CD : Amalia Rodrigues - The Queen of Fado
Durée : 51’ 39’’
EUCD 2337
www.arcmusic.co.uk
Notation : 
(5/5)
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Ayant chroniqué le volume deux d’Amalia Rodrigues, Queen of Fado II dans cette même collection (voir article), j’ai eu envie de voir ce qu’avait été le volume un. Le voici, et il mérite tout autant que son successeur les 5/5 que nous lui avons attribué. Et revoici donc la grande Amalia, telle qu’en elle-même, enfin, l’Eternité la change, comme aurait dit ce bon vieux Mallarmé s’il n’avait pas eu peur de faire des alexandrins de treize pieds.
Car on n’y coupe pas. Quiconque veut comprendre le fado se doit de l’écouter, elle, en premier. Le fado commence par elle et revient inéluctablement à elle. Elle est le fado. Tout ce qu’elle touche devient fado. Prenez par exemple le « Ay mourir pour toi » de Charles Aznavour qu’elle interprète en français (plage 8). En trois secondes, la chanson d’amour française (aux paroles un peu exaltées, il faut en convenir, mais ça suit la loi du genre de la déclaration d’amour) devient une tragédie des bords du Tage, complètement portugalisée sans en changer une seule note, où l’excès de la chanson d’Aznavour passe comme une lettre à la poste et devient de la saudade pur jus. C’est ça aussi, la grande classe d’Amalia Rodrigues. Excepté sur quatre titres où elle est accompagnée par un orchestre (ceux de Joao Nobre et de Fernando Carvallo), elle n’a pour compagnie que celle de Domingos Camarinha à la guitarra (luth portugais à six cordes doubles) et Santo Moreira à la guitare classique. C’est dans ce dernier cadre qu’elle est d’ailleurs, à mon avis, la meilleure, déchirante et déchirée, à l’image d’un peuple qui semble ne s’être jamais remis de la catastrophe de 1755, mais jubilante de vie. Amalia, la reine du fado. Toutes celles (et ceux) qui lui succèdent ne peuvent chanter, pour se différencier d’elle comme pour la copier, qu’en référence à elle.
texte de Michel Laroche
Album disponible en CD et téléchargement sur Amazon
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