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  • Michel Bedin
  • Musique

DVD : leçon de Jazz par Antoine Hervé - Keith Jarrett, pianiste sans frontières

herv-lecon-keith-jarretDurée : 1h 37’ 31’’
RVD 122
Harmonia Mundi
www.antoineherve.com
Notation : etoile-verteetoile-verteetoile-verteetoile-verteetoile-grise(4/5)

Antoine Hervé a trois grandes (et rares) qualités. C’est un excellent pianiste de jazz, sans doute l’un des meilleurs en France aujourd’hui, c’est un merveilleux pédagogue, et c’est, en plus, quelqu’un qui sait admirer les autres, qualité rarissime de nos jours, où il est plutôt bien vu, croit-on, de se foutre de la gueule d’autrui. Aujourd’hui, pour sa quatrième leçon de jazz, après Carlos Jobim et Wayne Shorter (voir articles ici et ), puis Oscar Peterson, le voici qui nous commente, et de quelle façon magistrale, Keith Jarrett. Sans tomber dans l’hagiographie, et Dieu sait pourtant combien il l’admire, il nous donne toutes sortes de clés pour encore mieux comprendre Keith Jarrett, dont, souvent, nous avons retenu les côtés excessifs, voire irritants, qui nous semblaient des caprices de diva ou de midinette.

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Il nous permet de voir, derrière l’apparente « facilité » du jeu de Keith Jarrett, toute la complexité nouvelle qu’il installe, comment, en récupérant de multiples influences (musique médiévale, gamme pentatonique,  bourdon des Pygmées, musiques et rythmes de Debussy ou de Stravinsky, constructions de Bach, histoire du jazz), il les ajuste et les combine en en faisant son propre langage. Traitant, à l’occasion de cette conférence–concert, aussi bien du blues que de Ravel ou de Rachmaninov, de la musique minimaliste comme du rock n’ roll, il montre à l’auditeur-spectateur que le jazz, et singulièrement celui de Keith Jarrett, est une façon de vivre la musique totalement exempte de facilité, comme le pensent bien trop souvent les mélomanes classiques. Mais que le jazz exige une rigueur, au milieu de la liberté, peut-être plus forte encore que pour interpréter du Beethoven. Ce DVD est un régal pour l’oreille autant que pour le cerveau. Il est magique. Sa seule limite est qu’Antoine Hervé est seul et que le jazz préfèrerait des groupes. Y a-t-il un mécène dans la salle ?

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