CD : Amalia Rodrigues - The Queen of Fado II
Durée : 50’ 9’’
EUCD 2364
www.arcmusic.co.uk
Notation : 
(4,5/5)
Sacha Guitry disait : « Quoi de neuf au théâtre ? Molière ». On serait tenté d’en dire autant pour le fado. « Quoi de neuf ? Amalia Rodrigues ». Car la Reine du fado, comme on l’appelait, l’Impératrice, même, n’a pas pris une ride. Témoin, ces seize titres dont on ne se lasse jamais, comme de Carlos Gardel pour le tango ou de Louis Armstrong pour le jazz. Ces gens-là, Gardel, Armstrong, Amalia, sont les axes de leur art, chacun dans le sien et toute nouveauté, toute mise à jour, toute relecture ne doit jamais oublier l’axe de départ, sans quoi il se coupe de ses racines.
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Chez Amalia Rodrigues, il y a en germe toutes les aventures du futur fado nuevo, comme chez Gardel il y avait en germe les audaces de Piazzolla, comme dans Louis celles de Coltrane. C’est même à cela qu’on reconnaît leur grandeur. Ecoutez Amalia Rodrigues. C’est l’étoile polaire du fado. Dès que sa voix s’élève, en portugais, un peu moins en espagnol (« La Cama de piedra »), c’est la saudade que l’on ressent au plus profond de soi. Comment définir, la saudade ? A mon avis, c’est la contemplation dans mon miroir du souvenir de la tristesse passée, donc avec un décalage de plaisir de ne plus être triste. Amalia Rodrigues a poussé à la perfection ce chant d’un peuple, accompagnée d’un joueur de guitarra, ici, la plupart du temps, Domingos Camarinha et d’un guitariste, qui est toujours Santos Moreira. Seules, trois chansons sur seize sont chantées avec orchestre Et c’est tant mieux, car l’art d’Amalia Rodrigues n’est parfait qu’en trio. Ne la croyez pas toutefois quand elle vous chantera « Fado nao sei quem es » (Fado, je ne sais pas qui tu es), croyez-la plutôt avec « En queiria cantar te um fado » (Je veux te chanter un fado), car « Tudo isto e fado » (Tout est fado). Bref, bonne tristesse !
Texte de Michel Laroche
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