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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Musique de chambre d'Henriette Renié

CD Henriette Renié Trio Nuori

Henriette Renié : Sonate pour violoncelle et piano. Pièce symphonique.
Trio pour violon, violoncelle et piano
Trio Nuori : Vincent Brunel, violon, Aude Pivôt, violoncelle, Flore Merlin, piano
1CD Ligia : Lidi 0302325-18 (Distribution : Socadisc)
Durée du CD : 60'
Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile grise (4/5)

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Ce CD est l'occasion de mettre en lumière la compositrice Henriette Renié (1875-1956). D'abord pianiste, elle se prend très vite de passion pour la harpe. Elle connait une carrière hors norme à l'époque pour une femme, puisque recevant à 12 ans un premier prix au Conservatoire de Paris et, un an plus tard, intégrant la classe de composition de Théodore Dubois. Ses compositions concernent essentiellement la harpe et elle fera de nombreux arrangements pour cet instrument d'œuvres de ses contemporains. Mais sa passion restera l'enseignement - Lily Laskine compte au nombre de ses élèves – et elle publiera en 1946 une Méthode complète de harpe qui fait autorité. Le présent programme présente une facette très peu connue de son talent, trois pièces de musique de chambre qui, curieusement, ne distribuent pas la harpe, mais le piano et les cordes.

Conçue pour la harpe, la Pièce symphonique, de 1913, est jouée ici dans sa transcription pour piano. Le clavier s'y substitue habilement dans cette pièce d'un seul tenant, mais dont on peut discerner les trois épisodes successifs : une première séquence en forme de marche aux grands arpèges, une deuxième introduite par une cantilène très travaillée, là encore traversée de vastes glissandos inspirés du jeu de la harpe, et une partie finale adoptant un ton plus démonstratif. La Sonate pour violoncelle et piano, publiée en 1919, est la seule composition d'Henriette Renié qui ne soit pas écrite pour la harpe. Elle comporte trois mouvements contrastés. L'allegro appassionato possède un lyrisme qui fait penser à l'univers harmonique de Fauré.  L'andante dévoile quelque mystère dans les arabesques sinueuses du violoncelle sur un accompagnement éloquent du piano. Magistralement écrit pour le violoncelle, ce morceau en flatte tous les les registres. L'allegro con fuoco final, très allant, se signale par un savant équilibre entre les deux voix. Des pages d'intense lyrisme portent le discours à l'incandescence et l'œuvre s'achève avec fièvre. Cette gravure est une première au disque.

Le Trio pour violon, violoncelle et harpe (ou piano), donné aussi pour la première fois au disque dans sa version pour piano, est la pièce la plus intéressante. On n'en connait pas la date de composition. Peut-être dans les années 1915. Le piano remplace avantageusement la harpe dans cette œuvre d'envergure en quatre mouvements. Elle s'ouvre par un allegro risoluto fermement mené par les deux cordes et partagé entre manière modulante et franches attaques. Une réminiscence du thème du dernier mouvement de la Sonate pour violon et piano de Franck traverse le mouvement comme il réapparaitra d'ailleurs plus tard, caractéristique de la forme cyclique si chère à ce dernier compositeur. Le développement se signale par sa courbe ascensionnelle, tandis que la courte coda porte le mouvement à sa grandiose conclusion. Le scherzo est aérien et fantasque, la section en trio bien articulée apportant une note populaire, et la reprise une pointe de mélancolie. Introduite par le cello, la mélodie de l'andante déploie un lyrisme d'une clarté toute franckiste, laissant ensuite au violon le soin de sa conduite. Après de grands climats ardents, le mouvement se termine tout en douceur. Le « Final », entamé par de grands accords, développe un cheminement aussi passionné que joyeux dans un rythme soutenu et très gallique dans sa substance. Le Trio Nuori, fondé en 2009, en propose une lecture pleine d'enthousiasme et de goût même si la sonorité du violon de Vincent Brunel n'est pas toujours des plus flatteuses. La violoncelliste Aude Pivôt et la pianiste Flore Merlin donnent des deux autres pièces des exécutions immaculées.

Dans une acoustique dont on perçoit que la résonance a dû être maîtrisée, la prise de son livre un image sonore très présente sur le violoncelle dans la Sonate, et bien équilibrée dans le Trio.

Jean-Pierre Robert

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