CD : Ahmad Jamal - Blue Moon
Durée : 1h 16’ 4’’
Jazz Village SP 9570001
Harmonia Mundi
Notre avis : 
(5/5)
Fantastique Ahmad Jamal ! Sa longévité professionnelle, ainsi que son talent viennent de loin, de très loin. En 1941, alors qu’il n’avait que onze ans, il jouait déjà Liszt et était pianiste de profession. Peu de jazzmen peuvent en dire autant. Son succès planétaire, (Poinciana est resté cent-huit semaines en tête des ventes), ne lui a jamais tourné la tête.
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Sans doute sa très ancienne conversion à l’islam correspond-elle à cette impression de sagesse qui se dégage de lui et de son piano somptueux, jamais bavard, puissant et calme même dans ses passages rythmiques les plus échevelés. Voir et entendre Ahmad Jamal donnent un sentiment de plénitude. Son dernier CD, « Blue Moon », en quartet à la différence de ses nombreux trios, continue le sillon tracé par lui, mais en plus rythmé encore, parfois presque funky. C’est toujours l’esprit du trio jamalien, le percussionniste Manolo Badrena qui joue avec Ahmad Jamal depuis les années quatre-vingt venant renforcer les prodigieux Neo-Orléanais Reginald Veal (b) et Herlin Riley (dm), vedettes depuis longtemps du Lincoln Center de Wynton Marsalis, dont on ne louera jamais assez les mérites. Trois compositions (« Autumn Rain », « I Remember Italy » délicatement nuancée et « Morning Mist ») et six relectures de standards, mais, chez Ahmad Jamal, ces réappropriations sonnent comme des compositions nouvelles (« Laura », « Woody’ n you », « Gypsy » ou le titre éponyme, « Blue Moon » que fit triompher Ella). Ahmed Jamal est impérial, sans pour cela écraser les autres, attentif à les écouter et à leur répondre. Son quartet sonne comme un seul instrument multiple. C’est du jazz (il n’aime pas le mot, mais tant pis) de la plus belle eau. Cela scintille comme un diamant. D’ailleurs, c’en est un.