CD : Best of Ravi Shankar
Durée : 59’ 46’’
EUCD 2433
www.arcmusic.co.uk
Notation : 
(4/5)
A l’instar de beaucoup de mélomanes européens, je pense que si des gens comme John Coltrane, George Harrison, Jimi Hendrix, Yehudi Menuhin, ou Paco de Lucia s’étaient abstenus d’admirer Ravi Shankar et de nous le faire savoir, jamais, au grand jamais, nous n’aurions écouté ce joueur de sitar prodigieux.
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C’est cette médiatisation qui, au lendemain de l’année sainte 1968, permit au monde musical de s’ouvrir à l’échelle de la planète, et aux influences de s’interpénétrer. Et l’Occident fit la connaissance des notes coulées, des quarts de ton, et des dimensions démesurées des morceaux qui firent le désespoir des animateurs de radio, toujours en retard sur leur temps, contrairement à ce qu’ils croient. L’avons-nous entendue, cette antienne : « Mais non, c’est pas possible, Coco, un morceau de sept minutes. » Ce CD du best of Ravi Shankar contient en tout et pour tout trois morceaux, respectivement de 29’ 38’’, de 20’ 41’’ et un petit, de neuf minutes dix seulement, mais qui recèle un chorus de tabla. Trois râgas, c’est-à-dire, selon les règles védiques, trois cadres pour improviser des mélodies (rien à voir avec nos gammes ou nos modes). Le premier, mélancolique, va bien avec les jours de pluie, dit le livret. Le deuxième convient à la méditation et le troisième est plus lyrique. Mes copains soixante-huitards écoutaient ça en fumant des pétards. Je vous conseille, plus prosaïquement, d’écouter ces râgas, avec un bon scotch, ou comme me l’a dit un ami (dont l’épouse est danseuse) vautré sur le lit, pendant que votre dulcinée opère lentement un effeuillage (le second râga est idéal). Vingt minutes, il faut être patient, mais l’après-râga, paraît-il, est délicieux. Il faudrait que j’essaie, mais son épouse acceptera-t-elle ?
texte de Michel Laroche