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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

CD Chopin : Nocturnes par Emmanuelle Swiercz

CD Emmanuelle Swiercz Chopin

Emmanuelle Swiercz, piano
Chopin : Nocturnes
La Musica
CD I : 63’30’’ CD II : 49’57’’
Notation : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

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L’invention du Nocturne peut sans nul doute être attribuée au compositeur irlandais John Field (1782-1837) qui laisse, à côté de 7 Concertos pour piano et orchestre, 4 Sonates pour piano et 18 Nocturnes pour piano. Historiquement donc, John Field a effectivement précédé Frédéric Chopin dans un genre qui mêle aussi bien l’imaginaire, le rêve, ouvrant la voie aux compositeurs dont l’esprit veut s’affranchir des contraintes liées à des formes d’écriture, laissant moins libre cours à l’invention sans limite.
Faisant souvent appel aux sources du fantastique (Edgar Allan Poe et ses Histoires extraordinaires) Chopin va aussi trouver son inspiration du côté des poètes romantiques français. Ces 21 Nocturnes enregistrés ici, comprennent également les Trois Nocturnes posthumes (Nocturne, op. posth.72, Nocturne op. posth. (sans indication de tempo) et le Nocturne, op. posth. (Con gran espression).

Le CD I débute avec les Trois Nocturnes op.9 composés entre 1830 et 1831. Le premier de ces Trois Nocturnes (Larguetto, si b mineur) d’une grande plénitude, est d’une inspiration pleine de luminosité comme une sorte de chant intérieur. Le deuxième Nocturne de l’op.9, un Andante, mi b Majeur (Version avec variantes authentiques) est d’une autre nature. Chopin, sans perdre la fluidité de son style, a tendance à parfois infléchir son discours musical vers une sorte de tristesse contenue. Changement de climat avec le Troisième Nocturne, un Allegretto en si Majeur, dans lequel Chopin, aérien et subtil semble prendre plaisir à nous mener cette fois-ci sur des sentiers enchantés. Avec le Nocturne op. 37 (Andante sostenuto, sol mineur), Chopin privilégie la mélancolie légère, refusant tout dramatisme outrancier. Son écriture atteint ici des sommets de lyrisme intériorisé à l’extrême. Toujours provenant de l’op.37, l’Andantino en sol majeur, contrastant fortement avec le précédent Nocturne op.37 écrit dans la sombre tonalité de sol mineur, apparaît comme baignant dans une sorte de luminosité éclairant les ténèbres.

Avec le Nocturne op 48, en do mineur datant de 1841 qui débute le CD II, nous avons l’impression fugace mais persistante d’entendre d’abord une sorte de glas. Peu à peu cette impression s’efface mais l’atmosphère reste morbide, presque dramatique, jusqu’à la conclusion plus sereine et imaginative qui renonce à l’aspect initial chargé d’angoisse. Le
Nocturne op. posth.72, un Andante en mi mineur, fait alterner le calme et la passion, dans un mélange étonnant de lyrisme et de poésie pure. Le second Nocturne op. posth (sans indication de tempo, do mineur), bien qu’assez bref, est d’une nature bien différente, faisant appel aussi à de grandes envolées lyriques très expressives. Le dernier de ces Trois Nocturnes op. posth (Con grande espressione, en do dièse mineur) est une pièce fort célèbre de Chopin. Rarement autant qu’ici l’âme du musicien s’est manifestée avec une telle force, poussant toujours plus loin la poursuite d’un chant idéal, enfin obtenu.

C’est à la pianiste Emmanuelle Swiercz dont le perfectionnement de la technique pianistique a pu s’approfondir auprès de maîtres tels que Murray Perahia, Leon Fleisher, Michel Béroff, Denis Pascal et Marie-Françoise Bucquet, que revient l’insigne honneur d’interpréter ces 21 Nocturnes de Frédéric Chopin. Le résultat est plus que convaincant car nous découvrons une pianiste qui aborde l’univers très secret, quasi-confidentiel de ces 21 Nocturnes avec non seulement une grande sincérité mais aussi un sens aigu de la poésie indissolublement lié à ces œuvres qui constituent un sommet infranchissable de la littérature pianistique.

Michel Jakubowicz

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