Grado : cette icône des casques audiophiles de Brooklyn qui fait aussi des modèles pour Ariana Grande ou Harley Davidson
Quel audiophile ne connaît pas la légendaire marque new-yorkaise Grado ? Lancée en 1953 par le patriarche Joe Grado, elle s'est immédiatement spécialisée dans les cellules Phono, segment qu'elle occupe toujours. Près de 35 années plus tard et après un court passage dans le domaine des enceintes (entre 1961 et 1964), elle pousse la porte des casques audio en 1989 avec ses 3 mythiques HP1000 : les HP1, HP2 et HP3. Aujourd'hui les modèles HP n'existent plus, mais les gammes de casques Grado se sont multipliées, s'étendant à présent de l'abordable famille SR jusqu'à la très qualitative et dispendieuse série PS en métal.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Mais en dehors de ces casques classiques, un véritable écosystème de modèles éphémères existe. Si vous suivez ON-mag assidûment, vous aurez par exemple vu passer l'édition White Headphones. Peut-être l'avez-vous même écoutée au dernier Paris Audio Vidéo Show (notre retour en images). La plupart de ces casques sont de simples éditions limitées, d'autres sont le résultat parfois très atypique d'une collaboration avec une marque ou un artiste. Passons cela en revue dans une liste non exhaustive.
Aux origines prototypiques
Le concept d'édition limitée ne date pas d'hier pour Grado, puisque certaines références sont même à la fine frontière du casque commercialisé et du prototype. En 2002 le constructeur a créé le Grado x Freesystems, une collaboration avec la marque éponyme spécialisée dans les solutions sans fil. Le casque était alors filaire, mais composé d'un boîtier d'émission et d'un boîtier/ampli de réception. Le modèle n'a finalement jamais été commercialisé et seuls quelques prototypes existent. Une étrangeté que la marque liste pourtant parmi ses éditions limitées.
Mais ce premier jet très limité a donné naissance à un autre en 2006. Du Freesystems légèrement retravaillé est issu le casque haut de gamme PS1, premier produit de la gamme PS. Limité à quelques milliers d'exemplaires, il est encore aujourd'hui considéré par les fans de Grado comme le meilleur casque jamais produit, à égalité avec les HP1 et HP2 (deux déclinaisons du HP1000).
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
La première véritable collaboration a pourtant été nouée avec le célèbre forum Head-fi et une édition HF-1 dérivée de son entrée de gamme SR a vu le jour. Un modèle plastique avec une petite pastille en bois sur la grille. Un bon petit succès qui donnera en 2009 un HF2 en métal, tout aussi limité en nombre.
Le roi c'est le bois
Mais c'est à partir du début des années 2010 que les choses s'accélèrent. Porté par sa gamme de gros casques boisés GS, Grado s'essaie depuis à la gravure laser pour inscrire, un peu paresseusement parfois, le nom d'une marque ou d'un produit. L'une des plus célèbres collaborations reste par exemple l'édition Dolce & Gabbana de 2012 limitée à 100 exemplaires, laquelle était plus ou moins (voire totalement) un GS1000.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Ce concept ne s'applique pas seulement à des produits destinés à la vente, mais également à des créations uniques, ou plutôt aux gravures uniques. Ce dernier cas de figure est rare, mais existe par exemple sur l'édition Billy Joel, offerte en 2015 au chanteur pour son anniversaire.
La gamme GS n'est pas la seule concernée, puisque l'autre série boisée RS est également très utilisée comme base de collaboration.
En plus de divers casques RS1 et RS2 commémoratifs viennent s'ajouter des partenariats avec des marques, que ce soit pour elles ou pour un produit en particulier. Il existe par exemple un modèle Microsoft Surface dérivé du RS1, donné à Microsoft ainsi qu'à quelques créateurs chanceux triés sur le volet.
Parfois ces collaborations vont un peu plus loin que la simple gravure. Récemment, nous avons par exemple retrouvé une édition Reebok x Ariana Grande d'un de ces casques en acajou. En plus d'une gravure particulière sur la coque, l'arceau a été totalement transformé en délaissant le sobre cuir noir pour un tissu beaucoup plus duveteux et coloré, bien plus proche de l'univers pop de la chanteuse.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Autre exemple avec l'édition James Taylor, un modèle de type GS mais avec d'élégants traits de cocobolo par dessus l'acajou. Une idée simple, efficace, mais un unique exemplaire a été produit.
