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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Emmanuel Krivine dirige la Chambre Philharmonique

Emmanuel Krivine Philharmonie Paris

La Chambre Philharmonique
Emmanuel Krivine, direction - Svetlin Roussev, violon
Johannes Brahms : Concerto pour violon, Symphonie N°3

Jeudi 10 décembre 2015-20h30
Salle des Concerts - Philharmonie 2

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Malgré les commentaires peu amènes que Fauré et Debussy dispensèrent à l’égard du Concerto pour violon de Brahms, l’œuvre fit son chemin et figure dans le peloton de tête des grands Concertos pour violon (Tchaïkovski, Mendelssohn, Sibelius, Bruch ,Beethoven). Si l’on peut évoquer dans la conception de ce Concerto pour violon de Brahms, l’aide et les conseils que Joseph Joachim procura à Brahms, la pâte orchestrale et le souffle romantique indéniables qui parcourent l’œuvre sont authentiquement représentatifs du style brahmsien.
Composé de 1878 à 1879, ce Concerto pour violon de Brahms sera bien entendu exécuté pour la première fois par Joseph Joachim, le 1er janvier 1879 à Leipzig, Brahms assurant lui-même la direction de l’orchestre. Le premier mouvement de ce Concerto pour violon, un imposant Allegro non troppo, débute par une longue introduction orchestrale. Au cours du développement de ce premier mouvement qui va aussi proposer au soliste une cadence périlleuse, vont aussi apparaître des éléments mélodiques issus de la musique tzigane. Le second mouvement, un Adagio, renoue avec la mélancolie, symbolisée ici par la présence d’un hautbois jouant une mélodie d’une grande beauté, que le violon reprendra à son compte dans de délicates variations. Quant à l’Allegro giocoso, non troppo vivace qui constitue le dernier mouvement, il fait triompher avec encore plus de vigueur et d’éclat, les sources d’origine tzigane qui s’annonçaient déjà dans le premier mouvement.
Avec la Symphonie N°3 op.90 de Brahms qui terminait ce concert, nous ne sommes plus en face de ce qui caractérisait sa Symphonie N°2, c'est-à-dire un monde lumineux, presque léger, semblant célébrer l’esprit viennois. Bien au contraire, dans sa Symphonie N°3, Brahms nous dépeint des paysages sonores que l’on retrouvera dans l’ultime Symphonie N°4. Ce sont en effet les sombres et romantiques aspects de l’Allemagne du Nord qui défilent dans cette Symphonie, nous rappelant au passage que Brahms est natif de Hambourg.

C’est au fameux chef d’orchestre Hans Richter (qui créa et dirigea l’intégralité de la Tétralogie de Wagner en 1876) que revient la création de cette Symphonie de Brahms le 2 décembre 1883 à Vienne. Le premier mouvement de la Symphonie No3 de Brahms, un puissant Allegro con brio, s’avance avec brusquerie, véhément et ombrageux, installant d’emblée un climat de tension et d’orage. Cet aspect tourmenté et violent du premier mouvement va heureusement s’effacer avec le deuxième mouvement, Andante, qui néanmoins va lui aussi introduire quelques motifs d’inquiétude au cours de sa progression, relativisant ainsi l’apparente tranquillité de cet Andante. Le troisième mouvement, indiqué Poco allegretto, nous met en relation avec un Brahms apaisé, presque souriant qui va fortement contraster avec l’Allegro final. Celui-ci ressemble presque à une vague déferlante emportant tout sur son passage. Car c’est bien le souffle de la tempête que l’on croit entendre dans cet Allegro, qui va tout de même se terminer dans une sorte de sérénité précaire…
C’était ce soir-là à la Philharmonie 2, à Svetlin Roussev, violon, d’interpréter la partie soliste du Concerto pour violon de Brahms. C’est d’un archet élégant, nerveux et sensible que Svetlin Roussev vint à bout des multiples difficultés accumulées à loisir dans ce terrible Concerto, admirablement soutenu par Emmanuel Krivine menant avec autorité et souplesse les musiciens de La Chambre Philharmonique. Pour son interprétation de la Symphonie N°3 de Brahms, Emmanuel Krivine prenant le contre-pied d’une tradition souvent chère aux chefs d’orchestre allemands, évita toute lourdeur et toute stagnation à l’œuvre en optant pour des tempos très enlevés, redonnant ainsi à cette Symphonie tout son caractère tourmenté et flamboyant, libérée de toutes ses pesanteurs traditionnelles.

Texte : Michel Jakubowicz
Photos : M2C Grenoble et Artmania Productions



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