Paris - Salle Gaveau - Marin Marais
Salle archi-comble, ce dimanche 5 décembre, pour écouter et voir un programme consacré à Marin Marais (1658-1726) pour la sortie de l'ultime CD consacré à l'œuvre pour viole de ce musicien baroque exceptionnel, maître incontestable de la viole de gambe. Les dix musiciens de l'ensemble Marin Marais étaient là, plus le récitant, en l'occurrence Jean-Pierre Marielle, qui joua en 1991 un fabuleux Monsieur de Ste Colombe (le professeur de Marin Marais) dans le film Tous les matins du Monde d'Alain Corneau.
Le programme, très fourni, avait été choisi parmi les cinq cent quatre-vingt quatre pièces enregistrées. Car le travail, dix-neuf ans entre 1992 et 2010, a été colossal pour l'ensemble Marin Marais et a abouti à vingt-trois CDs gravés successivement par le label Pierre Verany racheté par la société Arion, puis achevés enfin dernièrement par le label Ligia Digital. Le programme suivait l'ordre chronologique des publications du violiste et montrait clairement combien Marin Marais avait innové. Des extraits des préfaces et des dédicaces écrites par le compositeur étaient lues au cours du concert par Jean-Pierre Marielle, en présentation des œuvres, non sans quelques cafouillages, le premier que le public fit semblant de ne pas entendre (on pardonne tout à ce comédien qu'on adore), le second avec lequel Jean-Pierre Marielle joua lui-même, mettant les rieurs de son côté en artiste hors pair qu'il est.
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Un concert très pédagogique où se succédèrent donc des pièces pour viole seule, puis pour deux violes, puis l'apparition des pièces à trois violes, puis trois avec un clavecin. Puis avec théorbe. Enfin avec violon baroque, flûte et percussion. Des pièces qui montraient comment Marin Marais avait développé l'art de la variation, construit la suite instrumentale française, mis au jour les pièces de caractère ou les tableaux descriptifs.
Les musiciens, à commencer par Jean-Louis Charbonnier et Paul Rousseau, basses de viole, Pierre Trocellier, claveciniste et Mauricio Buraglia, joueur de théorbe, ont réalisé une œuvre monumentale, avec leurs consoeurs Claire Giardelli et Marion Middenway (basses de viole), Mirella Giardelli (clavecin), Hélène Decoin, violoniste et Magali Imbert (percussions), ainsi qu'avec le flûtiste Philippe Suzanne. Seuls les amateurs du Reader's Digest ou ceux qui trouvent des longueurs dans la princesse de Clèves peuvent penser qu'enregistrer la totalité de l'œuvre pour viole de gambe de Marin Marais est superflu. Des réalisations de ce genre honorent la musique et la culture toute entière. Le label Ligia Digital et les éditions Zurfluh, en publiant cette œuvre magistrale méritent tous nos remerciements. Apparemment, nous n'étions pas les seuls à en juger ainsi, tous les spectateurs applaudissant à tout rompre.
texte d'Yvette Canal
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