Dans de très rares cas, les éditions limitées sont même des œuvres de commandes. La société Oreo, bien connue pour ses gâteaux au goût… américain, a demandé en mars un modèle reprenant vraiment les codes de son produit. Le résultat est ainsi un mélange de chêne noirci et de chêne blanchi. Le produit a bien été mis en vente, mais rapidement en rupture de stock.
Vraies éditions limitées
Faisons une pause avec les collaborations. Vous le savez peut-être, mais quelques modèles purement Grado, en plus du PS1 et autres HF, sont régulièrement produits en édition limitée : la série GH (Grado Heritage). Gamme à part et un peu expérimentale, elle ne fait ni vraiment partie des séries haut de gamme ni des modèles simples. Des sortes d'ovnis portés par l'amour de l'artisanat et des matériaux, pour les décrire de manière emphatique.
Destiné à être une sorte de casque commémoratif, le GH1 de 2015 est un modèle dont les coques proviennent d'un vieil érable poussant à Brooklyn. Ce casque est simple, plus lumineux que les équivalents en acajou RS1 et RS2, mais surtout, Grado adopte une démarche plus marquante. Bien sûr, il n'y a plus aucune chance de s'acheter ce petit morceau d'histoire à moins de passer par la case occasion.
Autre année, autre inspiration avec le GH2 en 2016, d'un design proche mais cette fois-ci armé de coques en cocobolo, un bois précieux à l'allure très particulière et à la densité bien plus importante. Nouveauté à l'époque, ce bois est depuis utilisé sur le modèle haut de gamme GS3000e.
Beaucoup plus récemment, le GH3 et son grand frère GH4, toujours disponibles, ont inauguré une mini série avec des coques en pin norvégien. Des modèles plus légers mais pas moins atypiques.
Il est très probable que Grado, en marge de tous ses casques classiques, continue de perpétuer l'héritage créatif de la marque à travers cette gamme.
L'alcool : la cause et la solution de tous nos casques
Nous avons totalement éludé ce point jusqu'à maintenant, les collaborations de Grado ont été énormément marquées par un élément déclencheur : l'édition Grado Bushmills, du nom de la célèbre distillerie irlandaise de Whiskey (à ne pas confondre avec l'écossais Whisky).
On ne sait plus vraiment quelle est l'origine de l'idée, toujours est-il que fin 2012, la distillerie a contacté Grado pour imaginer un casque audio aux coques fabriquées à partir de barils de chêne ayant servi à la maturation de leur breuvage. Cette collaboration a pris forme grâce à l'implication des deux célèbres porte-paroles de la distillerie : Elijah Wood (plus connu sous le nom de Frodon Sacquet) et Zach Cowie (compositeur). Ce casque n'est techniquement plus en vente, mais des stocks circulent encore sur quelques rares sites américains.
Le résultat est encore dans les mémoires audiophiles et "alcooliques", puisque le Grado x Bushmills reste le plus atypique des casques de la marque. Pas fermé mais presque (fond fermé, mais arborant de larges évents sur les tranches), son design tranche avec le reste de la production. Encore aujourd'hui, ce modèle demeure l'un des plus désirables.
Mais surtout, cette collaboration a donné des idées à bon nombre de distilleries et autres marques de spiritueux.
Russel's Reserve, La rhumerie 1888, le Brandy E&J, Black Label. Tous ont depuis créé leurs éditions limitées en utilisant le bois d'un de leurs fûts de vieillissement. Des idées toujours amusantes, mais aucune ne possède vraiment le design ni l'aura de l'édition Bushmills.
Je ne crains plus personne en Grado
Ultime petite édition sortant de l'ordinaire, qui elle aussi mériterait un article entier : la récente édition Harley Davidson.
Le mythique motoriste et Grado ont ainsi dévoilé en juillet 2018 un casque tout aussi désirable que le Bushmills. Loin de demander une simple gravure ou quelques détails, Harley Davidson est allé au plus évident : utiliser des pistons provenant de son modèle Street 750 pour les coques.
Une fois polies et cerclées de bois, les coques sont frappées du logo de Harley placé au-dessus de sa grille/évent. Dernière petite coquetterie, les supports de réglage de l'arceau sont tout en bois à l'aspect rétro, chose que même le Grado x Bushmills n'avait pas tenté. Malheureusement, cette édition fruit de la collaboration entre les deux marques et le périodique Motorcyclist Magazine n'a jamais été mise en vente.
D'autres collaborations à l'avenir ? C'est tout le mal que l'on peut souhaiter à Grado.