CD : Benoît Delbecq, Fred Hersch - Fun House
Durée : 52’ 38’’
SGL 1600-2
www.songlines.com
www.delbecq.net
www.fredhersch.com
Notation : 
(3,5/5)
Au Musée de Rouen, il y a une toile, peinte en 1880 par Evariste-Vital Luminais (1821-1896), intitulée Les Enervés de Jumièges, en référence aux fils de Clovis II ainsi suppliciés, et si j’étais méchant, je dirais que le CD de Benoît Delbecq et de Fred Hersch m’y fait penser.
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Mais je suis d’un naturel gentil et je me contenterai de dire que ce CD ne vous énervera pas plus qu’un café américain. Pourtant, pas de doute, les musiciens de ce sextet, ou plutôt de ce double trio, sont extrêmement doués. Il y a deux pianistes, Benoît Delbecq et Fred Hersch, deux batteurs, Steve Argüelles et Gerry Hemingway et deux bassistes, et non des moindres, Jean-Jacques Avenel et Mark Helias. Ces deux trios improvisent, s’écoutent, dialoguent avec beaucoup d’intelligence et de complicité, mais entre eux, et semblent se soucier du public futur (l’enregistrement est fait en studio) comme d’une guigne. A part « Night for Day » qui sonne un peu jazz, tous les autres morceaux, même le « Lonely Woman » d’Ornette Coleman, sont languides et minimalistes. Le travail des bassistes, en ce sens, est à louer, car faire vivre des airs aussi désincarnés est, pour eux, un tour de force. Cela tient peut-être au fait que tous les morceaux, sauf deux, le « Lonely Woman » pré-cité et « Fun House » (une antiphrase ?), sont une commande du ministère de la Culture et de la communication. Mais la superbe « Affiche rouge » d’Aragon était aussi une commande. Donc ceci n’explique pas cela. Cela dit, il y a un public qui aime aussi ce genre de musiques. La preuve : les deux pianistes ont récemment remporté chacun le Grand Prix du Disque de l’Académie Charles-Cros, mais ce ne devait pas être avec ce CD-ci.