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Reportage : Presqu’île de Crozon - Festival Quatuor à l’Ouest - Troisième journée

Samedi 11 mai

La troisième journée du festival Quatuor à l’Ouest, qui, sous un ciel un peu couvert, s’annonce semblable aux précédentes, à peine plus frisquette (mais le reste de la France est sous la pluie), va nous apporter son lot de découvertes. Car le quatuor à cordes est un genre qui sait prendre des multitudes d’aspects.

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C’est dans un lieu pas vraiment prévu pour cela, le collège Jeanne d’Arc de Crozon, mais dont l’acoustique, curieusement, va se révéler acceptable, qu’a lieu le premier concert, à 16h. En entrant dans la salle, pourtant, nous nous étions entreregardés d’un air dubitatif, en considérant sa forme étrange. Cependant, le quatuor Equinoxe, qui y jouait, ne souffrit d’aucune distorsion de son, ni de phénomène d’écho. Comme quoi, tant qu’on n’a pas essayé, on ne peut se prononcer et ce qui montre que l’on peut organiser des concerts, quand on le veut, dans bien des endroits insolites. Pour la première partie, c’est une commande du festival à une compositrice locale, Bernadette Clozel. Clara Abou et Pauline d’Angleterre aux violons, Loïc Douroux à l’alto et Emile Bernard au violoncelle nous interprètent cette composition originale, « Volutes », qui est de bonne tenue, sans recherche d’esbroufe ni de gags sonores qui sont souvent le lot des compositeurs actuels en manque d’inspiration. L’œuvre est de facture moderne, mais écoutable par des auditeurs « normaux ».

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La seconde partie est une réussite étonnante. A partir de la suite pour piano de Maurice Ravel intitulée Ma mère l’Oye, adaptée en quatuor à cordes, Alain Brunier se fait récitant et, reprenant les quatre contes de Charles Perrault (la Belle au bois dormant, le petit Poucet), de Mme d’Aulnoy (le Serpentin vert) et de Mme de Beaumont (La Belle et la bête), il arrête son récit aux instants illustrés par Maurice Ravel qui, en quelque sorte, continue en musique. Le cinquième mouvement, Le Jardin féerique, est introduit par un résumé rapide de ces contes connus de tous et qui sont identiques puisque tous se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. Le résultat est magique, car le texte n’empiétant jamais sur la musique, le public écoute tout, les oreilles émerveillées. La preuve en est que la présence importante d’enfants perturba moins le déroulé de l’œuvre que celle des tousseurs impénitents qui, hélas, sévissent partout. Au total, une œuvre qui mériterait un enregistrement sur CD.

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Le deuxième concert, à 21 h, est dans l’église de Landévennec, face à la mer. Une superbe église avec un retable grand siècle absolument délirant, une statuaire naïve et des peintures qui ne doivent rien à St Sulpice. Un charme rare. Les églises, dans cette presqu’île de Crozon, regorgent d’ailleurs toutes de petits bijoux de cette sorte.

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C’est le quatuor Rincontro qui nous y attend pour un programme très classique. Pablo Valetti et Mauro Lopes Ferreira aux violons, Patrica Gagnon à l’alto et Petr Skalka au violoncelle nous interprètent tout d’abord le quatuor n° opus 2 d’Hyacinthe Jadin (1769-1802). Encore un musicien qui, s’il n’était mort à trente-trois ans, aurait sans doute été une célébrité davantage reconnue. La longévité, à cette époque, fut souvent synonyme de notoriété. Ce quatuor d’Hyacinthe Jadin, en quatre mouvements, est, en tout cas, remarquable et superbement interprété.

Suit, pour nous, une expérience très intéressante, car revoici le quatuor K465 de Mozart, les Dissonances, que nous avons écouté il y a deux jours, interprété par un autre quatuor, le quatuor Ruggieri, qui l’avait joué en insistant sur le préromantisme de cette œuvre étonnante (voir article). Le quatuor Rincontro en donne une version plus mozartienne, plus classique, quoique tourmentée, elle aussi. Sur leurs instruments d’époque, ils nous offrent un Mozart plus conforme à l’image que nous avons de lui, mais terriblement humain.

L’humanité, elle sera en pleine lumière avec le quatuor n° 1, opus 18, de Beethoven qui clôt le concert. Le quatuor Rincontro nous en donne une excellente version, vivante, nerveuse mais sans pathos, véhémente. C’est beau, c’est émouvant. Le public est enthousiaste.

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En bis, ils nous jouent l’adagio d’un quatuor à cordes de Josef Haydn, décidément bien présent dans ce festival Quatuor à L’Ouest.

www.quatuoralouest.org

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