CD : Tchaïkovski, Shakespeare - Gustavo Dudamel
par l’Orchestre Symphonique du Venezuela Simon Bolivar
Deutsche Grammophon (Universal )
Durée: 65 mn 35
Notre avis : 
(4/5)
Le tempérament ultra-romantique, fougueux, porté à la démesure de Tchaïkovski, ne pouvait guère manquer de le porter vers le monde fantastique, passionné, traversé de multiples orages de William Shakespeare. Avec cette Ouverture op. 67, Hamlet, Tchaïkovski évoque avec une force et un sens du fantastique intenses, cette tragédie de Shakespeare où le macabre côtoie l’amour et la folie.
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La Tempête de Tchaïkovski est évoquée par le compositeur russe avec un sens de la couleur orchestrale porté au délire, à l’ivresse. Tchaïkovski décrit avec passion un univers hautement fantaisiste, inquiétant, dans lequel le magicien Prospero règne sans partage. Miranda, Caliban et Ariel déambulent dans ce monde étrange d’où peuvent surgir à tout instant les sortilèges les plus inouïs et les créatures les plus terribles. Quant à l’Ouverture Fantaisie Roméo et Juliette, s’inspirant d’un sujet dramatique opposant deux clans s’affrontant dans un combat mortel, elle semble concentrer en elle, toute la folie, toute la violence dont est capable Tchaïkovski confronté à un tel sujet.
Pour porter à incandescence un tel programme entièrement dédié à Tchaïkovski, il fallait un chef flamboyant, au tempérament de feu et c’est le jeune chef vénézuélien Gustavo Dudamel que l’on retrouve ici, non à la tête de son orchestre actuel le Philharmonic de Los Angeles, mais à celle de l’Orchestre Symphonique du Venezuela Simon Bolivar. Disons-le tout de suite : l’univers sombre, délirant, fantasque, orageux de Tchaïkovski va comme un gant au jeune chef vénézuélien qui se meut avec une aisance prodigieuse dans ce monde hanté par la folie, et où les apparitions spectrales sont légion. Bien que ne disposant pas de la superbe machine sonore que constitue le Philharmonic de Los Angelès, Gustavo Dudamel bénéficie par contre de l’enthousiasme et de la musicalité d’un orchestre qui ne semble faire qu’un avec son chef, exprimant par son adhésion instantanée, une cohérence totale. En résumé, Tchaïkovski revisitant Shakespeare, interprété avec génie et passion.