CD Debussy - Préludes Livres 1& 2
par Pierre-Laurent Aimard
Deutsche Grammophon (Universal)
durée : 1h 19’ 46’’
Notre avis : 
(4/5)
Claude Debussy s’attelle à son premier Livre de Préludes vers 1908 ou 1909 et met un point final à sa composition entre le 7 décembre 1909 et le 4 février 1910. Si le compositeur de « La Mer » rend un hommage explicite à Chopin dont il est un admirateur fervent, il n’en demeure pas moins que ces douze Préludes sont le reflet évident de son génie évocateur capable de peindre en musique les mystères de l’univers secret qui nous entoure.
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Le deuxième Livre de Préludes sera terminé au début de 1913 et contient en dehors de pièces purement poétiques comme Ondine, Les fées sont d’exquises danseuses, un Prélude presque cocasse comme « Général Lavine »-eccentric. Le recueil de Préludes débute par Brouillards, une pièce qui par son atmosphère voilée, constamment estompée n’est pas sans rapport avec certains peintres impressionnistes du moment (Monet, Sisley, Pissarro).
Ce second Livre de Préludes s’achève par un éclatement de couleurs qui s’intitule « Feux d’artifice » et dans lequel Debussy fait entendre brièvement La Marseillaise ! Dans « Les tierces alternées » du Premier Livre, Debussy qui n’ignore rien de l’actualité musicale de Paris (nous sommes en 1913) cite sans ambiguïté un extrait du Sacre du Printemps d’Igor Stravinski qui vient de déchaîner un scandale énorme au Théâtre des Champs-Elysées. Dans le Premier Livre, Debussy nous donne un aperçu de ses goûts littéraires qui vont de Shakespeare à Hans Christian Andersen, sans oublier Favart et Baudelaire ! Quant au Prélude « La Sérénade interrompue », il s’avère être un hommage à un grand compositeur espagnol qui vient de disparaître en 1909 : Isaac Albeniz. Enfin, à propos de « La Cathédrale engloutie » qui constitue le 10e Prélude du Premier Livre, il ne serait pas inopportun de citer l’œuvre d’un musicien qui a également mis en musique la légende de la ville engloutie d’Ys, il s’agit bien sûr de l’opéra d’Edouard Lalo « Le Roi d’Ys » !
Pierre-Laurent Aimard n’est bien sûr pas le premier pianiste à aborder ces deux Livres de Préludes de Claude Debussy et d’illustres pianistes l’ont précédé dans ce labyrinthe extraordinaire créé de toutes pièces par ce compositeur de génie. Pourtant, Pierre-Laurent Aimard semble approcher ces deux Livres de Préludes avec un regard neuf. On a en effet l’impression subtile de rédécouvrir des univers enfouis sous des strates d’interprétations frisant souvent le banal et le routinier et la vision des Préludes de Debussy que propose Pierre-Laurent Aimard fait circuler un air chargé d’effluves venus d’horizons inconnus et lointains qui, soudainement, grâce à la magie de son interprétation, parviennent enfin à notre portée.
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