappelle la première génération du romantisme allemand illustrée par des compositeurs tels que Mendelssohn et Schumann. Le Scherzo qui constitue le deuxième mouvement d’une belle énergie fait plutôt référence à Beethoven et s’efface pour laisser place à un Andante rêveur dans lequel Benjamin Godard essaie d’affirmer sa propre originalité. L’Allegro vivace, qui termine cette première Sonate, affirme une certaine gaieté tout en rappelant encore brièvement l’influence manifeste de Schumann. La Sonate N°3 op.9 cherche désespérément à s’éloigner définitivement de toute influence du romantisme allemand mais l’ombre de Schumann rôde encore en lisière et se matérialise par des sonorités de cor émises par le piano, facétieusement transformé en instrument à vent ! Un Scherzo tient ici lui aussi de deuxième mouvement et affirme une personnalité qui ne doit rien à Mendelssohn et Schumann. L’Andante léger et rêveur n’assombrit pas le discours alerte du violon dialoguant sans fin avec un piano assez  vif ne renonçant nullement  à la véhémence.

Un second CD vif et mouvementé

La Sonate pour violon et piano N°4 op.12 qui débute le second CD commence par un premier mouvement Vivace particulièrement enlevé et plein de bonne humeur, très éloigné des brumes du romantisme allemand chères à Schumann. L’Allegro vivace qui suit est gracieux, enjoué, et multiplie les facéties en tout genre. L’Andante suivant se laisse envahir par les brumes du rêve tout en évitant de s’y faire piéger. Quant à l’Allegro molto qui met fin à cette Sonate pour violon et piano N°4 il semble un temps, opter pour l’agitation et la fièvre sans toutefois y succomber entièrement. La Sonate pour violon et piano N°2 op.2 qui met fin à ce CD II débute par un bref Andante se muant rapidement en un Allegro nerveux et plein de passion. L’intermezzo qui suit est d’une étourdissante gaieté enivrante, bientôt suivi d’un Andante qui s’aventure parfois vers une mélancolie diffuse. L’Allegro qui termine cette Sonate pour violon et piano N°2  semble encore pénétré de la légère mélancolie qui hantait le précédent Andante mais se conclut dans la plus éloquente vivacité.

Des instrumentistes réellement passionnés

C’est à un remarquable duo de musiciens réellement inspirés que nous devons la redécouverte de cette intégrale d’un compositeur français bien oublié : Benjamin Godard. Le violoniste de ce duo émérite n’est autre que Nicolas Dautricourt, qui a joué sous la direction de chefs tels que Leonard Slatkin, Tughan Sokhiev, Paavo Järvi, Mark Foster ou Dennis Russel Davies. Nicolas Dautricourt a aussi l’incroyable privilège de jouer sur un extraordinaire violon signé Antonio Stradivarius, prêté par Bernard Magrez. Dana Ciocarlie, qui tient la partie de piano dans ce CD, se passionne non seulement pour Schubert, Bach, mais également pour la musique contemporaine. La critique musicale n’hésite  pas à la comparer à Wilhelm Kempff et Clara Haskil. Nicolas Dautricourt et Dana Ciocarlie réalisent ici avec un enthousiasme et un engagement exemplaires la première intégrale des quatre Sonates pour violon et piano d’un compositeur français trop longtemps injustement rejeté dans l’ombre et qu’il faut de toute urgence redécouvrir.

Texte de Michel Jakubowicz

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