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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

CD : M.A Charpentier "Marguerite Louise - Motets pour une princesse"

M A Charpentier Margheritte Louise

Grand orgue & direction : Gaétan Jarry
L’Encelade (Distribution Socadisc et Believe Digital)
Durée du CD  : 67’
Notation : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte(5/5)
www.margueritelouise.com
www.encelade.net

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Si Marc-Antoine Charpentier (1634-1704) qui, ne l’oublions pas, fut l’élève de Carissimi à Rome, a laissé dans le domaine de l’opéra de nombreux témoignages de son génie (Médée, Actéon, les arts florissants, David et Jonathas, les Amours d’Acis et de Galatée, Philomèle) il s’est aussi illustré avec beaucoup d’aisance dans le domaine de la musique religieuse.

En effet il lègue à la postérité douze messes, dont une Messe de minuit, Litanies de la Vierge, de nombreuses cantates ainsi qu’un très fameux Te Deum, plusieurs Magnificat , etc…Mais Marc-Antoine Charpentier s’impose aussi dans la musique instrumentale de son temps avec Ballets des saisons, un Ballet Orphée ainsi que des sérénades  et Ouvertures. Marc-Antoine Charpentier dans ce CD s’applique à un genre dans lequel il a donné le meilleur de son talent : le motet. Dans les six motets qui constituent avec les pièces d’orgue de Jacques Boyvin la totalité de ce CD, Marc-Antoine Charpentier y déploie toutes les facettes de son génie, mêlant la solennité au divin et au sublime. Le CD débute donc par Pour un Reposoir H 523 qui se révèle être en fait le prélude de son Ave Verum  H 329 qui vient en deuxième position dans ce CD. Cet Ave Verum Corpus très exalté, d’une grande puissance évocatrice, fait appel aux voix mixtes et aux instruments. C’est une pièce pour orgue de Jacques Boyvin (vers 1653 ?1706) qui vient à présent succéder à cet Ave Verum Corpus de Marc-Antoine Charpentier. On sait que Jacques Boyvin tint en son temps l’orgue de la Cathédrale de Rouen et l’on connaît de lui deux Livres d’orgue dont le deuxième n’est rien moins que précédé d’un « Traité abrégé de l’accompagnement pour l’orgue et le clavecin ». La pièce d’orgue de Jacques Boyvin (Grand Prélude à 5 parties, à deux chœurs) est d’inspiration solennelle et fait appel à maintes reprises au plein-jeu, ce qui confère à cette pièce un caractère grandiose. Cette impression de grandeur presque écrasante va disparaître dans deux autre pièces pour orgue provenant de la Suite du Quatriesme ton, Premier Livre d’orgue de 1689.En effet ces deux pièces (Trio, Cornet ou Tierce) surprennent par leur caractère intime et presque pastoral. Retour au motet avec Quam dilecta H 186 qui constitue la pièce la plus développée de ce recueil. Marc-Antoine Charpentier donne ici toute la mesure de son génie en multipliant les contrastes obtenus grâce à une écriture proche de l’austérité mais non exempte d’effets sonores glorieux. Avec son De Profundis H 232, Marc-Antoine Charpentier dramatise son discours musical, donnant à cette pièce un aspect douloureux, semblable à une profonde déploration. C’est à nouveau à une pièce d’orgue de Jacques Boyvin de s’imposer après ce motet si étrangement émouvant de Marc-Antoine Charpentier.
Provenant également de la Suite du Quatriesme ton, premier Livre d’orgue de 1689, cette pièce d’orgue (Tierce en taille) est d’une grande douceur et possède un caractère presque extatique, recueilli à l’extrême. Le motet Usquequo Domine H 196 qui fait suite à cette pièce d’orgue est lui aussi plein de retenue et d’austérité, privilégiant dans son instrumentation la présence des flûtes qui donnent  à ce motet toute son intériorité sincère. Enfin c’est à un Dialogue en Fugue de Jacques Boyvin de refermer ce CD. Bien qu’assez brève, cette pièce pour orgue resplendit dans toute sa gloire sonore. Les Six motets interprétés ici sont une sorte d’hommage rendu par Marc-Antoine Charpentier à sa bienfaitrice, la princesse de Joinville dite Mademoiselle de Guise. Ils mettent parfaitement en évidence l’inspiration pleine d’éloquence et de piété de Marc-Antoine Charpentier dans le domaine si particulier du motet et révèlent le considérable talent d’un compositeur bien injustement oublié : Jacques Boyvin.
Gaétan Jarry dirigeant l’ensemble Marguerite Louise, réussit le tour de force d’insuffler aux motets de Marc-Antoine Charpentier une spiritualité sincère, apportant également aux pièces d’orgue de Jacques Boyvin toute leur force et tout leur éclat.

Texte de Michel Jakubowicz

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