Théâtre : A la vie à la mort de Gilles Gaston-Dreyfus au Théâtre du Rond-Point
A la vie à la mort de Gilles Gaston-Dreyfus : une rencontre de trois amis après un enterrement. Les souvenirs vont rapidement remonter à la surface…
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C’est devant un vieux cimetière d’une province reculée que les retrouvailles de nos trois personnages ont lieu. On vient donc de porter en terre une vieille connaissance et cela donne l’occasion de revenir vers un passé qui ne se résout pas à totalement disparaître... Chacun tire de son passé des épisodes peu glorieux dont il faut à tout prix travestir l’apparence. Un des protagonistes tente vainement d’envisager une sorte de retour improbable dans le passé, mais le temps est une denrée incontrôlable et forcément unidirectionnelle.
Alors après une petite réception chez Hélène et l’ivresse aidant, on continue à rebâtir le monde. Mais rapidement le doute, l’angoisse reprennent le dessus, conduisant à un affrontement entre Paul et Joseph. Seule la présence bénéfique d’Hélène leur évite de justesse un éventuel pugilat dont personne ne saurait bénéficier. Un orage vient d’éclater, ce qui aurait théoriquement permis de mettre un terme aux escarmouches. Peine perdue : aucun de ces trois amis ne renonce à ses souvenirs et ses terreurs actuelles qui ne cessent de revenir à la charge. Dans une folle révélation, Paul avoue un cancer de la prostate pour quelques phrases plus loin démentir avec la plus grande énergie avoir jamais contracté quoi que ce soit. Impossible de démêler le vrai du faux dans cet amalgame que se jettent à la figure nos trois personnages qui semblent se complaire à s’immerger en totalité dans ce fatras mémoriel. Pourtant, malgré ces souvenirs peu valorisants, ces trois amis ne remettent pas en cause la solide amitié qui les unit. Un constat amer va pourtant s’installer entre eux : le temps étant décidément immuable, révolu, il va falloir composer avec lui et par la ruse ou tout autre ingrédient, simuler une entente parfaite.
C’est sur cette note de mélancolie non dissimulée que semble prendre fin une rencontre fortement soumise à une sorte de modification permanente, symbolisant peut-être une approche toute relative de l’éternité.
Anne Benoît, Stéphane de Groodt, Gilles Gaston-Dreyfus et Amira Hadzic incarnent avec virtuosité et panache des personnages fragiles, tentant avec ténacité de s’accrocher à une réalité souvent fuyante et récalcitrante.
Texte de Michel Jakubowicz
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Plus d’infos
- Texte et mise en scène : Gilles Gaston-Dreyfus
- Avec : Anne Benoît (Hélène), Stéphane de Groodt (Paul), Gilles Gaston-Dreyfus (Joseph), Amira Hadzic (Sophie)
- Théâtre du Rond-Point, Salle Renaud-Barrault
- Du 25 janvier au 12 février 2023, à 21 h
www.theatredurondpoint.fr
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