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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France du 6 novembre 2015

MYUNG WHUN CHUNG 1115 
Photo © Jean-François Leclercq

Orchestre Philharmonique de Radio France
concert du vendredi 6 novembre 2015, 20h
MYUNG-WHUN CHUNG (direction)
GUSTAV MAHLER : Symphonie No6 en la mineur « Tragique »
maisondelaradio.fr

LA SUITE APRÈS LA PUB

Singulière exception que cette Symphonie No6 dite « Tragique » de Gustav Mahler qui de toutes ses Symphonies est la seule à se terminer d’une façon totalement pessimiste.

En  effet les Symphonies précédentes se terminaient généralement sur une explosion de gloire comme la conclusion de la Symphonie No2 « .Résurrection ».La  Symphonie No3 se concluait, elle aussi, par une apothéose tout aussi éclatante. La Symphonie No8 qui sera créée en 1910 se terminait également par une formidable clameur émanant à la fois des chœurs, des solistes et de l’orchestre. Quant à la Symphonie No9, ultime adieu au monde de la symphonie, elle se termine dans la résignation et le renoncement .Gustav Mahler va composer cette Symphonie No6 durant les étés de 1903 et 1904 alors qu’il peut un peu souffler en se libérant provisoirement de ses lourdes fonctions inhérentes à sa position de Directeur de l’Opéra de Vienne. De même que « Revelge », un lied bâti sur une marche hallucinante et qui fait partie du cycle de lieder avec orchestre de Des Knaben Wunderhorn, le premier mouvement de la Sixième Symphonie de Mahler débute aussi par une marche sinistre, annonciatrice de futures catastrophes que ce siècle meurtrier porte en lui. Seul élément de réconfort auquel Mahler semble s’accrocher avec l’énergie du désespoir : les tintements des cloches de troupeaux provenant de distances incroyables. Symboles de paix au milieu d’un océan de tourments, ces cloches réapparaîtront à plusieurs reprises dans les autres mouvements. Le deuxième mouvement, intitulé Scherzo ne constitue pas une accalmie dans ce déluge de violence sauf dans le Trio qui fait office provisoirement de havre de paix et de tranquillité. Mais tout ceci n’était qu’illusion et bientôt le Scherzo reprend son rythme infernal et grimaçant, se concluant dans la noirceur et l’inquiétude. L’Andante moderato qui constitue le troisième mouvement accentue encore  le sentiment de solitude infini qui parcourait le premier mouvement, sentiment de solitude amplifié par la présence de motifs instrumentaux joués par le cor anglais ainsi que par le hautbois. A nouveau les cloches de troupeaux se font entendre provenant de distances considérables, maintenant un semblant de paix que le moindre souffle pourrait à tout instant anéantir. Le mouvement se termine par de sombres thèmes joués par les violoncelles. Avec le dernier mouvement, Allegro moderato dont la durée approche les trente minutes nous sommes d’abord plongés dans une sorte de cauchemar sonore suggérant sans ménagement que nous côtoyons un gouffre innommable dans lequel à tout instant nous pouvons être précipités. Mais cette impression abominable va s’atténuer progressivement et laisser peu à peu s’imposer un rythme de marche terrifiant dont on peut soupçonner qu’il ne peut que mener à un gouffre effrayant. Au cours de ce mouvement halluciné et frénétique vont retentir les trois coups de marteau symbolisant l’accomplissement d’un destin inexorable et impitoyable. Le mouvement se terminera de la même façon qu’il a débuté, s’abimant dans un crépuscule de terreur pure. C’est à Myung-Whun Chung que revenait ce soir-là l’honneur de diriger cette fatidique et terrible Symphonie No6 de Mahler avec les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Comme à son habitude, le chef coréen dirigeait sans partition, adoptant des tempos plutôt rapides comparés à ceux de chefs d’orchestre mahlériens tels que Klaus Tennstedt ou Sir John Barbirolli. Myung-Whun Chung savait, tout au long de cette Symphonie à la problématique hautement complexe, maintenir avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France, galvanisé, une tension incroyable et ainsi mener à son terme une œuvre que peu de chefs sont capables de maîtriser.

Texte de Michel Jakubowicz



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