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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Concert du 22 mai à Radio France : carte blanche à Bruno Mantovani

Bruno Montavoni Pascal Rophe

Orchestre Philharmonique de Radio France
Neue Vocalsolisten de Stuttgart
Pascal Rophé, direction
carte blanche à Bruno Mantovani
vendredi 22 mai 2015, 20h
Auditorium de Radio France
IGOR STRAVINSKY : Quatre études pour orchestre
BRUNO MANTOVANI :Symphonie No1 «  L’idée fixe » (commande de Radio France- création mondiale)
LUCIANO BERIO : Sinfonia, pour huit voix et orchestre
www.maisondelaradio.fr

LA SUITE APRÈS LA PUB

Bruno Mantovani dont la Symphonie No1 constituera la deuxième partie de ce concert choisissait de faire figurer en début du concert les Quatre études pour orchestre de Stravinsky. A l’origine il s’agit de Trois pièces pour quatuor à cordes composées en 1914 et d’une Etude pour pianola datant de 1917.

Stravinsky, lorsqu’il orchestre ces quatre pièces (entre 1914-1928) donne un titre à chacune d’entre elles. C’est ainsi que successivement l’œuvre se pare des titres suivants : Danse, Excentrique, Cantique et Madrid. Si la première pièce(Danse) semble glaner son inspiration du côté d’une certaine tradition populaire, la seconde( Excentrique) trahit chez Stravinsky l’irrésistible attirance qu’il subit vis-à-vis des musiques et des rythmes venus du music-hall et qu’une œuvre comme Petrouchka revendique ouvertement. La troisième pièce, Cantique qui sollicite beaucoup les cordes dans son orchestration est d’une gravité prenante totalement opposée à la dernière pièce : Madrid presque exubérante sans jamais sombrer dans un pseudo-folklore espagnol. C’est  par un grand promoteur de la musique pour orchestre de son temps: Ernest Ansermet, que ces Quatre pièces pour orchestre seront créées à Berlin le 7 novembre 1930.Bien évidemment  le titre « L’Idée fixe » donnée à la Symphonie No1 de Bruno Mantovani (en création mondiale), renvoie automatiquement à une fameuse Symphonie « Fantastique » d’Hector Berlioz. Car bien sûr nous avons immédiatement en tête ce thème obsédant, qui subissant de multiples métamorphoses va tout au long de l’œuvre d’Hector Berlioz réapparaître constamment dans les cinq parties qui composent la Symphonie Fantastique. Pourtant on cherchera en vain durant toute l’exécution de cette Symphonie No1 qui dure tout de même 30 minutes, une quelconque citation de la Symphonie de Berlioz. L’œuvre de Mantovani puissamment orchestrée fait appel non seulement à une imposante section de cuivres mais utilise également largement les percussions. Bruno Mantovani multiplie les contrastes  violents, opposant avec une certaine dextérité les différents groupes de l’orchestre. Au terme d’un virulent combat résultant de l’opposition frontale des différents pupitres déchaînés de l’orchestre, Bruno Mantovani par une conclusion volontairement abrupte (semblable au couperet qui s’abat dans La Marche au supplice de Berlioz) parvient néanmoins à créer un climat d’apaisement ramenant le calme dans cette tumultueuse Symphonie No1. Bruno Mantovani qui avait carte blanche pour le choix des œuvres composant ce concert optait pour la Sinfonia de Berio en fin de concert. Luciano Berio tout au long de cette œuvre spectaculaire rend hommage non seulement aux grands compositeurs du XIXe siècle et de la première partie du XXe siècle mais aussi à Martin Luther King, à Claude Lévi-Strauss et à Samuel Beckett. La liste des œuvres musicales citées dans la Sinfonia de Berio comprend non seulement le fameux Scherzo de la Deuxième Symphonie de Mahler (omniprésente) mais aussi des fragments du Sacre du printemps de Stravinsky, le Concerto pour violon « à la mémoire d’un ange » de Berg, La Mer de Debussy, La Valse de Ravel… Théoriquement la liste des citations devrait s’arrêter ici , pourtant Luciano Berio rend aussi hommage à Beethoven durant un fort bref instant emprunté au deuxième mouvement de la Symphonie No6 « Pastorale ».Cette Sinfonia de Luciano Berio réussit à construire une incroyable unité malgré l’utilisation du « collage musical » , une technique audacieuse magistralement mise en œuvre ici et que d’une certaine manière un compositeur comme Alfred Schnittke reprendra avec succès dans ses propres œuvres. Pascal Rophé qui dirigeait ce concert obtenait des musiciens de l’Orchestre Philharmonique et des solistes vocaux du Neue Vocal solisten de Stuttgart une approche idéale de ces trois univers musicaux pourtant si différents.

Texte de Michel Jakubowicz



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