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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

Concert : Les Romantismes de l'Orchestre Pasdeloup

Francois Dumont

  • Elżbieta Sikora : Miniatures Nos 2 & 3
  • Robert Schumann : Concerto pour piano et orchestre en la mineur, op. 54
  • Johannes Brahms : Symphonie N° 4 en mi mineur, op. 98
  • François Dumont, piano
  • Orchestre Pasdeloup, dir : Christoph Altstaedt
  • Philharmonie de Paris, Grande salle Pierre Boulez, dimanche 24 février 2019, à 16 h 30 

Au programme du concert vespéral de l'Orchestre Pasdeloup, devant un public nombreux, étaient à l'honneur deux grands compositeurs romantiques et deux interprètes brillants de la jeune génération. Mais aussi une œuvre inédite d'une compositrice polonaise. Une intéressante association.

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L'Orchestre Pasdeloup donnait, en guise d'ouverture, une œuvre de la compositrice polonaise Elżbieta Sikora, en création française. Belle idée de vouloir faire découvrir des œuvres nouvelles, une des missions que s'assigne cette formation. Les Miniatures nos 2 & 3 constituent les volets centraux d'un cycle de 5 pièces, commande de la Radio polonaise pour l'anniversaire de la compositrice en 2013. Elles sont données sur trois concerts chez Pasdeloup cette saison. « L'idée première de mon inspiration pour les Cinq Miniatures était un ricochet, une multitude de ricochets, comme un champ de blé qui bouge au vent », dira-t-elle. Les Miniatures 2 & 3 frappent aussi bien par leur concision que par l'originalité du matériau. Elles sont un bon exemple de sa manière esthétique. Miniature 2 s'ouvre par une salve d'accords secs de tout un orchestre fourni, renforcé de percussions comme le gong et la grosse caisse, « images rémanentes qui changent à chaque fois ». La pièce se conclut par des « notes répétées rapidement annonçant ainsi le dernier mouvement du cycle ». Miniature 3 opère comme une grande lame en deux séquences successives, adossée à la basse de l'orchestre. Elle « est calme et sereine ». Alors que le mouvement progresse lentement, comme « des espaces imaginés », il s'achève sur l'intervention de la grosse caisse placée horizontalement, sur laquelle sont lâchées doucement des balles de coton. 

Le Concerto pour piano op. 54 de Robert Schumann est l'un des grands morceaux du répertoire. Belle idée pour François Dumont de l'avoir choisi pour ses débuts à la Philharmonie de Paris. Issu d'une Fantaisie pour piano et orchestre écrite en 1841, le concerto op. 54, dans sa forme désormais tripartite, est créé en 1845 à Dresde par Clara au clavier, sous la baguette de Ferdinand Hiller, son dédicataire. Un triomphe qui ne se démentira jamais. « Une œuvre visionnaire, en rupture avec le style du concerto brillant en usage à l'époque », souligne Dumont. Dont l'interprétation ne mérite que des éloges. Une souple rigueur pare le premier mouvement Allegro affetuoso. La manière se défend de tout excès romantique et de sollicitation, comme souvent sous des doigts plutôt animés de narcissisme que de musicalité. Le naturel de la démarche appert dès les premiers instants, cette entrée du piano in media res, en rupture avec le schéma privilégiant l'introduction orchestrale. Les différences de climats sont finement jugées, grâce aussi à l'accompagnement minutieux prodigué par le chef qui fait bien chanter le deuxième sujet et son solo de flûte. On vérifie ici le mot de Clara : « le piano se fond à l'orchestre de la manière la plus subtile ». La cadence est sobre et le doigté délié. La coda sera justement trottinante puis fiévreuse. Avec l'Intermezzo, marqué Andantino grazioso, Dumont poursuit dans cette veine d'un jeu naturel, sans emphase, ce qui laisse toute leur sérénité aux échanges piano-vents. Après une transition fort bien amenée, le finale Allegro vivace se déploie radieux, d'une belle fluidité. Le 2ème thème, à la Chopin, montre toute sa grâce. Une légère accélération confère quelque impétuosité au mouvement, traversé de soubresauts, conduisant à une péroraison glorieuse. Coup de maître donc pour ces débuts à la Philharmonie de François Dumont. Qui donne en bis un Prélude et fugue de Bach d'une fascinante beauté.

Avec sa Quatrième Symphonie op. 98, Johannes Brahms achève le cycle de ses œuvres livrées à l'orchestre seul. Non pas 41, comme Mozart, non plus que 9 chez Beethoven, mais seulement quatre. Celle-ci sonne élégiaque, méditative et mélancolique. Claude Rostand la qualifie d' ''automnale'' (in ''Johannes Brahms'', Fayard). La gravité apparaît dès le premier mouvement Allegro non troppo, très complexe, ses thèmes principaux bardés d'idées secondaires entremêlées dans un travail particulièrement abouti, une « unité dans la diversité » (ibid.). L'Andante moderato est mélancolique, de sa mélopée des cordes jouées en pizzicatos, la petite harmonie ajoutant tendresse et mystère. La manière du chef est plutôt retenue, favorisant le chant, et la coda est presque chambriste. L'Allegro giocoso qui suit est un vrai faux scherzo, pris fier et fort par le chef qui ne cherche pas à singulariser des arrière-plans fantastiques, préférant laisser s'exprimer un premier degré de joie turbulente. Le finale ''energico e passionato'', où l'on perçoit la forme de Chaconne empruntée à JS Bach, est parfaitement ménagé. Là où Brahms anime la conclusion de sa symphonie, et de son cycle de symphonies, par un art compositionnel très ouvragé au long d'épisodes contrastés en forme de variations. Le climat est grave mais pas lugubre et les vents sont mis à l'honneur. Le jeune chef Christoph Altstaedt (*1980) qui s'est déjà distingué pour ses prestations au Festival de Glyndebourne touring comme au Deutsche Oper am Rhein et aux opéras de Zürich et d'Helsinki, comme en dirigeant le Mozarteum Orchester Salzburg, en passant par la Lucerne Festival Academy de Pierre Boulez, montre une belle vitalité, empreinte de souplesse. Il ''tient'' indéniablement ses musiciens de Pasdeloup de main de fer. 

Texte de Jean-Pierre Robert

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