Skip to main content
PUBLICITÉ

Festival « Itinéraire baroque en Périgord vert » - le 28 juillet

ouverture-festival-baroque-perigord 

Aujourd’hui, 28 juillet, c’était LE jour de ce fameux Itinéraire baroque qui a donné son nom à ce festival particulier. Le jour « J » où l’on voit à l’œuvre cette grande mécanique de bénévoles, d’organisation, de précision, d’efficacité qui en permet la réalisation. Une mécanique impressionnante !

LA SUITE APRÈS LA PUB

Cela commence par un concert d’orgue donné par Ton Koopman dans l’église de Mareuil-sur-Belle, la plus vaste de toutes et capable d’accueillir tous les mélomanes participants. Le principe est le suivant : dans cinq autres petites églises, plus ravissantes les unes que les autres, mais toutes très petites et pas très éloignées, cinq formations de musiciens attendent les groupes successifs d’auditeurs et leur jouent le même concert. Un groupe d’auditeurs arrive et remplace le précédent, car les circuits suivis sont tous différents et ainsi chacun, dans son propre groupe, peut assister à cinq concerts différents en parcourant les cinq églises dans l’ordre qu’on lui a indiqué.

En attendant d’être affecté à un groupe (le nôtre sera le vert), nous écoutons l’organiste Ton Koopman dans un concert où il joue successivement une Fantasia de Peeter Cornet, un Tiento anonyme, puis un air de Buxtehude (Wie schön leuchtet der Morgenstern) ainsi qu’une pastorale de Jean-Sébastien Bach. Quatre morceaux pour une salle d’enthousiastes bien décidés à accomplir ce marathon musical qu’est l’itinéraire d’aujourd’hui. Et quatre morceaux joués avec beaucoup de cœur par un Ton Koopman lui aussi enthousiasmé par ce défi. Les groupes sont formés, dirigés chacun par un responsable de groupe qui est aussi un guide historique, architectural et géographique. Derniers conseils et c’est parti. Le village de Mareuil-sur-Belle qui ne connait d’embouteillage comme celui-ci qu’une fois par an, retrouve son calme habituel. Toutes les voitures sont parties.

perigord-3-1

perigord-3-1montabourlet

La nôtre, suivant la file du groupe vert, se dirige vers la chapelle Montabourlet, une ravissante chapelle fortifiée où nous attend un trio, les Festes d’Euterpe, clavecin-théorbe-viole de gambe (respectivement Jean-Miguel Aristizabal, Thibaut Roussel et Mathilde Vialle). Un concert, intitulé La Rêveuse, de quatre pièces de Marin Marais : une suite, tout d’abord, en cinq mouvements, puis le Tombeau de Monsieur de Sainte-Colombe, avec pour prélude, celui pour théorbe d’Etienne Lemoyne. « L’Attendrissante », de François Couperin, va servir de respiration, puis viennent une autre suite et le morceau qui sert de titre au concert lui-même : « La Rêveuse ». Des applaudissements mérités, un rappel, le « Grand Palais », de Marin Marais, mais déjà, il faut partir pour rejoindre l’église Saint-Martin de Connezac.

LA SUITE APRÈS LA PUB

perigord-3-2connezac

La violoncelliste hongroise Piroska Baranyay nous y attend, en compagnie de son violoncelle baroque avec une cinquième corde, un « mi » aigu, pour nous y interpréter la sixième suite de Jean-Sébastien Bach. L’an dernier, nous avions eu l’occasion de l’entendre, jouée de façon sublime, par Henri Demarquette, au festival des Bauges (voir article). L’interprétation de Piroska Baranyay, sans vouloir faire de comparaison (d’ailleurs, à un an d’intervalle, ce serait bien présomptueux) est fort belle, bien dans l’esprit de Bach, et très respectueuse du génial Jean-Sébastien. La minuscule église en est toute agrandie, semble-t-il, emplie qu’elle est de cette musique exceptionnelle. Le château attenant, dont l’église Saint-Martin semble faire partie, nous accueille pour le repas préparé à notre intention. C’est le moment que choisit la météo pour nous envoyer une pluie nourrie et inopinée, mais l’organisation du festival ayant prévu la chose, nous sommes à l’abri et cela n’affecte nullement nos appétits.

perigord-3-3

perigord-3-3graulges

La prochaine étape est l’église Saint-André des Graulges, où l’ensemble Colcanto, un trio violon-violoncelle-orgue positif (respectivement Christiane Gagelman, Barbara Julia Reiter et Bernhard Prammer) accompagnent le baryton-basse Manfred Mitterbauer. Au programme, des compositeurs des confins de l’espace alémanique, von Biber pour la Bohème et Bruhns et Buxtehude pour le Schleswig-Holstein. Manfred Mitterbauer nous offre un « Nisi Dominus » de toute beauté, de von Biber, accompagné par l’ensemble Colcanto qui nous joue ensuite la sonate 15 du même Henrich Ignaz Franz von Biber qui reste encore trop ignoré du public de nos jours, malgré les efforts faits par les maisons de disques (voir articles) et les concertistes. Puis le baryton-basse Manfred Mitterbauer nous offre le choral de Buxtehude, « Auf meinen lieben Gott », puis la cantate « Mein Herz ist bereit », de Nicolaus Bruhns. Un concert magnifique.

LA SUITE APRÈS LA PUB

perigord-3-4

perigord-3-4argentine

Celui qui suit, à l’église Saint-Martin d’Argentine, est lui aussi, de la plus belle eau. Pour du Purcell, cette fois, et du Purcell chanté par un baryton-harpiste de grand talent, Nicolas Achten. Pour chanter Henry Purcell, il utilise une harpe triple, c’est-à-dire à trois rangées de cordes (pour se servir des cordes du milieu, bonjour, mieux vaut ne pas avoir des doigts de bûcheron !) Au programme, bien sûr, et très attendus, le « O Solitude » et le « How Pleasant t’is to Love » mais également d’autres bien jolis airs, remarquablement interprétés, ainsi que deux instrumentaux. L’accueil qui est fait à ce concert par les spectateurs est très chaleureux.

perigord-3-5

perigord-3-5st-pardoux

Enfin, le dernier concert, à l’église St Pardoux-de Mareuil nous donne à entendre la soprano Bettina Pahn, mais accompagnée cette fois au pianoforte par Tini Mathot. Elles ont choisi un programme de lieder écrits par Haydn, Carl Friedrich Zelter et Mozart, on peut très facilement trouver pire. Un choix de lieder très variés, chansons d’amours, plaintes de tristesse, chansons coquines (« Die zu späte Ankunft der Mutter »), chants bucoliques, sur lequel la voix de la soprano couvre tout un panel de sentiments divers. Un rondo de Mozart, le KV 511, au beau milieu, pour servir de palier et pour entendre mieux le jeu très élégant de Tini Mathot sur ce pianoforte et un final de rêve sur la nostalgie du printemps (« Sehnsucht nach dem Frülinge ») de Mozart sur le joli poème de Christian Adolf Overbeck.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Au total, cette journée que nous appréhendions un peu comme une journée-marathon s’est révélée beaucoup plus aisée à suivre que nous le pensions et nous ne pouvons que conseiller à tous les « baroqueux » qui hésitent encore un peu, de se lancer dans l’aventure. La musique baroque ne lasse que « les gens qui ont des oreilles de lavabo », pour reprendre l’expression de René Fallet. Il n’y a pas de dose maximum.

Texte Yvette Canal
Photos © Accent Tonique et Michel Bedin



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