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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Le Duo Solea en terres hispanisantes

Duo Solea

  • Maurice Ravel : Pièce en forme de Habanera
  • Manuel de Falla : Siete canciones españolas. Première danse espagnole extraite de La Vida breve
  • Enrique Granados : deux danses extraites des Danzas españolas
  • Radamès Gnattali : Sonate pour violoncelle et guitare
  • Gabriel Fauré : Pavane
  • Joaquin Nin : Seguida española
  • Piotr Iliytch Tchaikovski : Valse sentimentale
  • Duo Solea : Michèle Pierre, violoncelle, Armen Doneyan, guitare
  • 1 CD Passavant Musique : PAS 118051 (Distribution : Socadisc)
    www.passavantmusic.com
  • Durée du CD : 60 min
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile grise (4/5)

C'est à une association rare que nous convie pour son premier CD le Duo Solea, celle du violoncelle et de la guitare. Rapprochement inhabituel qui implique un programme hispanisant, ne serait-ce que par la rythmique enflammée de la guitare, le violoncelle de sa chaude sonorité y ajoutant le son même de la voix humaine. À travers un florilège de transcriptions inédites de musiques de Granados, de Falla, Nin, mais aussi de Ravel ou Fauré, comme de pièces tirées du répertoire écrit pour une telle formation, telle la Sonate de Radamès Gnattali. Voilà un programme inventif et dix cordes pour une immersion insolite !

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Si la guitare fait immédiatement penser à l'Espagne de Manuel de Falla ou d'Enrique Granados, on n'imaginait pas combien l'apport du violoncelle insufflerait de vie à des pièces connues. Ainsi des Sept chansons espagnoles de l'auteur de La Vie brève, ici jouées dans une transcription pour ces deux instruments, due à Konrad Ragossnig, Thibault Lepri et le Duo Solea. Cette authentique musique ibérique trouve ici toute sa force : c'est la voix même que le cello laisse entendre - celle inoubliable de Teresa Berganza par exemple -, que ce soit dans la vive «Seguidilla murciana», la tendre et poétique «Asturiana», l'entêtante «Jota» ou encore le déclamatoire «Polo». Du même de Falla, on entend la Première danse espagnole de l'opéra cité et toute la verve orchestrale passionnée d'une tragédie annoncée. Les chatoyantes Danses espagnoles de Granados ne sont pas en reste : la nostalgique «Oriental» ou la rêveuse et bien sentie «Andalouse», respectivement N° 2 et N° 5 de la série. La Suite espagnole du cubain Joaquin Nin (1879-1949), originellement pour violon et piano, a connu diverses transcriptions. Ici, la guitare joue la partie de piano, le violoncelle se réservant le thème, et ce moyennant quelques modifications harmoniques pour rendre compatible avec la guitare une écriture pianistique virtuose. Qui pense Espagne ne peut omettre de citer les français qui l'ont si habilement fantasmée. Maurice Ravel, en particulier, dans sa Pièce en forme de Habanera : pour inédite qu'elle soit, l'alliance guitare-violoncelle n'en fonctionne pas moins fort bien. Mais aussi et plus étonnamment, Gabriel Fauré pour sa Pavane : la transcription par le Duo Solea et Thibault Lepri ne manque pas d'être audacieuse, rappelant sans doute l'origine espagnole de cette danse de cour. Surtout que les rôles sont ici inversés, la guitare tenant d'abord le thème, avant que le violoncelle reprenne le flambeau dans la partie centrale et la conclusion.

Du répertoire fort restreint réservé à cette singulière combinaison instrumentale, la Sonate pour violoncelle et guitare du brésilien Radamès Gnattali (1906-1988) fait figure de perle rare. Les deux partenaires sont ici placés sur un pied d'égalité, la voix envoûtante du cello insérée dans l'accompagnement richement rythmé de la guitare. On y décèle un savoureux mélange de teinte brésilienne et de rythmes jazzy, comme à l'allegro comodo initial. L'adagio s'avère d'une grande liberté de ton, proche de l'improvisation. Le finale ''con spirito'' est généreusement dansant et par dessus tout original. Le récital se conclut par la Valse sentimentale de Tchaikovski dans une transcription de Ragossnig : la souveraine beauté de la ligne mélodique du grand compositeur russe magnifiée par le vibrant cello de Michèle Pierre.

Le Duo Solea a été fondé en 2012 par Michèle Pierre et Armen Doneyan, alors étudiants au CNSMP. Ils remportent en 2014 le concours international Léopold Bellan et sont invités en 2015 à se produire dans l'émission de radio de Gaëlle Le Gallic «Génération jeunes interprètes». Mariage des sonorités affirmées, alliance des rythmes effrénés, jeu aussi raffiné que revigorant, et bien sûr plaisir de la découverte, tout ici ravit l'oreille. Une belle association de talents !

La prise de son dans une acoustique un peu sèche procure une écoute intimiste de ces pièces attachantes et les deux voix ont une belle présence. 

Texte de Jean-Pierre Robert    

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