Napoléon à Sainte-Hélène, "La conquête de la Mémoire" au Musée de l'Armée
Napoléon à Sainte-Hélène, La conquête de la mémoire
6 avril-24 juillet 2016, Musée de l’Armée, Invalides (Paris 7°)
http://www.musee-armee.fr
Un tableau peint par Oscar Rex (1857-1929) s’intitulant « C’est fini :Napoléon 1er à Sainte-Hélène » représentant l’Empereur déchu, juché sur un rocher dominant la mer, donne une assez juste idée de l’abattement que subit Napoléon, captif des Anglais, condamné à finir ses jours dans un environnement certes luxuriant, mais qui le coupe à jamais de l’Europe et surtout de la France.
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Cette grande exposition va permettre aux visiteurs de faire plus ample connaissance avec la résidence que les Anglais ont assignée à leur singulier captif qui longtemps a fait trembler l’Europe et les Anglais en particulier. Cette résidence « Longwood House » va servir de demeure à Napoléon jusqu’à son décès en 1821.Tout ce qui faisait partie du quotidien de l’Empereur, des tableaux jusqu’aux objets de toilette figurent dans cette exposition (240 !). Cela va de l’objet le plus simple (un Chapeau de paille de l’Empereur à Sainte-Hélène) aux meubles les plus volumineux. Parmi ceux-ci, un billard, un Globe céleste, une Athénienne de l’Empereur, une Méridienne en acajou orné d’un décor sculpté de feuilles, un Ecritoire, sans oublier parmi de nombreux autres objets le Lit de camp de Napoléon 1er à Sainte-Hélène. Napoléon, bien que vaincu et sévèrement retenu prisonnier dans cet exil lointain que lui ont concocté les Anglais, n’a plus qu’une pensée : léguer à la postérité le récit de ses nombreuses victoires passées, afin de laisser aux générations futures de France une idée assez exacte de son emprise sur l’Europe et l’Histoire.
Pour rédiger toutes ces mémoires, Napoléon 1er a par chance de fidèles alliés, se tenant inconditionnellement à sa disposition. Parmi ceux à qui il peut dicter ses mémoires de jour comme de nuit, figure le jeune Las Cases, prompt à noter avec la plus grande précision possible les hauts faits de gloire de l’Empereur. A ce jeune et zélé scribe il faut aussi ajouter le nom du Général Gourgaud, un autre fidèle de l’Empereur, qui lui aussi recueillera avec beaucoup d’empressement ce qu'il lui dictera. C’est à partir de ces écrits soigneusement notés par ses derniers fidèles que peu à peu va se façonner une légende : celle d’un Empereur déchu, certes, mais qui par la force de l’écrit va bâtir seul sa réputation d’écrivain, échappant ainsi à sa disparition totale et à l’oubli. Devenues « Résidences impériales » après l’achat par la France sous Napoléon III, ces propriétés ne comprenaient à l’origine que la maison de Longwood et la vallée de la tombe. Transformées en Domaines nationaux, elles seront complétées ultérieurement par le domaine des Briars et ses jardins environnants. Ces deux extensions ont été offertes par de généreux donateurs d’abord en 1959 et jusqu’en 2008. Cette exposition nous met d’une certaine façon en contact avec l’intimité quotidienne de l’Empereur subissant un enfermement relativement courtois des anglais qui, ne l’oublions pas, craignent toujours une éventuelle évasion d’un ennemi, certes, anéanti, à leur merci, mais qui représente néanmoins pour eux une menace diffuse. Par la qualité des objets et meubles rassemblés, les projections vidéo, tout converge pour faire de cette exposition un parcours obligé pour tous ceux qui indéfectiblement restent attachés à la figure de Napoléon 1er.
Michel Jakubowicz